Guinée: Quand la “Foulaphobie” devient une opinion assumée. 

Lors du symposium du décès de la notabilité de la Basse-Côte, Elhadj Sekhouna Soumah, cette semaine à Conakry, on a assisté à une scène inédite, mais pourtant normale pour les concepteurs de la haine des peuls en Guinée. 

Elhadj Alseny Barry, président de la Coordination Nationale des Fulbhe et Haali Pular de Guinée a été privé de parole lors de ce symposium et de façon humiliante. 

Contraint de réagir, la Coordination Haali pulaar et Fulbês de Guinée a dénoncé hier jeudi via un communiqué, le discours du représentant de la coordination mandingue du nom d’El hadj Saiba Doumbouya, présent au symposium. 

Selon ce communiqué,  « Elhadj Saiba Doumbouya a tenu au cours de son intervention, à la surprise générale et de façon inopinée, des propos tendancieux et diffamatoires, affirmant qu’il existerait une certaine mésentente au Fouta Djallon ». 

Elle qualifie son discours  d’affirmations à dessein inavoué. 

Depuis, les commentaires et l’indignation fusent de partout. 

Et beaucoup pensent que le président Elhadj Alseny Barry aurait dû quitter les lieux. 

Car cet acte des organisateurs soutenus sans doute par le pouvoir était humiliant et sans précédent. 

Pourtant Elhadj Alseny Barry, depuis son arrivée à la tête de la Coordination Haali Pular et Fulbe de Guinée, ne manque aucune occasion pour prouver son adhésion au projet politique de la junte militaire guinéenne. 

Il était même le parrain de la fête culturelle notamment la Mamaya de Kankan, capitale de la Haute Guinée où le Fouta Jaalo était à l’honneur. 

Mais cela n’a pas suffi pour qu’on l’humilie de la manière la plus crasse au symposium d’Elhadj Sekhouna Soumah. 

Et c’est pourquoi beaucoup se sont demandés pourquoi est il resté dans un endroit où il avait fait l’objet d’un traitement irrespectueux ? 

Nous nous répondons que M Elhadj Alseny Barry ne pouvait pas quitter la salle 

Car l’un des piliers du Pulaaku demeure la retenue. Le président Elhadj Alseny Barry qui reste indéniablement le président de la moyenne Guinée, a fait preuve de retenue.

Ceux qui ont la maîtrise des principes du Pulaaku le savent, 

Ainsi, Elhadj Alseny Barry de par sa retenue a prouvé à ceux qui étaient dans cette salle et qui en manquaient lamentablement, que faisant partie de ce peuple rattaché à son lignage, ses vertus et traditions, à sa société itinérante au sein de laquelle il s’est toujours intégré pour vivre pleinement son pulaaku, il lui est interdit de faire comme ces anti-peules. 

Ce sont des haineux concepteurs de l’ethnisme politique fondé sur un système excessif gravement injuste et de façon criante. 

« L’ethnisme a d’ailleurs en commun avec le racisme qu’il est une exclusion ou une diabolisation de l’autre ». 

Le retour du fantasme, complotisme assumé 

Ceci dit, nous faisons pour une énième fois face au retour du fantasme, de complotisme d’un groupe occulte restreint qui se veut « alternatif » agissant dans l’ombre pour accomplir un but machiavélique. 

Car ces théories du complot ont toujours remis au goût des discours d’inspiration ethnicistes, anti-peuls en Guinée, leur donnant ainsi une coloration moderne dangereuse. 

Sur fond de haine des peuls, elles sont sous entendues par une idéologie réactionnaire qui se nourrit des problèmes sociopolitiques guinéens.

Ce faisant, le discours de M El Hadj Saiba Doumbouya y trouve sa source. 

Et ça ne doit pas changer, car les conspirationnistes en tirent gratification sociale et financière. 

Or nous vivons dans un pays à équations multiples qui pratique une démocratie de l’imposture, celle qui défigure le sens des mots et qui installe les maux de toute nature : injustice constitutionnelle, déni de justice constitutionnelle, contentieux sans juge impartial et indépendant, accaparement des biens publics, népotisme, détournement de pouvoir et de fonction, transhumance politique, violation graves des droits de l’homme. 

Mais on ose faire un faux procès au Fouta qui n’est qu’une entité de ce pays malmené de l’intérieur par des individus qui ont perdu toute crédibilité aux yeux d’un peuple qui est las de ce système. 

Et on oublie que poser le bon diagnostic s’impose et demeure indispensable car loin, d’être le fait de farfelus ignorants sur les réseaux sociaux, le complotisme, l’instrumentalisation des ethnies, des coordinations régionales sont le symptôme d’une véritable maladie de la société guinéenne. 

Et cette litanie est simplement indicative

C’est la déliquescence de l’Etat  qui constitue la marque de fabrique et le signe distinctif de la situation qui prévaut en Guinée.

Alors qu’on ne se trompe pas ! 

L’Etat guinéen  n’existe plus ! 

L’instrumentalisation des Coordinations régionales pour exclure et humilier le président de la Coordination Haali pulaar et Fulbê de Guinée le prouve 

A-t-il d’ailleurs jamais existé au regard de toutes les souffrances qu’il a fait subir au peuple  depuis le fameux NON qui a apporté tant de désillusions  ensanglantées ?

Non et non !

Il faut espérer et croire qu’il est encore possible de se relever. 

Car la conscience citoyenne ne peut être  statique ; elle constitue un souffle intemporel et universel qui finit toujours par s’incruster après avoir emporté ,bien souvent par rafales, ceux qui n’ont jamais cessé de se croire éternels.

Quant aux,peuls que nous sommes, nous devons comprendre que de par notre Intelligence, c’est-à-dire notre habileté, patience, courage,  prévoyance et  perspicacité, on provoque chez beaucoup ce qu’on appelle la foulaphobie.

Dans ce contexte et par moment, face aux agitateurs soutenus par le pouvoir militaire de notre pays, il est important de faire de la retenue, la mesure, notre envie de liberté, d’autonomie, le courage au travail, fondés sur nos vertus basées sur le Pulaaku, les fondements de notre société. 

Elles demeurent le ciment entre nos populations dispersées.

L’Etat, juste, capable de mettre fin aux inégalités sociales qui rongent toutes les quatres régions du pays, certainement, n’est  plus en Guinée ; mais il sera, irréversiblement, car demain il fera jour pour les despotes, faux putschistes et autocrates qui ne pourront échapper d’être engloutis par les flots de la marée montante qu’ils n’ont cessé de narguer ad nauseam.

C’est la rançon de l’incurie et de la gabegie, et ce ne sera pas trop payer pour le retour de l’Etat juste,pilier de la Nation. 

Que le pouvoir en Guinée comprenne que la notoriété ne s’obtient pas par décret !

Les questions essentiellement liées au développement du pays, à la réduction des inégalités sociales, tout comme celles relatives à la sauvegarde des acquis démocratiques, ne doivent pas être reléguées au dernier plan c’est-à-dire au profit des idéologies ethnicistes.

Car aucune démocratie ne peut fonctionner dans une société ethniciste, aucune vision d’ensemble des choses, aucune politique sérieuse ne peut être entreprise, avec succès dans un tel contexte.

Aïssatou Chérif Baldé 

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