Après le renvoi du ministre des Finances Christian Lindner hier 06 novembre 2024 par le chancelier Olaf Scholz, le divorce de la coalition tripartite gouvernementale est désormais acté.
Le chancelier Scholz, juste après l’éclatement du gouvernement dû au manque de compromis lié aux divergences budgétaires, a demandé au président Walter Steinmeier de limoger le ministre des Finances des libéraux démocrates du FDP Christian Lindner.
C’est en janvier 2025 que Scholz veut se soumettre au plus tard à un vote de confiance au parlement.
Le chancelier s’en prend durement à son ancien ministre et partenaire
Dans la soirée d’hier, Scholz s’est exprimé à la chancellerie et a été très dur avec Lindner. Le chancelier Olaf Scholz s’est exprimé sur son désormais ex ministre en ces termes:« il avait selon lui fait des propositions de sorties de crises encore dans l’après-midi du mercredi 06 novembre.
Une nouvelle proposition devant inclure un soutien à l’économie allemande et une une importante aide financière à l’Ukraine.
Le ministre des Finances n’a pas du tout voulu examiner ces nouvelles propositions en profondeur. Il n’en avait pas la volonté ne serait-ce que pour le bien du pays. Lindner ne s’est préoccupé que de l’intérêt de son réseau clientéliste et de la survie politique de son parti.
« Un tel égoïsme est incompréhensible ». Il n’y a plus de confiance pour une collaboration avec Lindner.
Trop souvent, Lindner a bloqué des lois de manière inappropriée ». Et « Trop souvent, il a fait usage de la tactique partisane. Trop souvent, il a brisé ma confiance et m’a trahi».
Et « Compte tenu de toute cette situation, il s’est rendu compte qu’il n’y a plus de confiance suffisante pour la poursuite d’une coopération ». Il n’est pas possible dans ces conditions de travailler sérieusement dans le gouvernement ». Et il ne veut plus imposer une telle situation au pays » a-t-il déclaré.
Cette déclaration a marqué la fin du gouvernement tripartite du chancelier et acté aussi le départ de plusieurs ministres libéraux, qui le prive de majorité.
Réaction de l’opposition et du président allemand
Après une réunion de son groupe parlementaire à Berlin, Friedrich Merz demande au chancelier Scholz de se soumettre au plus tard « la semaine prochaine » à un vote de confiance au parlement.
Pour lui la coalition tripartite gouvernementale ayant échoué, elle doit en tirer les conséquences et ouvrir la voie à de nouvelles élections anticipées.
Quant à l’actuel ministre de l’Économie et Vice-chancelier Robert Habeck (Verts), il soutient la décision du Chancelier Olaf Scholz.
Il pense que le limogeage du ministre Lindner est une bonne décision. Selon Habeck, le pays est encore capable de fonctionner, même s’il n’est doté désormais que d’un gouvernement sans majorité parlementaire.
Pour le faire valoir, le chancelier a déjà nommé aujourd’hui l’un de ses proches conseillers, Jörg Kukies, au poste de ministre de Finances.
Ce dernier est expert des questions économiques. Il est âgé de 56 ans, et prend les rênes de ce ministère allemand clé dans un gouvernement en crise et au sein duquel demeurent uniquement les représentants du parti social-démocrate et du parti des Verts.
Pour le chef de l’État et président allemand Walter Steinmeier, l’heure est à « la raison » et à « la responsabilité ». « Notre pays a besoin de majorité stable et d’un gouvernement efficace” à t-il déclaré lors d’une allocution adressée à la nation aujourd’hui.
Il faut noter que le président Walter Steinmeier aura sous peu la lourde tâche de dissoudre le Bundestag, la chambre basse du Parlement, si le gouvernement perd, comme attendu, la question de confiance qui sera soumise aux députés.
Une fin de coalition qui tombe à un mauvais moment
C’est surtout aussi une fin de coalition gouvernementale très rare en Allemagne et qui tombe à un plus mauvais moment pour la première économie européenne.
Car l’Allemagne est aux prises avec une grave crise industrielle et s’inquiète des répercussions pour son commerce et sa sécurité après l’élection du républicain Donald Trump réputé protectionniste.
Certes les premiers c’est-à-dire le SPD et les Verts sont partisans d’une relance de l’économie nationale en panne par les dépenses, alors que les Libéraux prônent des coupes sociales et une stricte discipline budgétaire.
Mais le chancelier avait cru que malgré les divergences budgétaires, Lindner allait accepter que le gouvernement de coalition resserre les rangs, face à la nouvelle donne inattendue qui se pointe aux États-Unis.
Une rupture prévisible
À l’évidence, cette rupture était prévisible car compte tenu de la politique gouvernementale du g de la coalition tripartite, les libéraux du FDP à droite, ont beaucoup baissé dans les sondages et observent impuissant l’effondrement de sa base électorale partout dans le pays. Selon les sondages effectués ces derniers jours, le FDP risque de ne pas être représenté au prochain parlement.
Cet éclatement n’est pas seulement dû à cause de profondes divergences entre les deux camps sur la politique budgétaire et économique à suivre.
Mais c’est surtout aussi une question de survie politique à moins d’un an d’élections en temps réel.
Ces partis politiques veulent aussi tout mettre en œuvre pour empêcher l’extrême droite allemande (AfD) de venir au pouvoir quitte à faire passer des lois et des mesures sur le plan social, économique et sur l’immigration désavouées par leurs bases.
L’extrême continue malgré tout son envolée et selon les sondages de ces derniers jours, Afd est la deuxième force politique du pays devant les sociaux-démocrates-SPD, les Verts et les libéraux.
Pour l’heure aucun parti politique de la coalition tripartite gouvernementale ne semble trouver le remède possible pour empêcher le succès de l’extrême droite.
En attendant les élections !
Le chancelier Scholz avec son tempérament calme espère encore pouvoir tenir quelques mois pour diriger un gouvernement minoritaire et faire adopter quelques textes de loi jugés prioritaires, en cherchant des majorités au cas par cas.
Quant au budget 2025, dont la préparation est à l’origine de la crise actuelle, c’est plutôt l’incertitude. Faute d’adoption au Parlement, une version minimum et réduite pourrait être appliquée à partir de janvier 2025.
L’opposition conservatrice veut certes qu’on aille directement au vote anticipé puisqu’elle arriverait en tête avec plus de 30 % des voix selon les sondages et son chef Friedrich Merz ferait figure de favori pour devenir chancelier.
Mais il ne pourra pas non plus former un gouvernement de coalition avec l’extrême droite. Et Merz l’a fait déjà savoir dans une allocution que son parti ne formera jamais un gouvernement de coalition avec l’extrême droite.
Elle sera dans ce cas obligée de former un gouvernement de coalition avec les sociaux-démocrates et les Verts..
La démocratie, ce n’est pas vraiment beau que sur du papier!
Aïssatou Chérif Baldé