Prisonniers politiques: les oubliés de la Guinée. (Par Aissatou Cherif Balde) 

Le peuple de Guinée ressemble malheureusement à un peuple amnésique qui a un faible pour les bourreaux et leurs progénitures. 

Curieusement, nous souffrons, sociétalement je crois, de troubles qui ressemblent étrangement à des symptômes dits symptômes de type Alzheimer…

Nous souffrons, c’est du moins une lecture que l’on peut faire du fonctionnement sociétal de la Guinée, de troubles de la mémoire collective. 

Et nous oublions alors les enseignements d’un passé récent. Comme si nous n’avons rien appris des crimes de l’Etat guinéen de 1958 jusqu’à nos jours. 

Nous continuons de vénérer, dans une indifférence et déni total, tous ceux qui sont faux, imposteurs, usurpateurs, transhumants politiques, les menteurs pervers narcissiques. 

Et nous n’avons malheureusement que du mépris pour les victimes d’injustice, les martyrs, les pauvres, les faibles, les personnes justes et intègres et sans oublier les prisonniers politiques en Guinée. 

Habib Marouane Camara, oublié par le peuple 

Habib Marouane Camara journaliste de profession, kidnappé par le régime militaire guinéen répressif, irresponsable, démagogue et expert en enfumage et médiocrité, fait partie de ces prisonniers politiques et par conséquent les oubliés du peuple. 

En effet, l’une des spécificité de notre société reste donc l’oubli des martyrs tombés sous les cribles des balles et l’oubli des prisonniers politiques. 

On pourra dire, peut-être, que cet oubli des événements horribles de l’histoire récente de notre pays tels que ceux du Womé et Zogota, et tant d’autres dans ce pays a plus à voir avec le déni qu’avec l’amnésie. 

Une spécificité pourtant aux effets pervers sur la société guinéenne. Car elle pousse à ce que l’attitude des parents bourreaux soit reprise comme une dette par leurs enfants.  

L’actualité guinéenne nous montre que cette attitude dans la chaîne générationnelle ne semble pas s’arrêter dans ce pays.

Et c’est pourquoi l’actuel ministre de la Justice Yaya Kairaba Kaba  peut trouver des raisons irrationnelles aux injustices dont sont victimes les prisonniers politiques notamment les journalistes en Guinée. 

Une normalité dans ce pays 

Une situation plus que normale pour ce peuple, car dans ce pays chaque subordonné inutile est ministrable, chaque bourreau est recyclable, même le diable est présidentiable.

C’est ce pays où l’injure publique à l’encontre des anciens chefs d’États tels que Alpha Condé, des opposants politiques tels que Cellou Dalein Diallo est brandie comme trophée et perçue comme une garantie sûre pour appartenir à la nouvelle caste des jouisseurs. 

C’est surtout l’un des rares pays en Afrique de l’ouest où l’obtention d’un passeport à l’étranger, la construction d’infrastructures sportives homologuées après 66 années d’indépendances est une opération plus complexe que le nettoyage de l’anus d’une hyène. 

Et c’est le pays des coups d’État qui se terminent en des tas de coups, et où chaque transition politique se transforme en une sorte de désillusion, de trompe l’œil. 

Mais c’est aussi un pays de mensonges, de la démagogie, de la propagande, de médiocres corrompus et corrupteurs avec une classe dirigeante fausse, divisionniste sans conviction et idéal

C’est-à-dire c’est un pays où tout est permis même ce qui est interdit.

Là-bas la mission du gouvernement est d’empêcher les bons citoyens de vivre dans la tranquillité.

On accepte ceux qui séduisent par de la négativité

Comme des tortues en hibernation continue, le peuple de Guinée tolère et accepte toutes les personnes qui ne séduisent que par leur négativité. 

N’est ce pas tous les artisans du troisième mandat donc aussi coresponsable de la répression sous le régime Condé comme tant d’autres ont presque tous quitté le navire de l’ancien président Alpha Condé ? 

Ce qui prouve que l’ancien président Alpha Condé n’est pas mort politiquement. Car ses ministres et progénitures de ses ministres, ses girouettes politiques sont aujourd’hui devenus des artisans du régime militaire. 

Ainsi être prisonnier politique dans un tel pays, signifie abandon, oubli, trahison, mépris.

Très peu de personnes s’indignent encore aujourd’hui sur la situation des prisonniers politiques guinéens. Ils sont pour la plupart passés à autre chose. 

D’autres personnalités politiques ou des anciens droit-de-l’hommiste tels que l’actuel premier ministre Amadou Oury Bah, même s’ils ne le disent pas, se projettent déjà sur l’horizon 2026, c’est-à-dire sur des échéances électorales qui n’auront pourtant jamais lieu. 

La junte militaire est dans un horizon politique pas souhaitable 

Là junte militaire guinéenne pilotée par Mamadi Doumbouya ne veut pas quitter le pouvoir. 

Et c’est pourquoi, elle parle de Simandou 2040 qui n’est en réalité ni un projet ni une réalité tangible, mais plutôt un horizon politique. 

Or nous parlons ici de journalistes, de responsables politiques ou des militants des droits humains et les citoyens s’exprimant sans 

détour contre l’État autoritaire guinéen qui sont aujourd’hui en prison.

Habib Marouane Camara est porté disparu aujourd’hui, écroué, parce qu’il dénonçait sans détour ce qui n’allait pas en Guinée. 

Depuis 2021, les tribunaux aux ordres ont condamné plusieurs militants, parmi lesquels des personnalités politiques, des mineurs, des défenseurs des droits humains, des militants du droit du travail, des artistes, 

des journalistes, des auteurs de blogs.

Et certains parmi eux ont été condamnés à de longues peines de prison. 

La plupart des militants ont majoritairement été poursuivis en vertu des dispositions d’un Code pénal guinéen aux ordres qui criminalise la libre expression, les manifestations 

pacifiques. 

La stratégie du gouvernement, notamment du ministre de la justice est simplement de jeter ces gens en prison et de les oublier. 

Ceux qui ont la chance d’être interrogés sont le plus souvent les responsables politiques. 

Et ceux qui ne sont pas célèbres ou ne sont pas des responsables politiques sont tout simplement portés disparus à défaut d’être ligotés et torturés comme des malfrats.

On a pas le droit de les oublier 

Nous n’avons donc pas le droit de les oublier, sinon ils deviendront tous des personnes aux destins brisés. 

Donc Habib Marouane Camara, Billo Bah, Foniké Mengé Sylla pour ne citer que ceux-là, n’ont pas mérité d’être oubliés. 

Les noms des détenus politiques qui ne sont pas connus du public doivent en temps réel être connus de tous, afin de faire échouer la stratégie du gouvernement guinéen. 

Se souvenir de ses personnes, se battre pour leur liberté est un acte de défiance. 

Car en faisant arrêter ces gens, l’intention du gouvernement est de faire en sorte qu’ils soient oublié ou pour que triomphe à jamais l’injustice, l’arbitraire, le déni.

En clair, l’intention est de les effacer de la mémoire collective du peuple. 

Et notre but est tout simplement d’empêcher le régime d’atteindre cet objectif. 

Mettre les images des détenus politiques, sur les photo de profil personnel, de vos groupes et pages, afin que leur situation carcérale soit connue au maximum et inonde les réseaux sociaux est la moindre des choses que nous puissions faire! 

Demain ça peut être toi. Et disons non à la justice aux ordres. 

Aissatou Cherif Balde

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