En Guinée les années se suivent, mais les problèmes restent les mêmes!
Depuis le putsch militaire françafricain du 05 septembre 2021, la Guinée vit entre violence, instabilité politique, impunité et corruption incessante, scandales financiers inédits où opposition et les kleptocrates putschistes s’accusent mutuellement d’être à la base de la tragédie et l’instabilité politique que vit ce pays depuis l’arrivée au pouvoir du chef de la junte Mamadi Doumbouya.
Mieux la décision de la junte militaire de faire du retour à l’ordre constitutionnel pacifique lettre morte, avec cette ferme volonté d’imposer au peuple de Guinée, un pouvoir excessif fondé sur le nationalisme ethnique, le clientélisme, la kleptocratie, poussent l’incertitude et le désespoir à gagner davantage du terrain tout en présentant la Guinée sous une physionomie de plus en plus inquiétante.
La situation semble depuis un an se dégrader davantage parce que le premier responsable du putsch militaire sanglant, malgré la situation crisogène qui y prévaut, soldée de perte en vie humaine, d’emprisonnement et Kidnapping d’opposants politiques, d’assassinat de prisonniers politiques, de restrictions des libertés individuelles, refuse de faire profil bas pour décanter la situation et surpasser cette période de crise et préférant ainsi montrer des tendances de plus en plus autoritaires.
Le peuple a cru que cet énième putsch militaire allait être salvateur
Et pourtant la population guinéenne vouait à son arrivée à la tête de l’Etat guinéen (si Etat y’en a), un avenir prometteur.
Il a cru que cet énième putsch militaire allait être salvateur.
Sauf que, cet espoir s’estompe peu à peu, laissant place à un désespoir total de la population et surtout la couche juvénile qui se trouve aujourd’hui confrontée à toute sorte de maux (chômage, violence, manque d’éducation, immigration clandestine, profilage ethnique, injustice) d’une nation sans Etat.
Parlant de l’immigration, les jeunes guinéens continuent de perdre leur vie en méditerranée et dans l’indifférence totale du gouvernement guinéen.
Depuis 2021, sur la route de l’Europe, plusieurs jeunes guinéens ont perdu leur vie en méditerranée.
Pendant ce temps, la population guinéenne voit s’agiter des acteurs étatiques exposant leur style de vie luxueux de façon ostentatoire.
Mais sur le terrain, le quotidien du peuple tarde à changer.
Les routes goudronnées, les écoles ou les hôpitaux sont toujours aussi rares dans le pays. Certaines régions de la Guinée vivent en marge de tout progrès. Et le temps semble s’arrêter dans ce pays…
Des putschistes qui gouvernent sans direction et contrôle
Nous avons en face des putschistes qui pensent que gouverner signifie des flatteries, des mensonges d’Etat à l’image du projet Simandou, dans le déchaînement des passions bonnes ou mauvaises, avec un pouvoir s’exerçant sans direction ni contrôle et un peuple abdiquant devant des impulsions aveugles et contradictoires.
Or gouverner, c’est prévoir, c’est avoir le sens de l’écoute et c’est adopter une attitude de l’ordre de la vérité, de l’honnêteté, de la droiture et des valeurs.
Et avec un nombre record de ministres et de partis politiques pour une population d’environ 12 millions d’habitants, les cadres ne manquent pas.
Mais la Guinée est gangrenée par la corruption, l’ethnicité, le népotisme, le clientélisme, la transhumance politique «Chacun veut sa part du gâteau ».
Il est évident que les ambitions personnelles l’emportent sur le souci d’édifier un État stable dans la continuité et de répondre aux besoins de la population.
Et dans ce pays fort de plusieurs peuples différents, où l’identité ethnique prime encore sur l’identité nationale, tout incident peut déboucher sur des violences interethniques.
Mais les acteurs étatiques et politiques n’y prêtent pas attention, puisque préoccupés à perpétuer le pillage, la corruption organisée, la cooptation, la politique du ventre pour instaurer un système de patron-client entre eux et le peuple..
Et un peuple, qui par manque de culture politique, d’identité nationale commune forte et d’éducation, n’a d’autre choix que de suivre des acteurs étatiques et politiques inefficaces, égoïstes et égotiques.
C’est-à-dire une classe politique versatile habituée à des compromissions contre nature pour avoir des postes ministériels ou pour participer au maintien du pays dans les mains des pillards, des apprentis dictateurs et des médiocres.
Des faits qui mettent en évidence que la Guinée est un pays où l’ordre des choses est fortement perturbé. Un désordre, une image de la décadence que vit le pays , voulu pour désorienter et semer plus de chaos.
De la violence postélectorale en passant par des putschs répétitifs, le non respect de l’alternance démocratique, la défiguration de la démocratie guinéenne, la violation grave des droits de l’homme, la corruption, la division démontrent ici à suffisance que le pouvoir militaire françafricain a pris de l’eau.
Un pays malade de son élite
On voit bien que ce pays est surtout malade de son élite ethniciste et clanique qui à cause de la lutte factionnelle, exacerbée et une montée des tensions sociales et politiques pour le contrôle suprême de l’État contribue à façonner la société guinéenne comme jadis le colon « diviser pour régner ».
Pour cette classe politique, l’édification d’un État de droit n’est point leur souci.
Et c’est pourquoi d’ailleurs, elle tolère les contournements des lois, la substitution des lois de la République par des accords, la défiguration de la démocratie guinéenne et maintenant l’enterrement du retour pacifique à l’ordre constitutionnel.
Face à la détérioration de la situation économique et politique du pays, il est alors impératif et urgent d’avoir une classe politique efficace et responsable en Guinée qui suppose des individualités intègres et compétentes en la matière.
Car il faut comprendre que, à part quelques nominations aux postes ministériels ou de premiers ministres, les femmes et hommes politiques, crédibles, engagés en politiques n’ont jamais eu l’opportunité de tenir les gouvernails de ce pays.
Les partis politiques d’opposition à cause de leur ego démesuré, suivi d’amateurisme, d’incohérence et d’inefficacité ont du mal à se constituer en un vrai contrepoids politique.
Certains de ses responsables politiques ne voyant actuellement aucune perspective d’avenir, puisque le pouvoir militaire ne veut pas partir et que même s’il organise des élections, c’est pour les gagner, se rallient sans gêne au pouvoir françafricain.
Alors de fil à aiguille, la contagion gagne et s’installe dans l’esprit des acteurs politiques et est devenue une règle, puisque tous les ministres et cadres de l’ancien régime ou de l’opposition veulent tous être avec les autorités militaires pour avoir leur part du gâteau.
Ainsi, s’ensuit l’impunité qui favorise la corruption, la transhumance politique et fait du chef de la junte militaire, un démagogue, déloyal qui n’a pas le courage de faire de son slogan « la justice notre boussole », une réalité.
Les gouvernants en Guinée deviennent alors des corrupteurs et des corrompus à la fois. Tel est le cas aujourd’hui en Guinée.
Quelle leçon et quel message du civisme?
Quelle leçon et quel message du civisme, de moralité, d’éthique et d’intégrité venant au plus haut sommet de l’État qui n’hésite pas à soudoyer à coup de millions de francs guinéens pour parvenir à ses fins !
Et après on s’étonne de la propagation de l’incivisme, des scandales financiers persistants.
Alors pour déboulonner ce système mafieux en Guinée, il faut avoir des hommes et femmes politiques forts de caractères et engagés, intègres et crédibles.
Car on ne peut pas se passer d’une classe politique quelque soit la dégradation économique et sociale du pays et quelque soit le témoignage négatif qu’ont laissé certains responsables politiques.
Favoriser l’alternance, de nature à donner une bouffée d’oxygène à la classe politique en friche, avec une autre manière de faire de la politique autrement, reste incontournable. Le Renouveau, reste donc l’une des solutions crédibles pour redorer son blason et renouer confiance avec le peuple.
Il est vrai que je suis de ceux qui jettent toujours des pierres à la classe politique, tout parti confondu.
Mais ma démarche s’inscrit dans une pensée positive pour la refondation et le renouveau de la classe politique guinéenne et travailler au renouvellement des ressources humaines.
« Faire de la politique c’est faire le choix de servir son pays et non se servir de son pays pour des raisons égotiques et égoïstes ». C’est un engagement dans un esprit de responsabilité.
Un pays ne peut pas se passer de sa classe politique:«ce n’est pas une question d’hommes, de femmes, d’époque ou d’appartenance régionale, ethnique ou socio- culturelle, mais un principe habité dans un état d’esprit de service et de responsabilité »
Aissatou Chérif Baldé.