Officiellement la transition politique enclenchée le 05 septembre 2021 devrait selon le calendrier conclu avec la Cédéao prendre fin le 31 décembre 2024.
Ce glissement du calendrier accepté et soutenu par la Cédéao et les chancelleries occidentales plongent le pays dans un une situation pleines d’incertitudes.
Le fait que la transition militaire n’en finit pas de durer, sans avoir organisé les élections pour faciliter un retour rapide à l’ordre constitutionnel ne dérange en rien la Cédéao signataire de l’accord de fin de transition.
Cependant l’opposition au Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) se met en ordre de bataille pour arracher à Mamadi Doumbouya le pouvoir qu’il tente de confisquer illégalement et qu’ils ont usurpé par les armes.
Un départ obligé
En effet, le chef de la junte militaire guinéenne s’est transformé en un fervent défenseur de la défiguration de la démocratie en Guinée, de l’enracinement de la dictature du sabre et du poignard, de l’injustice, de la corruption, de l’incompétence, de la mauvaise gouvernance, de la médiocrité.
Son pouvoir est devenu irrespirable et reste basé sur le clanisme, le népotisme et des calculs politiques malsains.
Il n’a ni le courage, ni l’audace de réformer l’État guinéen.
Et étant lui-même devenu l’incarnation de cet État qui ne fabrique que des adeptes de la kakistocratie, ce pouvoir des pires, c’est-à-dire “Un sublime corrupteur entouré de corrupteurs », ces réformes voulues ont été vouées à l’échec.
Il n’a tout simplement pas la volonté de nettoyer les écuries d’Augias. Et malgré qu’il soit conscient de «l’indélicatesse de certains ministres, directeurs généraux, chefs des institutions étatiques dans la gestion de la chose publique, de l’insuffisance de résultats pour d’autres, de la perte de confiance du peuple ».
Le chef de la junte militaire à choisi de nettoyer son écurie avec un filet timide.
Cette période de transition politique incertaine est juste synonyme du renforcement de l’inefficacité de l’action gouvernementale dans la conduite des affaires de l’État.
Le message du chef de la junte militaire guinéenne est clair: Les calculs politiques, ethnicistes passent avant l’intérêt du pays.
Son manque de courage et son incapacité à montrer la porte à des ministres sous-performants le prouve aisément. Et ce n’est rien d’autre qu’un calcul stratégique et politique pour faire de la transition politique un trompe l’œil.
On voit que ce gouvernement de transition guinéen ne peut en aucun cas allier expérience, jeunesse, responsabilité, dynamisme, compétence et patriotisme pour enfin sortir la Guinée du trou d’air.
Cependant l’attitude de Mamady Doumbouya apporte un autre éclairage qu’on peut conjuguer avec l’hypothèse du manque de cran sur fond de calcul stratégique.
Car les conséquences d’exclusions de masse auraient probablement fragilisé encore plus la solidarité de son clan mafieux en voie de construction.
Ceci dit qu’on ne se leurre pas en faisant confiance à une junte militaire incapable de respecter son propre slogan » la justice sera notre boussole » qui a pu tuer depuis son putsch militaire une trentaine de civils pendant des manifestations pacifiques.
Cette junte au pouvoir depuis plus trois ans est secondée par une administration notoirement corrompue. Et ne saurait donc pas en mesure de mettre fin au saignement de l’État guinéen.
Mieux elle est incapable d’unifier à nouveau un peuple dont les membres sont écartelés entre un impératif de survie et des allégeances contradictoires entre des forces pseudo-légales et des forces politiques sans substances.
Continuer donc à soutenir un pouvoir militaire agonisant aussi illégitime que inefficace en Guinée est semble-t-il une manière d’entretenir le brasier guinéen-pas pour l’éteindre.
Accompagner la dérive politique de la junte militaire, c’est former des nouveaux putschistes, c’est subventionner la corruption, et contribuer à la montée en puissance d’une nouvelle caste de jouisseurs.
Il n’y a donc pas à soutenir des putschistes, nous devons plutôt les faire dégager. Car la junte militaire guinéenne ne garantit aucune stabilité politique aux institutions politiques du pays.
Même si elle tente de réveiller les vieux démons qui apparemment ne déplument pas et ne sommeillent pas.
Ne soyons pas étonnés que la junte puisse être galvanisée dans la répression des manifestations du moment où elle a le soutien de la communauté internationale.
Quitte à savoir si les partis politiques et les forces vives vont mettre fin aux clivages politiques sur fond de tensions ethniques, claniques et d’égos démesurés pour faire dégager la junte militaire guinéenne.
Aïssatou Chérif Baldé