La Justice guinéenne a ordonné ce vendredi 28 février 2025, la suspension de tous les Congrès annoncés par le parti de l’opposant politique Cellou Dalein Diallo (UFDG) Union des Forces Démocratiques de Guinée.
Cette décision intervient alors que le parti de l’ancien premier ministre Cellou Dalein avait prévu d’organiser un congrès extraordinaire en avril prochain, pour renouveler les instances du parti.
Mais le tribunal de première instance de Dixinn, a ordonné de tout arrêter jusqu’à ce qu’une décision définitive intervienne.
Comment interpréter cette décision?
La direction du parti politique UFDG est en conflit avec le porte-parole du gouvernement Ousmane Gaoual Diallo exclu du parti pour des motifs valables.
Il a contesté cette décision devant le TPI de Dixinn qui a par la suite déclaré le 27 juillet dernier que la décision de la direction du parti UFDG excluant Ousmane Gaoual Diallo était nulle et avait ordonné sa réintégration au sein du parti.
Une décision qui fut aussitôt contestée par la direction du parti UFDG à travers son vice-président Fodé Oussou Fofana.
Et pourtant cette ordonnance rendue en faveur de M Ousmane Gaoual Diallo intervient, alors qu’hier jeudi, le Cercle des Amis de Ousmane Gaoual (CERAG UFDG), annonçait de son côté la tenue d’un congrès.
On voit ici une décision politique rendue pour permettre au ministre Ousmane Gaoual Diallo, suspendu du parti politique UFDG de mettre main sur le plus grand parti politique du pays.
Lui, qui depuis son adhésion au CNRD suivi de sa nomination à de différents postes ministériels ne ménagent aucun effort pour essouffler son ancienne famille politique est soutenu dans ce bras de fer par la justice aux ordres du CNRD.
Le gouvernement de transition du CNRD qui a cessé d’être légal et légitime depuis le 01 janvier 2025 est dans une logique d’essoufflement des partis politiques, de désinformation, de campagne de dénigrement, de radicalisation du débat public, de creusement des inégalités sociales.
Le CNRD qui gouverne la Guinée d’une main de fer, ne se préoccupe que de leurs intérêts propres, associés à l’obsession de détruire les partis politiques.
Le chef du clan facho-ethniciste du CNRD, Mamady Doumbouya préféré désormais le fauteuil à l’intérêt du pays, son ambition personnelle à l’ambition de projet, le pouvoir à la vision politique de la société.
Pour atteindre cet objectif, il a besoin des satrapes comme Ousmane Gaoual Diallo.
Quelle doit être la réaction de L’UFDG face à cette suspension?
L’UFDG doit d’abord être en mesure d’anticiper et refuser d’être dans une position où il est contraint de réagir à chaque provocation de M Ousmane Gaoual Diallo.
Il doit être prévenant, car «en politique, rien n’arrive par hasard. Chaque fois qu’un événement survient, on peut être certain qu’il avait été prévu pour se dérouler».
Le leader de L’UFDG Cellou Dalein Diallo doit comprendre qu’il a à faire à des adversaires qui en réalité n’ont aucun intérêt à articuler la légitimité de leur pouvoir sur les institutions modernes telles que les élections démocratiques, inclusives, transparentes et légales.
Et ce pouvoir soutenu par les pouvoirs néocolonialistes sait que la négation du processus électoral comme base de légitimation du pouvoir politique conduit le plus souvent à la naissance d’un pouvoir autoritaire, personnalisé.
Pour ce faire, ils sont dans l’obligation de détruire tous les grands partis politiques qui peuvent les concurrencer sur le terrain.
Ce pouvoir actuel qui fabriquent des monstres des réseaux sociaux aiment les crises, les intrigues, et poussent les adversaires dans des erreurs, des pièges,.
Mais ce sont des faits qui ne surgissent pas par hasard.
Ils doivent donc vous servir d’indicateurs pour rectifier une trajectoire, explorer de nouvelles orientations, expérimenter un autre chemin.
Une innovation est impérative
Ce chemin est de commencer par ignorer les décisions d’une justice injuste aux ordres et de ne pas être tenté de faire recours contre une ordonnance rendue par la Justice d’un pouvoir agonisant et agressif.
L’UFDG doit impérativement innover et maintenir son congrès en organisant par exemple des élections en ligne, car il n’existe aucune loi guinéenne qui interdit un tel vote.
Du moment où il ne reconnaît pas le pouvoir en place, ce serait vraiment faire preuve d’ambiguïté et d’incohérence, s’il tente de faire appel à cette ordonnance de justice injuste.
Cellou Dalein Diallo doit faire usage d’une politique pratique, pragmatique calquée des réalités de son environnement, en prenant soin de comprendre le mode de fonctionnement de l’adversaire politique, le surprendre, le surpasser voire composer avec ses maux pour enfin conquérir le pouvoir.
À défaut, il sortira difficilement victorieux de cette lutte.
Aïssatou Chérif Baldé