Le président sénégalais a rencontré son homologue russe ce vendredi à Sotchi pour supplier l’actuel homme fort de la Russie de livrer à l’Afrique le blé, et des fertilisants indispensables pour l’agriculture sur le continent.
L’Union africaine a donc dépêché Macky Sall, qui assure la présidence tournante de l’organisation, et le premier représentant de l’UA, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, à Sotchi, pour obtenir des assurances de la part de Vladimir Poutine sur les livraisons de blé et des fertilisants.
Quel échec de la part de l’élite dirigeante africaine !
Comment développer nos pays avec de telles élites ambivalentes qui n’ont de foi qu’en l’argent et attendent, dans la jouissance, l’avis de l’extérieur?
Après plus de 60 années d’indépendances cette démarche de Macky Sall prouve que l’élite africaine et surtout les hommes de pouvoir en Afrique ont du mal à s’émanciper de la politique de dépendance.
Son esprit reste encore pris au piège par l’esclavage mental qui encourage l’auto-infantilisation, l’humiliation, la servitude du peuple noir.
Cette élite se comporte comme les éternels “damnés de la terre”.
Que Poutine renvoie Macky Sall aux Européens qui ont pris des sanctions contre son pays ne peut conscientser cette élite qui prône la dépendance politique, économique, sécuritaire du continent.
Car les chefs d’États africains surtout ceux issus des anciennes colonies françaises aux indépendances confisquées brillent par un mimétisme et une tricherie permanente.
Ils continuent de croire mordicus que la solution aux problèmes africains se trouverait dans les mains des autres pays tels que la France, la Russie, la Chine.
Or il n’y a pas longtemps des pays comme la Russie, la Chine étaient dépendants de l’aide des pays occidentaux.
Mais grâce à une bonne politique gouvernementale rigoureuse, pratique, pragmatique qui met en avant l’intérêt de leurs peuples. Ces pays sont aujourd’hui indépendants sur tous les plans (économique, politique, sécuritaire).
Pourtant la Russie est aujourd’hui autosuffisante et a compris qu’étant un réservoir de matières premières, il est beaucoup plus proche du développement que du sous-développement. L’élite Russe a allumé son cerveau et peut résister vaillamment contre les sanctions des pays occidentaux.
Et l’Europe à cause des pluies de sanctions contre la Russie est en train d’ailleurs de se tirer une balle sous les pieds. Car les conséquences des sanctions européennes se font ressentir aujourd’hui partout en Europe.
L’inflation annuelle en Allemagne a atteint 7,3 %, soit le niveau le plus élevé enregistré depuis la réunification en 1990.
Les causes de cette forte reprise sont en grande partie liées à la guerre en Ukraine, à la pandémie et aux problèmes des chaînes d’approvisionnement.
Et les prix de l’énergie ont augmenté de 39,5 % en mars par rapport au même mois de l’année précédente.
Dans le secteur alimentaire, le prix de l’huile et des graisses de cuisson a augmenté de 17,2 % et de 14,8 % pour les légumes.
Au total, les prix des produits alimentaires ont rebondi de 6,2%.
Or, Il y a juste quelques années, la Russie n’aurait pas pu tenir tête aux chancelleries occidentales de cette façon.
Comme pour dire que seul le travail paie, et que l’indépendance économique, politique, sécuritaire ne relève d’un miracle.
Mais qu’attendre de dirigeants comme Maky Sall qui au nom de la démocratie libérale et de la croissance, sans développement, sont prêts à maintenir les africains dans le syndrome de dépendance économique.
Pour ces présidents, ils sont venus au pouvoir pour promouvoir l’expansion capitaliste, l’économie bourgeoise occidentale.
L’Afrique doit rester ce continent fournisseur de matières premières pour le fonctionnement de l’industrie de tous les pays de ce monde et empêcher avec des structures à la solde de l’impérialisme mélanophobe telles que les institutions de Bretton Woods ou encore l’ONU, l’UA, la CEDEAO toute émancipation économique, politique du peuple africain.
Des présidents africains comme Macky Sall considèrent les anciens colonisateurs comme des puissances tutélaires éternelles dont l’opinion sur ce que nous sommes, ce que nous faisons et où nous allons est vitale.
Ils souffrent surtout des maux tels que: suffisance, bureaucratie, culture de l’assistanat, dirigisme, élitisme.
Qu’ils se tournent maintenant vers la Russie, la Chine pour faire d’elles aussi des puissances tutélaires éternelles n’est pas surprenante.
Mais ils oublient qu’étant détenteurs de matière premières, ils sont beaucoup plus proches du développement que du sous-développement.
Aïssatou Chérif Baldé
