CHRONIQUE. Le neuvième Forum sur la coopération sino-africaine (Forum on China-Africa Cooperation ou FOCAC), se tiendra à Pékin du 4 au 6 septembre.
Nous allons comme à l’accoutumée assister à un ballet de chefs d’États africains qui y seront pour jouer le rôle de bénéficiaire puisqu’ils manquent d’une stratégie d’engagement commune, cohérente, transparente avec la Chine, qui prend en compte l’opinion publique africaine et défend l’intérêt du continent.
Et c’est dans ce cadre que le chef de la junte militaire guinéenne Mamady Doumbouya s’est envolé ce samedi 31 août pour la Chine pour participer au Forum sur la coopération sino-africaine.
La Guinée à l’instar de tous les autres pays africains est avant tout pourvoyeur de matières premières pour la Chine qui en a besoin pour consolider son statut de grande puissance dans un monde marqué par des instabilités économiques, politiques dues en grande partie au conflit israélo-paléstenien, russo-ukrainien.
Ce Forum à l’image des autres tels que ( Sommet Afrique-Russie, Afrique-Europe, Afrique-France, Afrique-Turquie, Compact with Africa avec l’Allemagne, Tokyo International Conference on African Development ou TICAD) n’ont pour objectif que de continuer à faire de l’Afrique le pourvoyeur de matières premières pour leurs industries, ainsi continuer à garder leur statut de puissance économique mondiale et dominer le monde.
La Guinée comme beaucoup de pays africains n’arrive pas à avoir sa propre vision mettant en avant les intérêts du pays et expliquant comment cette Vision pour la Chine et la Guinée pourrait faire progresser leurs plans de développement nationaux.
Et pourtant c’est un pays qui depuis 1958 maintient des relations diplomatiques et économiques très anciennes.
Mais malgré tout, les acteurs étatiques guinéens se sont toujours contentés d’être dans le rôle du bénéficiaire que de profiter de son atout c’est-à-dire ses matières premières dont la Chine a crucialement besoin et enfin relever le défi de transformer ces matières premières sur place.
Or la Russie a prouvé depuis le début du conflit avec l’Ukraine que c’est celui qui détient les matières premières qui doit dicter les règles de jeux économiques.
Car on ne peut pas faire progresser nos pays en acceptant de jouer le rôle du bénéficiaire et refuser de réduire l’importance de l’aide, de la dette publique dans nos relations avec des États comme la Chine.
Des pays africains comme le Kenya, la Namibie et l’Ouganda l’ayant compris ont organisé leurs propres forums d’investissement pour présenter des opportunités aux investisseurs chinois avant le sommet FOCAC 2024.
Le Kenya a par exemple profité de la mise en place des sous-forums tels que (China-Africa Economic and Trade Expo ou CAETE) depuis le huitième FOCAC pour renforcer ses échanges commerciaux avec la Chine.
« Le Kenya grâce à ce programme est devenu le premier exportateur africain de fleurs vers la Chine, pour une valeur de plus de 800 millions de dollars par an ».
Pendant ce temps en Guinée, la junte militaire guinéenne pilotée par Mamadi Doumbouya continue de jouer le rôle de grand pourvoyeur de matières premières pour la Chine sur fond d’appauvrissement de la population guinéenne et de destruction de l’environnement.
Or Encourager la transformation des matières premières sur place ou encore le transfert de technologies, en particulier dans le domaine des énergies et de la croissance verte, en alignant l’éducation et la formation sur les besoins en ressources humaines de l’Afrique, réduire l’importance de l’aide et se concentrer sur le commerce doivent en réalité être la priorité de la Guinée et des pays africains dans ses relations avec la Chine.
La plupart des États africains refusent de prendre l’initiative de faire progresser leurs économies dans la chaîne de valeur et de passer de l’aide au commerce.
Et on laisse la Chine contrôler toutes les plateformes des sommets du FOCAC, qui ne servent principalement que les intérêts chinois.
Aïssatou Chérif Baldé