Ibrahima Chérif Bah, ancien directeur de la banque centrale de Guinée, sous l’ère du président Lansana Conté est condamné pour 5 ans de prison ferme et un mandat d’arrêt a été décerné contre lui.
C’est ce verdict qui est rendu aujourd’hui à Conakry par la Cour de Répression des Infractions Économique et Financière (CRIEF).
L’ancien détecteur de la banque centrale est reconnu par cette Cour spéciale créée au lendemain du coup d’État militaire du 05 septembre 2021 coupable des faits de détournement de deniers publics, de corruption, d’enrichissement illicite, de blanchiment de capitaux, d’abus de confiance, de vol et de complicité portant sur un montant de 10 500 000 dollars.
Pour la répression, il a été condamné à 5 ans de prison et au paiement d’une amende de 5 milliards de francs guinéens.
Ces biens immobiliers se trouvant en Guinée ont été aussi confisqués par la CRIEF.
Un instrument judiciaire sélectif ne peut être effectif
En réalité, la mise en place de cet instrument judiciaire pour traquer les criminels financiers ne peut être effectiv que si les personnes chargées de poursuivre les auteurs des crimes ont une moralité sans faille.
Et ceux-ci doivent être animés par un patriotisme hors norme qui les pousse à mettre l’intérêt public au-dessus de l’intérêt privé.
Or la corruption organisée, les détournements de deniers publics, le blanchiment d’argent, les scandales financiers sont devenus les normes qui régissent la gouvernance du pouvoir militaire françafricain, incompréhensible.
Cette Cour de Répression spéciale est devenue une illusion, un désespoir conçue pour faire la chasse aux sorcières.
Elle est plus que jamais un échec, puisque ceux qui étaient censés appliquer la loi étaient corrompus jusqu’à la moelle épinière.
Cet échec est dû entre autre au fait que la junte militaire a permis aux anciens fossoyeurs d’hier de se muter en donneur de leçons et les nouveaux vizirs tels que les supers ministres du CNRD, les conseillers de la junte, les membres du CNRD, les Dafs et directeurs généraux tels Karamo Kaba, l’actuel directeur de la banque centrale sont plus voraces que les anciens et se remplissent les poches sans être inquiétés.
Si Cherif Bah est condamnable, Karamo Kaba l’est aussi
Et pourtant si Chérif Bah est condamnable, Karamo Kaba l’actuel directeur de la banque centrale devrait se retrouver derrière les barreaux aussi.
Car ce dernier est impliqué dans des scandales financiers rocambolesques à deux reprises.
Mais il n’est tout de même pas inquiété. Selon le FMI, la junte militaire guinéenne a englouti plus de 18 milliards de dollars sans trace.
Sans compter le train de vie glamour et ostentatoire du couple Doumbouya où désormais distribuer 200 milles euros aux soutiens du pouvoir sont pour le chef de la junte Mamadi Doumbouya comme distribuer des cacahuètes.
Et ils n’ont pas besoin de faire preuve d’exemplarité dans la lutte contre la corruption.
Car la junte militaire guinéenne pilotée par Mamadi Doumbouya n’est pas prête à scier la branche sur laquelle elle est assise.
Une Cour qui sert de distraction
Cette Cour de Répression applique une justice injuste et sélective. Elle tente de distraire le peuple de Guinée qu’elle attire vers son jeu de cirque. Et le peuple en bon spectateur espère que quelque chose de sérieux, de surprenant va se passer.
Mais enfin rien ne se passe, rien de surprenant n’arrive, il saisit tout simplement son piano entre ses dents et pour se laisser dompter par le vrai dompteur du cirque.
La junte militaire guinéenne et leurs hommes à tout faire, notamment Karamo Kaba, accomplissent ensemble des prouesses différentes sur une même piste de tribunes de théâtre politique.
On se croirait au cirque ! Le but reste le même: l’intrigue, la manipulation
Tantôt clowns affreux, tantôt clowns tristes, ou clowns victimes, ils affectent différentes postures : celle de la victime persécutée par le système ou celle de leader confiant et optimiste.
Si l’un des plus grands opposants de la Guinée a fait de l’alternance politique lettre morte.
Alors les nouveaux faussaires, notamment les putschistes françafricains peuvent aussi annoncer les couleurs de leur parti politique pour faire peau neuve.
Et c’est la Guinée qui gagne, n’est ce pas ?
Le bon peuple applaudit et chavire de bonheur
Et il frissonne d’effroi lorsqu’un des faussaires leur rappelle que le pays fait face à des difficultés, comme devant un fauve qu’on introduit sur la piste aux étoiles.
Mais, bientôt la fin du spectacle, la fin du cirque, et c’est le retour à la réalité, froide et inflexible: les mêmes politiciens, faussaires de la République vont se mettre à gérer le pays et plus personne ne les applaudira; au contraire, c’est l’impopularité qui règne.
Mais le pari sera gagné.
Ils auront gagné. Et toi peuple, tu seras dans ton misérabilisme habituel.
Tes enfants continueront de prendre le chemin l’immigration mortelle pour parfois finir comme un cadre dans les tréfonds de la méditerranée.
Et tu le mérites, car tu ne veux que porter des voleurs, criminels et escrocs au pouvoir.
Le ciel guinéen fait naître rarement ensemble l’homme qui veut et peut
Il ne sert le plus souvent qu’à nous montrer depuis 66 ans, combien sont médiocres ceux qui y sont. Et c’est pourquoi eux, ont du mal à comprendre le pouvoir de la masse. Car pour eux le nombre lié à la masse est plutôt idiot, donc il faut la minimiser, la deconsidérer, la sous-estimer.
Cependant il faut pourtant respecter la masse, si inepte ou résignée soit elle, parce qu’elle contient des germes d’une fécondité incalculable. Donnez-lui la liberté, sinon vous risquez de perdre le pouvoir, comme ce fût le cas avec Blaise Compaoré au Burkina.
Et lorsqu’on est tenté de garder un pouvoir faible, précaire, associé à l’ignorance, à l’arrogance et à la vanité, le pouvoir de la masse demeure alors la seule solution envisageable pour remettre la pendule à l’heure.
Je suis persuadée d’une chose: un pouvoir sans limite, partira bientôt.
Retenez surtout qu’ opter pour la démocratie c’est donner la liberté à chacun de faire son choix politique librement. Donc arrêtez d’invectiver les gens à cause de leur choix politique.
Aïssatou Chérif Baldé