Guinée-Bissau: le président Embalo expulse la mission Cédéao-UNOWAS. 

Plus rien ne va entre l’actuel président Embalo Cissoko et l’organisation ouest-africaine Cédéao. 

Il a expulsé une mission de médiation de la Cédéao-UNOWAS qui a dû quitter le pays précipitamment le 1er mars 2025. 

Il faut noter que Umaro Embalo Sissoko a annoncé sa candidature pour les élections présidentielles prochaines.. 

Cette information est rapportée par le média Jeune Afrique qui s’est entretenu avec le président Embalo qui était en visite officielle chez Poutine. 

Cette annonce intervient, alors qu’une mission de médiation de la Cédéao-UNOWAS tentait de trouver un consensus entre l’opposition, les forces sociales et le pouvoir afin de faciliter la tenue des élections qui selon Embalo n’auront lieu que le 30 novembre 2025. 

Une date qui ne convient pas aux forces vives de ce pays habitué des crises, des conflits armés et coup d’État. 

Selon un des médiateurs, leur équipe de médiation (Cédéao et de L’UNOWAS) a été expulsée par le président Umaru Embalo Sissoko qui a d’ailleurs confirmé l’information. 

La mission a donc quitté le pays le 1er mars 2025 et  compte remettre son rapport à l’actuel président de la Cédéao. 

Tripatouillage constitutionnel en Guinée Bissau 

Et pourtant son mandat s’est achevé ce 27 février dernier. 

Il ne devrait donc pas briguer un autre mandat. 

Il avait même annoncé qu’il n’allait pas être candidat, puisque son épouse l’en avait dissuadé. 

Mais tout porte à croire qu’il va emboîter le pas de ses homologues des pays voisins en faisant un mandat anticonstitutionnel. 

Il ne fait que suivre ce qui semble être le sillon tracé de tous les présidents dévots  tels que Paul Biya (Cameroun) , Sassou N’Guesso (Congo Brazzaville), Idriss Deby et maintenant son fils Mahamat Deby (Tchad), Abdel Fattah al-Sissi (Egypte), Faure Gnassingbé (Togo), Alassane Ouattara, ou de Pierre Nkurunziza (Burundi), Patrice Talon qui nous sont malheureusement familiers. 

Cependant il faut rappeler que cette pratique du tripatouillage constitutionnel propre à l’Afrique consiste à faire évoluer la constitution pour l’adapter à des besoins contingents; c’est-à-dire faire sortir la Constitution de sa finalité fondatrice qui est d’être un instrument de régulation au service des populations. 

Ainsi la constitution est instrumentalisée pour une mauvaise cause, celle de vouloir faire prévaloir des intérêts partisans et individuels et pour le seul bénéfice de ses auteurs. 

Cette pratique a pourtant révélé que ces situations participent sans conteste à l’affaiblissement de la démocratie et de l’État de droit; elles peuvent durer le temps de l’instant mais elles ne survivent jamais au-delà de ce que la volonté populaire réprouve. 

Mais la plupart des auteurs d’une telle forfaiture ne s’en soucient pas. 

Une Cédéao plus que jamais amorphe et affaiblie

Umaro Embalo Sissoko avait aussi en 2019 accusé la Cédéao de violer la souveraineté de son pays, puisqu’elle adoptait une position préjudiciable à la situation du pays. Mais elle restait indifférente face aux crimes contre les manifestants en Guinée sous le régime Condé. 

Et cette situation n’a pas changé, puisque la Cédéao prompt à mettre la pression sur la Guinée-Bissau aujourd’hui, brille par un silence assourdissant face à l’envie affichée de l’ancien légionnaire français Mamady Doumbouya de torpiller la transition pour se maintenir au pouvoir. 

Car pour la Cédéao, ce qui est valable pour les putschistes de Conakry, de Lomé, de Cotonou, de la Côte d’ivoire, n’est pas valable pour la Guinée-Bissau et les anciens pays membres de la Cédéao(Niger, Mali, Burkina Faso). 

Elle apparaît sans gêne sous le visage du médecin après la mort; elle réagit tardivement alors qu’elle aurait pu ( devrait) le faire en amont. 

Cette organisation obsolète a été majestueusement amorphe lorsque Alpha Condé ,comme d’autres de ses pairs tels que Ouattara, Faure Eyadema, avant lui,modifiait outrancièrement à son seul et exclusif profit la Constitution.

Face à la confiscation du pouvoir par l’ancien légionnaire français Mamady Doumbouya, pion de la françafrique, elle est plus que jamais amorphe et indifférente. 

Sous ce registre ,on peut considérer la Cédéao,comme d’autres organes communautaires de même  nature, qui sont en décalage profond avec le vécu des populations africaines, notamment guinéennes. 

Or, il est  peut être temps de donner un nouveau à  ces différents organes  communautaires qui ne semblent pas avoir pris  conscience des  enjeux contemporains de la démocratie  et des exigences citoyennes.

La CEDEAO, syndicat des présidents despotes et dévots 

En effet, la Cédéao est devenue l’antichambre des puissances néocolonialistes. Elle défend aujourd’hui plus que jamais l’intérêt des puissances néocolonialistes pour lesquelles la déclaration universelle des droits de l’homme existant depuis plus de 60 ans n’est valable que pour eux  les « civilisés » qui évitent la guerre chez eux et se serrent les coudes dans la mise au pas des « barbares“ que nous sommes.

Elle est aujourd’hui le syndicat des présidents despotes dévoués aux puissances étrangères qu’à leur propre peuple. 

Dans cette zone, les populations africaines ont disparu. Leurs intérêts, projets, rêves, les spécificités de chaque pays, les aspirations des jeunesses de cette zone, il n’en est plus question. 

Elle ne peut pas donc contraindre Embalo à respecter la sacralité de sa constitution, si elle a en son sein d’autres présidents tels que Ouattara, Talon, Faure, Doumbouya qui font des putschs militaires, constitutionnels sur fond de parjure. 

Aïssatou Chérif Baldé 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *