« L’éducation est l’arme la plus puissante que l’on puisse utiliser pour changer le monde. »

Et elle reste aussi l’arme la plus puissante pour changer la Guinée mais à condition que l’on y apporte les outils nécessaires pour promouvoir une éducation de qualité accessible à tout guinéen.

Les jeunes Guinéens ayant hissé dimanche 18 mai 2025 haut les couleurs du pays en remportant le 1er et le 3e prix au Concours International de Dictée organisée par la fondation Paul Gérin-Lajoie (PGL), à Montréal au Canada le prouve. 

Il s’agit de Mohamed Traoré et Fatoumata Barry, respectivement élèves des écoles « Les Écureuils » et « La Lumière de Guinée » qui ont remporté ce prestigieux concours. 

À travers ce concours remporté par ces deux jeunes Guinéens issus des écoles privées, dans le cadre d’un projet d’une envergure internationale existant depuis 1991 et qui selon la fondation a depuis sa création mobilisé plus de 7 millions de jeunes des deux côtés de l’Atlantique, l’espoir est permis pour le secteur éducationnel guinéen. 

Même si nous savons que ces deux jeunes sont avant tout le fruit de deux écoles privées du pays et non celui des écoles publiques. 

Une éducation nationale qui va très mal 

Cela démontre à quel point l’éducation nationale va très mal. 

Certes les défis à relever sont énormes, mais l’État guinéen tarde à comprendre que l’éducation est le pilier du bien être humain.

Non seulement le taux de scolarité ne s’améliore qu’à pas de caméléon en Guinée, mais la qualité recule aussi en raison du manque d’investissements. 

Dans les écoles publiques on encourage la fraude des élèves  pendant les périodes d’examen avec un système éducatif qui connait une situation critique et peine à garantir un apprentissage et une insertion réussis aux jeunes guinéens. 

Pourtant encourager la fraude pendant les examens c’est pousser aussi à détruire l’avenir du pays et continuer à fabriquer des futurs cadres médiocres. 

De plus, de nombreuses évaluations nationales ou internationales ont montré que les élèves guinéens, dans leur majorité, n’acquièrent pas les savoirs et compétences fondamentaux à l’issue de la scolarisation obligatoire. 

Les écoles publiques en Guinée sont confrontées à de nombreux déficits en ressources humaines, matérielles et pédagogiques et les effectifs toujours nombreux dans beaucoup d’écoles publiques génèrent plus de frustration que d’apprentissage.

Alors, lorsque nous voulons que ce pays aille de l’avant, il faut aussi apprendre à porter un regard critique, objectif sur ce secteur et le confier à des experts et hommes de terrain tels que le professeur Bano Sow afin de pouvoir assainir ce secteur et relever les défis du moment. 

On a besoin de confier ces secteurs clés du développement aux cadres capables de contribuer de façon pertinente aux enjeux de L’éducation en Guinée, sans céder au clientélisme, à la politique politicienne sans substances. 

Mais apparemment la politique guinéenne actuelle est systématiquement et par essence clientéliste, népotiste. 

Il faut donc appartenir à ce clan facho-ethniciste et clientéliste pour participer à la gestion de la chose publique. 

Et dans ces conditions, les écoles publiques guinéennes peuvent difficilement former des élèves capables de participer à des concours internationaux. 

Quelques pistes de solutions pour relever les défis dans ce secteur 

Une éducation adaptée à l’univers guinéen et africain est la clé fondamentale de tout processus de développement. 

Pour ce faire il faudra nécessairement commencer par: 

  • adapter les cursus d’éducation et de formation ainsi le contenu des programmes aux besoins réels du pays et garantir aux langues le statut officiel de langues de travail dans la constitution ; 
  • promouvoir la scolarisation des enfants et jeunes des milieux défavorisés par des mécanismes d’entraide et de solidarité (allocations, bourses, etc.) ;
  • éradiquer l’exploitation et la maltraitance des enfants (travaux pénibles, mendicité) préjudiciables à leur santé, leur éducation ; 
  • promouvoir la scolarisation des filles et la formation des femmes pour combattre toute forme de discrimination ou de stigmatisation en leur égard ;
  • instaurer un dialogue social et politique permanent incluant les acteurs concernés sans exclusion (parents, enseignants, élèves, étudiants, partenaires techniques et financiers, Etat, etc.) pour la recherche d’un consensus fort, ce qui permettrait de définir à la fois un modèle d’école guinéenne et les responsabilités des acteurs et le type de partenariat éventuel souhaité. 

Par ailleurs, il s’agira d’améliorer l’employabilité des jeunes par le relèvement, dans les niveaux secondaire et supérieur, de la proportion des élèves dans les filières scientifiques et technologiques, de promouvoir l’émergence de l’économie du savoir et de développer des écoles de formations spécialisées ainsi que des centres de formation professionnelle modernes. 

Il faut mettre fin à la transmission des enseignements aliénants 

Les écoles publiques guinéennes doivent disposer donc les moyens et instruments nécessaires pour leur permettre de rehausser le niveau de l’éducation nationale et de former des futurs cadres capables de relever les défis du présent et du futur… 

C’est sur cette base qu’elles pourront former des cadres capables de faire avancer le pays vers un progrès social, économique et culturel inclusif. 

Il faut surtout arrêter de transmettre à nos enfants un enseignement aliénant qui fabrique le satrape et l’intellectuel. 

Car nos écoles sont les seules au monde où l’enfant aborde les apprentissages en maternelle avec une langue étrangère porteuse de la charge coloniale, avec les programmes coloniaux, aliénants.

 « Pourtant, on sait depuis Gandhi que l’on ne peut pas atteindre l’imaginaire avec la langue des autres, cette langue qui est le fondement de l’identité, cet imaginaire qui introduit l’enfant dans le groupe ». 

Aïssatou Chérif Baldé 

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