Les déclarations récentes du Premier ministre Amadou Oury Bah sur la tenue des élections en Guinée, en cette année 2025 semblent lui avoir coûté très cher. Et il a donc appris sa leçon.
Car face à la presse cette semaine à Conakry et à la question de savoir, si l’année 2025 sera celle des élections, le Premier ministre Bah Oury évite d’y répondre et dit plutôt ceci à la presse:“ il y a des questions qu’il faudra poser au président de la République”.
Une réponse qui démontre aisément que Bah Oury n’est qu’un simple « Premier des ministres », sans aucun pouvoir.
Or lors d’une récente visite officielle le mois de mai dernier en Côte d’Ivoire à Abidjan où il parlait de la tenue des élections en Guinée cette année 2025, il avait pourtant déclaré dans son discours que les élections allaient se tenir cette année en Guinée.
Mais la réponse de la junte militaire via le secrétaire général à la présidence Amara Camara ne s’est pas fait attendre. Et ce dernier avait aussitôt démenti Bah Oury devant la presse locale. Comme du berger à la bergère, il a fait savoir qu’il n’était pas au courant d’une telle information.
Ce qui sous-entendait que le Premier ministre Bah Oury avait distillé une fausse information.
D’ailleurs, à travers cette sortie du larbin Amara Camara, on a bien eu l’impression qu’il trouve du plaisir à rabaisser et contredire vertement le Premier ministre Bah Oury, comme pour lui rappeler qu’il n’est qu’un simple petit pion et que l’on se joue de lui.
Et comme pour dire: « Régime militaire: Président de rien; Ministre de n’importe quoi; « Préfet-fusible »; Sous préfet; invisible; Maire abandonné; Peuple orphelin ».
Bah Oury se soumet donc aux dictats du petit clan facho-ethniciste..
Quoi de plus normal avec un ancien droit-de-l’hommiste qui a décidé d’avoir une destinée prospère à une conscience tranquille.
Et d’ailleurs, depuis sa nomination au poste de Premier ministre, Bah Oury n’a cessé de multiplier des sorties médiatiques pour faire comprendre aux Guinéens que la tenue des élections présidentielles prévues en fin d’année 2024 était impossible.
Il s’était exprimé l’année dernière de façon tranchante sur la chaîne de télévision française (TV5 ) en ses termes:“le calendrier pour le retour à l’ordre constitutionnel, tel qu’il a été défini ne le sera pas, il était prévu la fin de la transition à la fin de cette année. Mais à la fin de cette année, ce qui pourrait être organisé, ce sera le référendum constitutionnel”.
Même cette déclaration du Premier ministre Bah Oury, était bel et bien mise au conditionnel.
Et le conditionnel est principalement utilisé entre autres pour exprimer une hypothèse, un souhait, une condition.
Donc que l’organisation du référendum constitutionnel n’est qu’un souhait conditionné et très loin d’être une évidence.
La psychologie de Bah Oury s’est adaptée à l’esprit de la junte
Qu’est-ce qui aurait soudainement changé dans la psychologie de M Bah Oury depuis sa nomination pour que nous pensions à lui comme interlocuteur indispensable pour le retour à l’ordre constitutionnel et donc comme Premier ministre libre dont la voix pèse chez la junte pour maintenir l’aspiration au changement ?
Il n’en a jamais eu l’intention,car le premier ministre aux ordres de la junte joue la montre et la stratégie du pourrissement, dans l’espoir de maintenir le pays dans une transition politique trompe l’œil et sans fin.
Bah Oury a été nommé pour jouer ce rôle de porte-voix de l’enterrement de l’alternance démocratique en Guinée.
Il a donc accepté son poste de Premier ministre dans le but de jouer ce rôle qu’il assume sans gêne.
Homme politique et ancien droit-de-l’hommiste, il s’est accommodé, adapté et à fait le choix de se mouvoir au milieu des médiocres, des imposteurs, criminels et sous-dictateurs de la République.
Donc il lui faut tâtonner aussi
Car on vit dans un État inachevé, néopatrimonialiste où ce ne sont que les entrepreneurs politiques, les acteurs politiques qui vivent dans le faux-semblant, des imposteurs et serials-menteurs qui ont la voix au chapitre.
À cause de ses intérêts égoïstes et égotiques, Bah Oury décide que la vie du Guinéen peut donc continuer à être consubstantielle à l’indignité, à la misère, à l’immobilisme.
Le clan factionnel, népotiste, corrompu, autoritaire auquel appartient Bah Oury déteste la cohérence, la transparence, la rigueur, la droiture. C’est un clan qui préfère systématiquement le bricolage, l’amateurisme, l’improvisation, le hasard, le contournement des lois.
Alors la transition politique en cours peut bien tourner à l’aigre.
Et Bah Oury assume aisément son rôle de Premier ministre qui fait dans la figuration.