Guinée: Débauchage des cadres de L’UFDG, quelles conséquences pour le parti de Cellou Dalein Diallo ? 

Notre rédaction a appris hier soir d’une source très imprégnée des événements qui se préparent par la junte militaire guinéenne que beaucoup de cadres du parti politique UFDG sont sur le point de rejoindre le pouvoir militaire. 

Cette rencontre nocturne a eu lieu hier samedi 01 mars 2025 au palais présidentiel avec pour objectif d’amener les cadres de L’UFDG à être dans un pays prochain gouvernement d’union nationale en préparation. 

Selon notre source, les cadres de L’UFDG ayant participé à cette rencontre sont l’actuel porte-parole du gouvernement de transition Ousmane Gaoual Diallo d’une part et Lamine Diallo, Maladho Diallo, Cellou Baldé, Abraham Diallo et Mamadou Laly Diallo, ancien maire de la ville de Labé, d’autre part. 

Du côté du pouvoir militaire, on nous parle de Djiba Diakité, d’Amara Camara qui ont mené les négociations avec les cadres cités ci-haut. 

Toujours selon la même source, le chef de la junte militaire Mamady Doumbouya est venu à la dernière minute, juste après les négociations et pour féliciter les nouveaux adeptes du clan facho-ethniciste au pouvoir depuis le 05 septembre 2021 et prendre une photo de famille. 

Après le départ d’Alpha Bacar Bah, Souleymane Tchiaguel Bah, d’ Ousmane Gaoual Diallo, c’est au tour de ces membres influents du parti politique UFDG de l’ancien premier ministre Cellou Dalein, d’abandonner le navire. 

Un pouvoir assujetti à la pratique du débauchage

La junte militaire semble assujettie aux débauchages individuels. 

La méthode CNRD est claire, faire entrer des membres de partis d’opposition au gouvernement pour affaiblir et émietter carrément l’opposition. 

La junte est déterminée à aller chercher des personnalités isolées dans les camps adverses plutôt que d’organiser le retour à l’ordre constitutionnel. 

Une pratique désormais assumée comme une vraie stratégie politique afin de mettre en œuvre le projet de confiscation du pouvoir. 

Rien de surprenant dans ce pays 

Et dans ce pays, qui est la Guinée où tout change pour que rien ne change, les chefs d’États se prennent pour des vrais monarques à vie. 

Et la démocratie y a toujours été que de façade ou se présente sous forme d’alibi pour rendre la pérennisation des autocrates sadiques au pouvoir possible. 

C’est surtout un pays où pour les élites faire de la politique signifie mettre fin à sa précarité matérielle. 

Les élites politiques n’ont d’autres ambitions que d’avoir la maîtrise du code de conduite politique pour les nuls et être de la mouvance. 

Une normalité car le mode de fonctionnement de cet État n’a rien de démocratique. Il ressemble plutôt à une monarchie ou encore à un État despotique néo-patrimonial. 

Dans un tel État, la compréhension de la politique ressemble à un jeu de théâtre qui se joue dans des bas-fonds marécageux où ne se bousculent que des crocodiles affamés prêts à tout pour défigurer le vrai sens de la démocratie. 

Et tout apprenti politicien, notamment tout futur crocodile qui souhaite évoluer dans ces eaux troubles, ces marécages politiques guinéens doit avoir la maîtrise des données topographiques de ces bas-fonds pas comme les autres.

On tourne la veste du côté du pouvoir pour aller à la mangeoire, puis on la retourne dès que l’on est plus en bon terme avec le parti au pouvoir. 

C’est cela être opposant ou politicien en Guinée. 

Un fait devenu tradition puisque être dans l’opposition en Guinée rime avec pauvreté. 

Les mandats présidentiels sont interminables, par conséquent la carrière d’opposant aussi. 

Alors pour survivre, il faut aller à la mangeoire. 

Des débauchages aux conséquences plus ou moins graves 

Ces débauchages inédits pour un parti politique en Guinée, peuvent avoir des conséquences graves sur le parti politique de Cellou Dalein Diallo. 

Car le phénomène de transhumance politique est répréhensible et pose à la fois des problèmes d’ordre moral, éthique et juridique. Il révèle ses limites et entrave sans relâche l’enracinement démocratique en Guinée 

La junte s’en serve aujourd’hui parce qu’elle lui permet d’instrumentaliser des cadres des partis politiques en quête de quelques avantages matériels et de promotion politique 

C’est surtout une façon pour elle d’affaiblir les oppositions dont les cadres sont à la merci des majorités au pouvoir, de fragiliser les équilibres et les contrepoids nécessaires au bon fonctionnement de la démocratie, de cultiver et entretenir l’immoralisme en politique. 

Le retour à l’ordre constitutionnel n’étant plus à l’ordre du jour, favoriser cette pratique de nomadisme politique qui se présente comme des épisodes de reniements, de revirements, de ralliements d’anciens opposants, élus nationaux ou locaux, qui, démissionnent pour rejoindre la mouvance gouvernementale avec l’espoir de bénéficier de quelques avantages reste la meilleure stratégie politique en cette période d’incertitudes. 

Mamady Doumbouya fera donc du débauchage individuel son instrument politique favori, car les dérives liées à la transhumance politique constituent aujourd’hui l’essence de son pouvoir. 

Le parti politique UFDG risque certes d’être affaibli puisque dépouillé de ses cadres, mais le président Cellou Dalein Diallo peut profiter de ce débauchage pour restructurer le parti afin de lui donner avec la force des militants un nouveau souffle et élan. 

Révoltant pour celui qui est normal n’est ce pas?

La politique en Afrique notamment en Guinée semble être devenue la voie la plus facile pour s’enrichir rapidement.

C’est pourquoi plusieurs jeunes diplômés des universités se battent pour être bien vus des ténors politiques. Les réseaux sociaux et les sites en ligne sont à juste titre pleins des flatteries de tels jeunes. 

Car il suffit d’une nomination dans un cabinet et la vie prend une autre tournure. 

Belles voitures, sorties en restaurants chics, belles maisons, costumes italiens, belles femmes, billets d’avion, comptes bancaires garnis, etc.

La progression est tellement fulgurante que tous les jeunes guinéens se ruent vers la politique. 

Alors quoi de plus normal dans un pays où l’on ne séduit le peuple que par sa négativité?

C’est pourquoi celui qui est moins diplômé que vous, qui trainait dans les rues matin et soir à la recherche de sa pitance peut facilement commencer à vous narguer au bout de quelques mois car il est devenu très proche d’un certain homme politique bien placé. 

Et cela donne surtout envie n’est ce pas ? 

Alors comprenons pourquoi les cadres de L’UFDG acceptent le débauchage. 

Doit-on en rire ou pleurer, sacrés adeptes de la zerocratie et de la transhumance politique ?

Aissatou Cherif Baldé

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