En toute sincérité peut-on en tant que régime militaire prétendre combattre la corruption organisée sans faire preuve d’exemplarité?
La réponse est non, bien sûr.
Sans ambages, la poursuite judiciaire contre Cellou Dalein Diallo et les condamnations de Kassory Fofana, Dr Diane, Amadou Damaro Camara posent problème.
C’est un travers, un défaut de la junte qu’on dénonce depuis des années pour faire changer les choses ou au moins faire réagir et réfléchir, mais en vain.
Dans la lutte contre la corruption, la junte ne fait pas preuve d’exemplarité
Pourtant pour une question d’éthique, d’exemplarité et de probité, les membres du gouvernement de transition guinéen devraient aussi procéder à la déclaration de leur patrimoine.
Depuis bientôt quatre ans de confiscation du pouvoir, les guinéens concernant cette question sont encore sur leur faim.
La junte militaire guinéenne prompt à criminaliser les manifestations en Guinée, la liberté d’expression et d’opinion, leur ôter leur sens, leur caractère universaliste.
Bref tordre le coup à la transition politique et par conséquent pervertir la démocratie en empruntant le chemin des putschistes constitutionnalistes pour des raisons fonctionnelles égoïstes et égotiques reste pourtant muet sur cette question d’une grande importance.
Elle cherche à noyer cette question et est jusqu’à présent incapable de présenter aux guinéens sa politique gouvernementale.
Le gouvernement parallèle à celui de colonel Amara Camara tapis au palais présidentiel donne l’impression de par sa position parfois confuse et controversée, d’être submergée par l’angoisse devant ce vide qui provoque l’ambition, ce goût du pouvoir démesuré, cet acharnement à posséder par tous les moyens.
Et il n’est pas donc étonnant que par rapport à certains agissements adroits du CNRD, que le peuple doute désormais de sa bonne foi.
Le peuple sait qu’il demeure des trous dans la raquette et pour tout dire, comme pour tout ce qui concerne de près ou de loin la justice, des défauts congénitaux.
On sait aussi désormais que vous ne pouvez pas inculquer dans la tête des guinéens ceci:
« Sache vivre de ce que tu as justement acquis : méprise les richesses que procure l’iniquité. Contente-toi de ce que tu possèdes, abstiens-toi de ce qui ne t’appartient pas».
Car nous ne sommes pas informés de la situation financière des ministres et agents de l’État avant leur prise de fonction, en service depuis des mois.
Nous ne sommes pas informés sur les différentes conventions minières liées à Simandou par exemple.
Et vos décrets teintés de recyclage d’anciens voleurs de la République, des imposteurs et chenilles des réseaux sociaux continuent pourtant de tomber.
Pour grossir le rang de la nouvelle caste des jouisseurs, vous dénichez non seulement dans le rang des partis politiques de l’opposition et aussi sur les réseaux sociaux tous ceux qui brillent par une certaine vacuité de langage, par un opportunisme politique.
Libre à vous de criminaliser les droits humains et les libertés humaines !
Donc libre au Premier ministre Amadou Oury Bah de criminaliser le droit de manifester.
Libre à la junte militaire guinéenne de continuer à protéger le gouverneur de la Banque centrale Karamo Kaba, à banaliser la corruption organisée et refuser scier la branche sur laquelle elle est assise.
Mais qu’ils retiennent que du moment où ils ont refusé de déclarer leurs biens et exiger à ce que tous les membres du CNRD et du gouvernement le fassent. Ils ne peuvent pas être un exemple de droiture et d’intégrité.
Vous avez aussi tous succomber à la corruption.
Donc M Mamady Doumbouya, M Balla Samoura, M Amara Camara, M Amadou Oury Bah, pour l’heure vous ne pouvez plus éviter que vos adversaires ne vous taxent d’être de confusionnistes, de démagogues qui se servent de la justice pour régler des comptes à des personnes impliquées dans des dossiers de corruption.
Et que cette lutte noble et patriotique que vous avez engagé pour le bien être du peuple serait une sorte de pression et de chantage politique auquel vous vous livrez comme jadis vos prédécesseur.
Quel gâchis !
Aïssatou Chérif Baldé