La pratique de la politique en Guinée a des côtés bien pervers qui interrogent et inquiètent et les événements de ces derniers jours sur l’axe de la démocratie illustrent cet état de fait.
Et vouloir dénoncer cette pratique actuelle afin d’orienter les nouvelles générations vers des modèles et méthodes plus humanistes, réalistes et proactives qui positionneront la Guinée dans une perspective meilleure que celle pathétique dans laquelle elle croupit jusqu’ici, semble être un combat très difficile à gagner.
Les transhumants politiques issus du rang de l’opposition tout comme le chef de la junte militaire Mamady Doumbouya sont hostiles aux règles de jeu démocratiques.
La preuve, chacun dans ce milieu préfère être chef d’un pouvoir fondé sur l’ethnisme politique ou être président d’un parti limité au bureau politique, à son fief traditionnel, à sa région plutôt que d’être par exemple vice-président d’un parti assez représentatif sur le plan national.
Des transhumants politiques aux attitudes despotiques
Ces transhumants politiques qui ont rejoint Mamady Doumbouya se comportaient avant leur débauchage comme des petits despotes, irremplaçables dans leur famille politique.
Ils ont aussi refusé par exemple de céder leur place ou bien que l’alternance ne se fasse dans leur famille politique et cela malgré leur vacuité programmatique ou erreurs politiques de trop.
Quoi de plus normal dans un pays où l’ordre des choses est fortement perturbé.
C’est pourquoi, on observe que les acteurs politiques ou étatiques sont tous hostiles à la démocratie.
Ils se sont engagés en politique que pour mettre fin à leur précarité matérielle. Étant aujourd’hui avec le pouvoir, ils sont prêts à tout pour écraser leur famille politique d’hier.
Les agissements de ces derniers jours sur l’axe de la démocratie, où des groupes de jeunes manipulés de part et d’autres sont à couteau tirés, dont ces anciens opposants sont comptables le prouvent.
Car ces transhumants politiques identifient ces jeunes de l’axe de la démocratie pour les livrer aux tortionnaires du pouvoir militaire de Mamady Doumbouya.
C’est une élite oligarchique qui ne veut pas lâcher prise
Cette élite oligarchique même étant couchée à même le sol, gisant inerte dans les ruines encore chaudes du verrouillage de la démocratie qu’elle a voulu instaurer en Guinée, ne veut pas lâcher prise.
En se référant donc à la phrase célèbre de Lampedusa, la Guinée est vraiment ce pays où tout change pour que rien ne change.
Les oppositions guinéennes, pour leur majorité, ne sont pas crédibles, par leur vacuité programmatique, leur similitude avec le pouvoir qu’elles prétendent combattre et surtout, à cause de leur impossibilité à drainer l’espoir.
Elles sont depuis 66 ans même quand elles arrivent au pouvoir, à l’image de l’actuel Premier ministre guinéen Amadou Oury Bah juste désespérantes.
La Guinée ne regorge que de partis politiques avec des mêmes pratiques et donc les mêmes prototypes de politiciens…
De ce climat propice au découragement ne peut pas donc émerger une nouvelle forme de contestation avec de nouveaux porte-voix qui émanent du peuple, parlent sa langue et adoptent ses codes sociaux.
Difficile dans ce contexte de voir surgir des abysses de la société guinéenne, une nouvelle forme de contestation pour perturber le sommeil de la caste kleptocrate dans son confort et son mépris.
Ne soyons donc pas étonnés de voir, les anciens leaders de l’opposition politique se transformer en des caisses de résonance d’un pouvoir répressif et aggressiv.
Car ils étaient hostiles à la démocratie déjà au sein de leur famille politique.
C’est un cocktail explosif
Le cocktail actuel composé d’anciens opposants, d’anciens membres du gouvernement déchu d’Alpha Condé et de la junte militaire guinéenne est explosif.
Ils continueront alors à faire de la Guinée un pays de médiocres, corrompus et corrupteurs, de violence par excellence où les politiciens manquent de conviction et d’idéal.
Avec eux, la Guinée continuera d’être la terre des injustices, de l’ethnicité, de l’oppression et des opprimés, de l’ignominie et de la barbarie, de la haine et de la division.
Ce pays, château d’eau de l’Afrique occidentale, scandale géologique continuera d’être sans doute un scandale de la pauvreté, champion de l’obscurité et de l’obscurantisme.
Ils veulent rendre l’État guinéen sans âme
Étant hier avec le président Lansana Conté, président Dadis Camara, président Alpha Condé et aujourd’hui avec Mamady Doumbouya ou encore avec Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré, ils sont ceux qui torpillent toute aspiration au changement.
Et ils ne se gênent pas de rendre l’état guinéen sans âme.
Cet État va faire naître pour longtemps des cadres psychotiques et névrosés, pour lesquels la vie humaine n’a aucune valeur et l’humain ne sera jamais au centre de la société.
Pour cet État, le pauvre doit être humilié et rejeté, les voleurs de la république encensés, transformés en des chefs de Gang sans foi ou encore en des politiciens opportunistes sans vertu.
Ces cadres kleptocrates aux allures despotiques, dépourvus d’idées et qui veulent jouer pleinement le rôle de « de valets » aux côtés de leurs maîtres applaudiront tous ceux qui brillent par de l’indécence, l’injure et la bassesse politique.
Ils ne vont jamais accepter d’être cet homme politique soumis à une exigence de sérieux et d’érudition, conférés par un travail acharné sur soi et sur les thématiques qui interpellent le quotidien des populations.
Et d’ailleurs toutes leurs revendications ne se sont jusque-là focalisées que sur le partage du pouvoir et des richesses du pays.
L’espace public donne de la visibilité aux personnes hostiles à la démocratie
L’espace public guinéen qui doit être un terrain de compétition, des réponses aux préoccupations des citoyens est devenu plutôt cet endroit où des personnes sorties de nulle part, sans aucune valeur morale et attitudes démocratique, sans aucune carrière professionnelle peuvent sans effort occuper le sommet de l’Etat et transformés en héros et les vrais héros relégués aux oubliettes.
Et dans ce pays la plupart des gens considèrent la lecture comme une sorte de torture, puisque habitués à lire que tout ce qui est sensation, mensonge, propagande, diffamation, donc habitués à passer des journées sans écriture, sans lecture, sans journée matérielle.
Quel avenir voulons nous donner à nos enfants ?
Il faut juste savoir que le temps presse et il est surtout précieux et chaque année perdue ne peut être rattrapée et que « L’avenir n’est pas ce qui va arriver, mais ce que nous allons faire ».
D’ici là espérons que certains mouvements sociaux et partis politiques vont accepter de jouer le rôle de veille pour continuer à dénoncer à chaque changement de régime les mêmes méfaits.
Car dans cette lutte tout ne doit pas se résumer à la conquête du pouvoir.
En somme, il faudra apprendre à comprendre que l’espace public guinéen doit impérativement être aussi le lieu d’expression d’un discours soigné – même si ce dernier peut, bien sûr, garder sa verve, voire sa hargne, car il y a bien des raisons d’être en colère en Guinée.
#Aissatou Chérif Baldé