Guinée:Les putschistes revoient le prix du carburant à la hausse.

Plongé dans une conjoncture des plus difficiles avec notamment une dette abyssale, le gouvernement de transition guinéen n’a pas assez de marge de manœuvre. 

Il a revu à la hausse le prix des produits pétroliers (essence, gasoil, pétrole) à la pompe. 

De 10.000GNF, le prix du litre passe à 12.000 GNF à la pompe, soit une augmentation de 2000 GNF (20% ».

Pourtant dès la prise du pouvoir en septembre 2021, les putschistes souverainistes avaient baissé le prix des produits pétroliers. 

Et qu’est ce qui a bien pu changé depuis pour que l’on réajuste le prix du carburant sans mesures d’accompagnement pour la population guinéenne?

Les caisses de l’État sont notamment vides et très d’ailleurs. 

Le ministre des sports, Lansana Béa Diallo, a affirmé récemment que la seule chose qui fait blocus au projet de la CAN 2025, est le manque d’argent. 

Et ce réajustement du prix du carburant est lié sans doute à l’impact de la guerre en Ukraine qui fait que le prix des matières premières telles que le mazout, le carburant, l’électricité ont grimpé un peu partout dans le monde. 

Mais pour le cas guinéen, il faut retenir que, les causes de cette augmentation du prix du carburant se trouvent aussi entre autres liées à la mauvaise gouvernance, au manque d’absorption des crédits empruntés par une administration publique incompétente, népotiste qui utilise de façon abusive les fonds publics.

Des pratiques qui ont la vie dure apparemment et malgré la rupture et la rigueur annoncées en fanfare par la junte guinéenne après le coup d’État militaire du 05 septembre 2021. 

Le gouvernement de Mohamed Beavogui incapable de dérouler sa politique gouvernementale, secoué alors par toute cette situation se voit aujourd’hui dans l’obligation d’augmenter le prix du carburant. 

Ce gouvernement prouve depuis sa prise de fonction qu’il est incapable d’entreprendre des réformes audacieuses et immédiates dans le domaine de la gouvernance pour traduire en action la rupture avec les politiques et pratiques du passé proclamées pourtant par la junte militaire guinéenne. 

Il a préféré avec la dette de 156 millions de dollars obtenue du FMI financer de petits projets dont l’objectif n’est rien d’autre que de pousser le peuple à adhérer à sa transition aux allures de mandat. 

Plus le temps passe, plus l’on se rend compte que les réformes annoncées par le président Mamady Doumbouya ne sont que chimères et non pas les moindres. 

Car il est plus que clair que l’on ne peut pas réformer un pays avec un gouvernement constitué sur fond de népotisme, d’amateurisme, de démagogie, de clientélisme.

Le colonel Mamady Doumbouya à fait le choix du raccourci. Il est donc obligé de faire allégeance à ses créanciers pour combler le trou budgétaire devenu trop béant en revoyant le prix du carburant à la hausse pour faire saigner la population guinéenne à nouveau. 

Comme pour dire au peuple de Guinée, vous avez tous mérité la facture salée de la mauvaise gouvernance de mes beaux, amateurs, diseurs. 

Pourtant même si la prise de cette mesure économique n’est pas forcément inopportune. 

Mais elle aura sans doute des effets sociaux- économiques négatifs sur la vie de la population guinéenne. 

Elle aura aussi surtout des conséquences négatives sur la croissance économique guinéenne. Une croissance qui n’est d’ailleurs qu’à sens unique et non inclusive. 

En effet, ceux dont la Guinée a besoin dans la situation actuelle, c’est n’est donc pas l’augmentation du prix de carburant, mais plutôt des engagements pour un programme de réformes qui visent non seulement la situation économique mais qui s’étende aussi sur le mode de gouvernance de l’État. 

Ce qui signifie qu’il faut commencer par rendre l’organe de lutte contre la corruption indépendant avec beaucoup de pouvoirs d’investigation et  renforcer le contrôle des grands projets d’infrastructures et des entreprises publiques, notamment celles du secteur minier. 

Depuis la mise en place du gouvernement de transition guinéen, sa politique gouvernementale ne tourne qu’autour de la prise des décrets et la poursuite des anciens dignitaires pour corruption et blanchiment d’argent. 

Et pendant ce temps, il n’existe aucune transparence dans la gestion de la chose publique et aucun de ses membres n’a daigné déclarer ses biens. 

Il faut pourtant rendre pleinement compte à la population sur la gestion du pays, des ressources naturelles et des travaux en cours de réalisation afin que celle-ci comprenne où va l’argent des ressources extraites de son sous-sol. 

Car sans la participation forte du peuple et de la société civile, sans la transparence, les réformes entreprises n’auront pas les effets escomptés et l’adhésion du peuple à votre transition aux allures de mandat se fera attendre. 

L’équilibre social est d’une impérieuse nécessité dans la situation actuelle du pays puisqu’il permet d’améliorer la situation de la population guinéenne . 

Or, les effets sociaux et conséquences économiques d’une telle mesure sur les conditions de vie de la population ne sont par contre que négatifs. 

Malheureusement ce gouvernement de transition sans politique gouvernementale prouve qu’il n’est pas en mesure de promouvoir une croissance soutenue et inclusive notamment en rétablissant la viabilité budgétaire et en améliorant la gouvernance pour éviter d’impacter négativement l’équilibre social. 

Vous êtes certes acculé par la situation financière du pays qui n’est pas au beau fixe. 

Cette augmentation du prix du carburant risque d’amplifier les problèmes et les revendications sociales. Et elle n’était pas  n’est pas l’ultime solution. 

La solution est de prendre des mesures et réformes capables d’atténuer l’impact de la conjoncture actuelle sur les conditions de vie de la population. 

Et pour éviter de porter un coup au pouvoir d’achat des guinéens.

Si la bonne gouvernance et la bonne volonté étaient les critères de gestion de la chose publique. 

Ce pays immensément riche n’aura pas besoin d’une assistance financière extérieure pour sortir de l’auberge et mener les réformes structurelles nécessaires pour transformer l’économie du pays à travers de nouveaux leviers de croissance autres que la bauxite devenue comme une malédiction pour le peuple de Guinée.

Pour le reste Colonel Mamady Doumbouya, si vous pensez rendre la facture salée pour le peuple de Guinée, cette mesure peut s’avérer être l’épée de damoclès pour vous

Aïssatou Chérif Baldé 

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