Tant qu’en Guinée l’on ne comprend pas que la politique n’est pas un métier mais un engagement, une mission au service de la nation et non au service d’une communauté d’une ethnie, d’une région, le changement tant attendu ne pointera pas à l’horizon.
On voit bien que les années passent et se ressemblent en politique guinéenne.
Chaque semaine, un nouveau scandale.. On trouve un nouveau problème à toute solution posée.
Et chaque semaine aussi, de nouvelles propositions perçues comme faibles et peu convaincantes car formulées par des acteurs étatiques et politiques qui font eux-mêmes partie de ce qui doit être réformé.
Le ras-le-bol ressenti par tous, citoyens engagés en politique ou non, est total. Et profond.
Avons-nous atteint un point de non-retour?
Pourtant, cette situation aux apparences décourageantes aurait pu en réalité être une formidable opportunité pour inventer une nouvelle manière d’organiser nos institutions.
Et cette transition politique aussi difficile soit-elle aurait pu devenir la pièce motrice de cette opportunité à condition que l’on joue à un jeu franc.
Mais nous sommes malheusement si loin de ces objectifs aujourd’hui.
Comment entamer ce débat sereinement ?
En effet, pour entamer ce débat sereinement, nous devons remettre en cause le système, mais pas les personnes, parmi lesquelles se trouvent quelques uns, qui travaillent sans compter avec honnêteté, courage et audace.
À ce stade, Il est indispensable et urgent de réfléchir à la réconciliation du citoyen à la politique et avec l’État, cela implique une réforme en profondeur du système et non quelques ajustements.
Car c’est grâce à ce système que chacun se croit être capable de gérer les affaires de la cité et c’est grâce à ce même système que tout commis de l’État guinéen éjecté du système se transforme en politicien.
Et c’est bien grâce à ce système que la professionnalisation du politique en Guinée est plus que jamais un obstacle à la stabilité du pays.
Ce système est celui qui a permis la naissance de criminels financiers, égoïstes et égotiques, ces serials-menteurs interchangeables qui pillent ce pays et son peuple de façon méprisante et systématique.
Car pour ces catégories de personnes, la politique est devenue – pour ce qu’elle ne doit pas être déjà – un métier dans lequel on s’engage parfois jusqu’à la retraite.
Ils en ont fait une profession, et se targuent d’avoir une connaissance fine de tous les rouages de l’État guinéen, une aptitude éprouvée à gérer leur communication, et un cuir tanné face aux attaques de leurs ennemis et aussi de leurs amis.
Ils sont de tous les âges, de toutes les couleurs et il s’agit d’une caste, en place et n’entend pas laisser sa place.
Et c’est pourquoi même la sélection des candidats que ce soit à des élections ou à des postes gouvernementaux reste confisquée par cette caste.
Les nominations du chef de la junte M Mamady Doumbouya ont aussi l’empreinte de cette caste.
Le déclin de ce système est d’une impérieuse nécessité
Pour mettre fin à ce système, l’on doit commencer par se demander comment est ce possible qu’après plus de 63 d’indépendances toutes les richesses et tous les pouvoirs soient concentrés dans les mains d’une portion de caste?
Il faut donc mettre fin à ce système ou le réformer en profondeur pour qu’un mandat politique, quel que soit son niveau de responsabilité (Président, Ministre, etc.) soit une fonction que chaque citoyen Guinéen de ce pays est légitimement en droit d’exercer.
Cela implique une réforme en profondeur du système et non quelques ajustements.
Aïssatou Chérif Baldé.