La mortalité périnatale et maternelle en Guinée demeurent encore de nos jours une tragédie silencieuse. Car malgré les améliorations enregistrées notamment sur le plan de suivi des femmes enceintes et l’augmentation des accouchements assistés dans le milieu urbain, de sérieux problèmes sources de la mortalité maternelle, périnatale et prénatale demeurent surtout dans les zones rurales du pays.
La Guinée ne dispose toujours pas d’une santé maternelle et infantile de pointe qui s’adapte aux besoins des femmes enceintes pourtant primordiales et étroitement liées au développement socio-économique du pays.
Un drame, une tragédie qui passe sous silence
La médecine surtout celle périnatale de pointe est essentielle pour garantir une grossesse en bonne santé et un accouchement sûr, tant pour la mère que pour l’enfant.
Un suivi prénatal adéquat permet de réduire les risques de complications pour la mère et l’enfant, contribuant ainsi à la diminution de la mortalité maternelle et infantile.
Cependant, le manque d’accès aux soins de santé prénatals, la qualité des soins pendant l’accouchement, les complications obstétricales, les maladies préexistantes non identifiées et soignées, le manque de personnel qualifié surtout dans les zones rurales, la situation socio-économique des femmes enceintes, le manque de volonté politique et un manque d’une approche nationale sont les causes qui conduisent quotidiennement à la mortalité maternelle et périnatale.
Et c’est qui explique que le taux de mortalité maternelle et périnatale soit très élevé.
Selon un document de l’institut de Nutrition et de Santé de l’enfant (INSE) de Guinée dont nous détenons une copie on enregistre 2987 décès maternels par an et 27 milles décès périnataux par an, soit 520 décès périnataux par semaine.
Ce résultat est plus qu’un drame, c’est une tragédie silencieuse voulue et entretenue par les autorités.
Des problèmes sont pourtant identifiés
Et selon le document de l’institut de Nutrition et de Santé de l’enfant de Guinée, les hôpitaux guinéens font face au problèmes tels que la capacité et fonctionnalités des lits d’hospitalisation inadaptées, soins intensifs inadéquats pour les nouveau-nés, manque d’hébergement maternel, manque de séparation de flux de personnes et de patients, manque de centre de triage surdimensionné pour les urgences néonatale, de radiologie surdimensionnée pour une néonatalogie.
On y pointe du doigt la problématique de la séparation entre nouveau-nés et patients pédiatriques, la séparation entre patients ambulatoires et stationnaires, la séparation entre parents et visiteurs, la séparation entre le personnel et les patients pour une néonatalogie adaptée aux besoins de la population guinéenne ont été faites.
Mais toujours est-il que la plupart de ces problèmes tardent à être résolus par l’État guinéen, dont le ministère de la santé évolue entre incompétence, népotisme, favoritisme et corruption.
Pourtant dans les pays voisins comme le Sénégal, selon les autorités du pays, le taux de mortalité maternelle a connu une baisse de plus de 60% en 2023.
Comme pour dire qu’avec un engagement et une bonne volonté politique, un bon programme de santé publique, on peut réduire les inégalités sociales et économiques, ainsi que les pratiques socioculturelles, entravant l’accès aux soins de santé maternelle et infantile.
On peut surtout améliorer la création des infrastructures sanitaires adéquates et de personnel qualifié dans certaines régions pour augmenter l’accès aux soins de santé prénatals.
Mais nous restons pour le moment dans les promesses et slogans stériles.
Les promesses clamées dans le domaine de la santé publique retardent
Elles ne se sont presque jamais traduites de façon concrète dans la vie quotidienne des populations.
Et pour pouvoir améliorer le secteur de la santé publique, il faut nécessairement être attaché aux principes et valeurs d’éthique pour une moralisation financière dans la gestion des biens publics.
Accorder surtout une place prépondérante au renforcement des principes de bonne gouvernance administrative à travers : le développement d’une politique de coordination des missions et interventions entre les différents corps de contrôle, l’application objective du principe universel de reddition des comptes, y compris en matière d’exécution budgétaire.
Ceci dit, il faut chercher à
- à garantir de façon transparente la gratuité des soins pour les personnes les plus vulnérables (femmes, enfants, sujets âgés et handicapés) tout en veillant constamment à préserver l’équilibre financier du système et à pérenniser ses acquis ;
- mettre un terme au processus de privatisation rampante des prestations de santé qui freine *l’accès au grand nombre de nos concitoyens aux services de santé ;
- affecter à cet égard aux secteurs préventif et curatif de la santé publique une part du budget national au moins égale au taux recommandé par l’OMS, soit 15% ;
- renforcer l’offre des services et prestations de santé prénatale en vue de favoriser notamment le relèvement des indicateurs d’espérance de vie à la naissance ;
- accroître la couverture sanitaire du territoire national ;
- renforcer la formation ainsi que le recrutement de personnel médical et paramédical adéquat en nombre comme en qualité
Sans quoi, les hôpitaux guinéens continueront d’être des mouroirs pour les femmes enceintes, les bébés et les citoyens dans ce pays.
Le pays a donc besoin d’un choix politique de santé publique fort et clair pour mettre fin à la mortalité maternelle et périnatale en Guinée.
Ces choix passent forcément par la construction d’infrastructures sanitaires de pointe et la formation d’un personnel qualifié.
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