Les signes envoyés par le régime militaire guinéen depuis quelques mois prouvent à quel point ce pouvoir est acculé sur fond d’hérésie et de démesure.
Ce Kidnapping de M Abdoul Sakho, membre influent de la société civile guinéenne par les forces spéciales hier nuit à Conakry démontrent les limites d’un pouvoir excessif.
On constate que Mamady Doumbouya souffre de la maladie du pouvoir qui se manifeste par un excès de confiance en soi, de l’arrogance et un mépris pour les limites ou les conseils des autres.
L’attitude va-t’en-guerre des membres du gouvernement de transition, la campagne de confiscation du pouvoir organisée dans le pays, le mensonge d’Etat érigé en norme et repris par le ministre des affaires étrangères et des guinéens de l’étranger Morisandan Kouyaté, le manque de volonté politique de la junte militaire à décrisper la situation sociopolitique, des politiques publiques inefficaces sur fond de changement cosmétique démontrent que Mamady Doumbouya a perdu le contact avec la réalité.
On rame encore beaucoup, des imposteurs, usurpateurs, avec une soif de pouvoir inextinguible et des gens qui veulent être en avant : une situation pour expliquer l’état de déliquescence, de décrépitude, dans lequel se trouve la junte militaire.
Entouré de personnes comme Morisandan Kouyaté, Ousmane Gaoual Diallo, Amara Camara, Balla Samoura, Sidiki Camara qui lui disent ce qu’il veut entendre, Mamady Doumbouya ne se préoccupe plus des conséquences inhumaines de ses décisions irrationnelles.
Et à travers les sorties pleines d’ambiguïté du premier ministre Bah Oury, on voit bien qu’aucun fil conducteur n’est établi entre les institutions dirigeantes du pays.
Chacun jette son bonnet par-dessus le moulin
La Guinée est tout simplement gérée par des individus souffrant de la maladie du pouvoir ayant perdu toute orientation, toute connexion à la réalité.
À l’évidence, les nouveaux tortionnaires de Conakry ont compris que leur méthode est meilleure que celle de leurs prédécesseurs. C’est pour cela qu’ils agissent de manière atypique en infligeant de petits coups bien dosés et répétés aux activistes de la société civile et aux opposants politiques.
Car cette méthode fait plus de mal et détruit plus que la cruauté virulente et expéditrice.
Les liens de confiance entre elle et les principaux acteurs politiques et sociaux sont plus que jamais au point mort.
Un blocage de la transition politique voulue par la junte
Le blocage de la transition démocratique, est donc délibérément voulu par un pouvoir démesuré qui est pour le moment pris en otage par un clan factionnel, mafieux,ethniciste nostalgique du régime despotique du PDG-RDA.
Elle remet donc en question tout le système de gouvernance guinéen établi depuis 1958.
Pourtant, le peuple de Guinée malgré l’achat de conscience organisé en masse aspire à un changement en profondeur qui exige la participation directe du citoyen.
C’est l’une des raisons premières qui empêche les citoyens guinéens conscients de soutenir aveuglément la junte militaire au pouvoir dans ses dérives dictatoriales.
Cette situation a pris à contre-pied le CNRD y compris ses caisses de résonance.
D’où son envie de vouloir faire prévaloir des intérêts partisans et individuels et pour le seul bénéfice d’un clan hégémonique ethniciste.
Pour ce faire, il faut faire taire toute velléité de changement et toute opposition au régime alimentaire.
Pourtant, il est impossible pour un citoyen, conscient, de supporter un pouvoir devenu irrespirable qui arrête, tue, kidnappe arbitrairement des individus pour des délits d’opinion.
Sous le régime de Mamady Doumbouya même un simple diplomate se croit tout permis.
Certains diplomates nommés sur fond de népotisme et calculs ethnicistes ne se gênent pas d’opposer la diaspora guinéenne, d’intimider tous ceux qui au sein de la diaspora guinéenne de l’Allemagne ne parlent pas le langage du truand.
La fin de la transition politique tout comme aller vers l’apaisement n’ont plus de place dans ce pays.
Un coup d’État françafricain pour régénérer le côté obscur du PDG-RDA
On a comme l’impression que le coup d’État militaire du 05 septembre 2021 est juste une autre tentative de régénérer le système mafieux basé sur une politique de haine, de division et d’oppression existant depuis l’indépendance.
Mais quoiqu’il en soit, la junte guinéenne demeure pour l’heure que l’incarnation du côté sombre du pouvoir du PDG-RDA. Car elle exerce un pouvoir militaire françafricain qui singe le panafricanisme tant chèr au président Ahmed Sékou Touré et qui fait donc allégeance au néocolonialisme.
Elle se joue tout simplement du peuple et du panafricanisme.
La junte militaire guinéenne crée intentionnellement un climat de terreur afin de pouvoir se pérenniser au pouvoir.
Et c’est son seul trait-d’union avec le PDG-RDA.
C’est pourquoi la position va-t’en-guerre du gouvernement de transition, tout comme celle de la junte se durcit.
Et c’est pourquoi le développement de ce sentiment d’invulnérabilité et de supériorité.
L’armée doit se ranger du côté du peuple
On ne peut plus faire la promotion des régimes militaires en Guinée. Ils ont fait couler beaucoup de sang guinéen.
L’armée doit saisir cette opportunité pour se démarquer du machiavélisme entretenu par un groupe composé de caste de jouisseur, de profiteurs nuisibles d’occasions, de médiocres et d’imposteurs habitués des couloirs.
Car ce groupe ne peut pas continuer à s’éterniser au pouvoir du moment où l’on n’est pas en situation de guerre.
L’armée doit donc se ranger du côté du peuple tout en assumant son rôle de protectrice du pays.
Elle peut donc écrire l’histoire guinéenne mais à condition qu’elle accepte d’assurer sa neutralité pleinement face à la situation actuelle.
Nous faisons face à un régime agonisant et désemparé, accablé aussi par des scandales financiers, bradages de terres, litiges fonciers, un mépris total des politiques et du peuple, un néocolonialisme économique, un chômage endémique des jeunes, l’injustice, immigration mortelle à l’image de celui de son prédécesseur.
La Guinée doit enfin s’affranchir des chaînes du mépris des acteurs étatiques du moment et de leur gestion qui ne convainc plus.
Il est grand temps car l’ancien légionnaire français Mamady Doumbouya a trahi l’espoir au changement du peuple.
Alors il faut tenir bon tout en opposant un refus catégorique à la politique de division, de manipulation des ethnies guinéennes pour aboutir à l’éviction de ce pouvoir démesuré.
Le libérateur est devenu oppresseur. La boucle est bouclée, c’est la fin du récit.
Aïssatou Chérif Baldé