La journée internationale de la femme est fêtée depuis 1914 en Europe. Ce combat porté par les femmes européennes portait au départ sur le droit de vote des femmes européennes, car elles en étaient privées dans la plupart des pays européens.
Au fil des années le combat s’est internationalisé avec parfois une connotation très eurocentriste.
C’est pourquoi d’ailleurs, les femmes africaines au lendemain des indépendances ont créé aussi la journée internationale de la femme africaine qui se fête au mois de juillet de chaque année en Afrique.
Qu’à cela ne tienne, cette journée peut être aussi célébrée sur le continent africain.
Mais avons-nous réellement quoi fêter en Afrique ?
En faisant l’état des lieux de de la situation de la femme africaine on ne peut répondre que partiellement par l’affirmative.
Car s’il y’a de l’amélioration des conditions de vie de la femme dans des pays comme le Rwanda, l’Afrique du Sud, le Ghana, le Sénégal, le Nigeria, le Kenia.
Tel n’est pas le cas en Guinée.
Et en comparant la situation actuelle de la femme guinéenne à celle des pays voisins, notamment la Côte d’Ivoire, le Sénégal on se rendra très vite compte que la Guinée accuse un grand retard dans l’amélioration de la condition de vies de la femme guinéenne.
En faisant l’état des lieux de la situation de la femme guinéenne, on comprend très vite que nous n’avons rien à fêter en Guinée.
Tout est à refaire.
État des lieux de la situation de la femme guinéenne
Dans ce pays l’épanouissement de la femme n’a jamais été une priorité pour l’État.
Et le coup d’État militaire survenu le 05 septembre 2021 n’en a pas aussi fait une priorité.
Cela s’explique par le fait que la femme guinéenne manque de visibilité pendant cette période de transition.
Elle n’occupe par exemple la tête d’aucune institution de la République et demeure même au sein du conseil national de la transition sous représentée.
Or la Guinée regorge de femme qui font preuve de grande compétence, d’un potentiel et d’un savoir-faire reconnu ailleurs.
Dans d’autres pays, tout comme en Guinée, les femmes guinéennes ont des profils aussi diversifiés que riches et elles sont présentes dans tous les secteurs, mais manque de visibilité cependant en Guinée.
Mais la junte militaire guinéenne fidèle à la vision misogyne de ses prédécesseurs continue aussi de faire perpétuer les pratiques anciennes qui sont nuisibles à l’épanouissement de la femme guinéenne.
Paradoxalement, c’est depuis l’avènement du multipartisme en Guinée, que L’État et ses substituts, les partis politiques de tout bord confondu ont commencé à se servir d’elles pour assouvir des objectifs plus ou moins moyenâgeux.
Les partis politiques guinéens ont d’ailleurs découvert qu’ils peuvent se servir d’elles comme caisses de résonance lors des campagnes électorales pour la conquête du pouvoir.
Or ils ne lui accordent le plus souvent que des rôles récréatifs au sein des partis politiques.
Quant au parti au pouvoir, ou bien la classe gouvernante, ils se servent plutôt d’elle de la même manière pour faire surtout la promotion des pratiques autocratiques du gouvernement.
On utilise des fêtes comme celle ci, qui en temps réel devraient être une journée de travail de réflexion pour discuter sur les voies et moyens de l’amélioration des conditions de travail et de la vie de la femme guinéenne, pour faire de la propagande d’une politique gouvernementale sans substance.
Les thèmes de discussion ne manquent
Pourtant les thèmes de discussion ne manquent pas. Nous avons par exemple des sujets liés:
- Premièrement à la promotion de la santé de la femme qui perd encore aujourd’hui la vie en donnant la vie;
- Deuxièmement « intervenir dans le domaine des politiques publiques en faveur d’un engagement politique clair… pour la justice sociale » ;
- Troisièmement « dénoncer les pratiques… qui engendrent les inégalités » ;
- Quatrièmement « contrer les pressions en faveur des produits dangereux utilisés par les femmes, des conditions de vie malsaines, d’une nutrition inadéquate pour les enfants et les mamans».
Car loin de la démagogie la femme guinéenne demeure un pilier de développement économique et social de notre société. Même si elles sont considérablement plus touchées par les inégalités sociales.
Cette lutte doit être portée par l’État
Mais pour le faire valoir, elle doit impérativement être portée par l’État.
Dans un pays comme l’Allemagne où il y’a une nette amélioration des conditions de vie de la femme allemande et cela depuis 1919 où elles ont eu pour la première fois le droit de voter librement. Elles continuent encore aujourd’hui ce combat.
Et dans ce pays l’homme et la femme n’ont pas encore les mêmes salaires dans certains domaines, malgré qu’ils exercent le même travail.
L’État allemand dans le souci de promouvoir l’équité, l’égalité crée des conditions pour permettre à la femme allemande de pouvoir concilier par exemple vie de famille et carrière professionnelle.
Donc le combat des femmes allemandes est porté par l’État.
En Guinée l’état refuse de porter cette lutte
En Guinée on n’aime le plus souvent se contenter du peu où être dans le rôle du spectateur ou du suiviste sans même comprendre le sens du combat que l’on mène. Tout se fait en surface dans ce pays.
L’État guinéen refuse donc de porter ce combat et ne veut pas comprendre que la femme guinéenne est source du développement. Son épanouissement permet le bien-être de la famille toute entière.
Il doit pourtant mette en place des mécanismes devant lever les barrières pour une autonomisation durable de la femme, vecteur d’un développement humain du pays et du continent.
Le développement de la Guinée ne peut se réaliser si 50% de la population concernée (les femmes) est exclue des opportunités que le développement est à même d’offrir.
Et c’est utopique et chimérique de s’imaginer un développement quelconque si les femmes guinéennes n’ont pas un accès égal aux opportunités économiques, politiques, sociales et culturelles.
L’État guinéen doit miser sur les femmes
Il est grand temps de chercher à créer un environnement propice pour lutter contre les pesanteurs socioculturelles auxquelles les femmes sont confrontées en Guinée pour favoriser leur épanouissement et leur indépendance.
Et c’est surtout impératif de rétablir les fondements de la famille, restaurer la valeur de l’enfant, alléger la penibilité de la vie de la femme, lui reconnaître sa dignité en systematisant sa scolarisation en améliorant ses conditions de travail et en valorisant son rôle de mère et son statut de femme et de citoyenne.
Il faut éviter d’ utiliser sa cause pour des fins électoralistes.
L’État guinéen doit donc miser sur la femme en permettant l’amélioration de sa situation économique, la promotion de l’égalité des sexes, l’élimination de toute forme de discrimination contre les femmes, la promotion de la participation politique des femmes.
Quant à la femme guinéenne, elle savoir que l’indépendance ne s’acquiert pas sur un plateau doré, ça s’arrache .
Aissatou Chérif Baldé