La démocratie à la française ou le choix plutôt du deux poids deux mesures. 

Pendant des années, la France et une bonne partie de l’UE ont refusé toute relation diplomatique avec la Syrie de Bachar Al-Assad; aujourd’hui on nous parle de realpolitik en recevant, le désormais ex-djihadiste international connu sous le nom Abou Mohammed Al-Joulani, son nom de chef de guerre et de clan devenu depuis décembre 2024 le président par intérim de la Syrie. 

Macron au nom de l’Union européenne déroule donc le tapis rouge pour un terroriste qui s’appelle désormais Ahmed Al-Charaa, le nom sous lequel il a été reçu hier mercredi 07 mai à l’Elysée avec costume et cravate. 

Comme pour dire que la lutte antiterroriste n’était donc qu’une tromperie, une fumisterie pour anéantir tous ces leaders de ce monde qui ne veulent pas se soumettre à l’hégémonie occidentale. 

Un deux poids deux mesures saisissant !

Et il se définit comme étant « Juger deux choses analogues avec partialité, selon des règles différentes ».

C’est cette position que les occidentaux défendent toujours.  « Une position immorale de l’Occident dominateur qui contredit le droit international, qui contredit les valeurs mêmes dont il se réclame. C’est le discours innocent, qui lui est sans cesse adressé, mais qui n’a jamais rien changé ». 

Un monopole qui est exercé par les occidentaux avec ambivalences, sur fond d’une justice à géométrie variable et avec des terminologies conçues  telles que: frappes, sanctions, bases militaires. 

C’est ce monopole que l’Occident exerce sur les principaux leviers du pouvoir mondial et sur les principaux mécanismes de l’hégémonie mondiale. 

Il faut noter que le monopole  « est le résultat d’un déséquilibre qui subsiste, même s’il est actuellement en recul, grâce à la naissance d’un nouvel ordre mondial tenu par la Chine, la Russie, le Brésil, l’Inde, l’Afrique du Sud et à travers un rapport de forces qui persiste au bénéfice de l’Occident. » 

Et les terminologies utilisées pour exercer l’hégémonie mondiale occidentale telles que les frappes sont réservées au plus faible des adversaires comme ce fut le cas de la Libye, l’Irak, l’Afghanistan, des pays dont on ne craint en principe, rien. 

Par contre, les sanctions sont utilisées contre les pays qu’on hésite à frapper, puisque que l’on craint le pire. C’est le cas de la Russie, la Chine, la Corée du Nord. 

La lutte antiterroriste ou pour la démocratie de la France juste un alibi 

La position actuelle du président Emmanuel Macron en Syrie, est une preuve que l’Occident notamment la France ne peuvent pas avoir cette légitimité ou ce droit de se faire passer pour des donneurs de leçon en matière de démocratie. 

La France, à l’instar  de toutes les anciennes puissances coloniales, vu l’avancée menaçante de la Chine, de la Russie (pour elles)  n’a jamais eu autant besoin de renforcer sa présence en Afrique, au Moyen-Orient sous prétexte d’instaurer des régimes fondés sur la démocratie. Elles y arrivent pourtant au prix de l’ingérence, de la subversion et de la guerre.

Les africains doivent cesser de croire à la prétendue lutte des dirigeants impérialistes et néocolonialistes français contre le terrorisme ou pour l’instauration de la démocratie en Afrique. 

La réception de l’un des plus grands chefs terroristes au monde, Ahmed Al Charaa, membre d’Al Qaïda et de l’Etat Islamique, au Palais de l’Elysée ce 7 mai 2025 par le Président Français Emmanuel Macron, le démontre aisément. 

Emmanuel Macron contrairement à d’autres présidents français avant lui obnubilé par sa vision néo-impériale, assume publiquement ses discours paternalistes, néocolonialistes  sur la situation actuelle dans les pays du Sahel, en Guinée et d’ailleurs partout en Afrique.  

À travers ce discours, la France continue de croire qu’elle avait puissance du destin de l’Afrique, et que celle-ci lui appartiendrait.

Et c’est pour cela que Macron  défend aujourd’hui le régime militaire françafricain de l’ancien légionnaire français Mamady Doumbouya, tout en s’opposant aux régimes militaires de l’AES.

Quelle incroyable incohérence

En effet, la France ne s’est jamais souciée de l’instauration de la démocratie en Afrique,la. C’est pourquoi elle soutient des putschistes constitutionnalistes et despotes dévots au Bénin, en Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Gabon, au Togo, au Congo-Brazzaville et les putschs militaires au Tchad et en Guinée.

De toute évidence, étant une puissance dominante au passé criminel sur le continent africain, elle ne peut pas panser les plaies du dominé que nous devons continuer de rester à ses yeux 

C’est pour toutes ces raisons que les médias français tout comme le gouvernement français tiennent souvent des discours qui alimentent la division ethniciste dans les pays du Sahel. Ils se servent des tensions sociales pour opposer les peuples africains. 

Malheureusement nos élites qui pour la plupart sont corrompues, ambivalentes et souffrent d’un manque de clairvoyance et d’ambitions réelles pour leur peuple tombent dans ce jeu sinistre qui avilit et ruine nos peuples. 

Souffrant de la maladie du pouvoir, ils n’écoutent pas leur peuple. Et comme c’est le cas aujourd’hui avec Assimi Goita du Mali et Mamady Doumbouya en Guinée. 

Et dans ces anciennes colonies françaises aux indépendances confisquées, les populations africaines ont disparu. Leurs intérêts, projets, rêves, les spécificités de chaque pays, les aspirations des jeunesses de cette zone, il n’en est plus question. 

La France, l’ancien maître qui ne veut pas l’être 

Le soutien de la France aux différents pouvoirs despotiques en Afrique tels que la Côte d’Ivoire, la Guinée continuera, puisque ceux-ci sont au pouvoir pour défendre les intérêts de la France et de son oligarchie. 

Ce soutien n’est garanti que lorsque les dirigeants africains acceptent d’être des pions de l’impérialisme mélanophobe français dans le but de bloquer la capacité critique, l’autonomie, l’indépendance économique, politique et sécuritaire des pays africains. 

Ces satrapes doivent rester au pouvoir pour assurer le pillage systématique et le bradage de nos ressources naturelles pour assurer la survie économique, politique, la domination et l’hégémonie occidentale. 

C’est ce qui explique le deux poids deux mesures de l’État français.

La France n’est pas un interlocuteur indispensable pour nous Guinéens 

Ceci étant, comment peut-on en tant qu’africain croire au messianisme de la France sur le destin de l’Afrique?

Elle ne doit plus avoir la voix au chapitre, car elle n’a rien fait quand elle le pouvait. 

Et rien ne peut nous pousser à penser que la France officielle s’est convertie à d’autres sentiments. 

Avec son soutien affiché aux putschistes de Conakry, il nous est interdit de penser à elle comme Messie, interlocuteur indispensable pour notre destin. 

De toute évidence, il n’existe dans aucune page de l’histoire ou des mythologies, où l’on a vu le dominant panser les plaies du dominé. 

Si nous sommes  des victimes, nous sommes désormais les seuls responsables de notre salut. 

Aïssatou Chérif Baldé 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *