Guinée: le scandale du bradage des ressources minières de trop orchestré par la junte militaire. 

La mise en œuvre en avril dernier du projet d’exploitation du minerai de fer du mont Simandou où la Guinée ne détient que 15% des actifs contre 42. 5% pour Rio Tinto Simfer et 42.5% pour Winning Consortium Simandou est une preuve alarmante du pillage des ressources minières du pays. 

Ce bradage scandaleux nous a prouvé que nous sommes en face d’un pouvoir des pillards prêts à brader les immenses ressources minières et énergétiques du pays dans le seul but de s’enrichir en appauvrissant le peuple. 

Le récent rapport de l’ONU qui dénonce la détérioration des droits humains et l’augmentation de la pauvreté depuis l’arrivée de la junte militaire au pouvoir en septembre 2021 illustre cette évolution inquiétante en Guinée. 

Le mémorandum scandaleux de Mourana Soumah 

En effet la publication d’un mémorandum d’entente entre la junte militaire guinéenne et le  Consortium SEESEA sur un partenariat économique stratégique dont nous détenons copie est un scandale de trop. 

En parcourant ce memorandum on se rend compte que la junte militaire guinéenne pilotée par l’ancien légionnaire français Mamady Doumbouya s’est engagé dans une course de bradage des ressources minières, qui entrave pourtant le développement du pays. 

Elle a besoin de l’argent pour remplir ses caisses noires. Et pour ce faire il faut tout mettre en œuvre pour faciliter le bradage des ressources minières guinéennes avec l’accompagnement des réseaux mafieux et des cadres du ministère de l’économie et des finances, du ministère des mines et ceux du CNRD cloîtrés au palais présidentiel du pays, transformé en une sorte de bazar des pillards. 

« Et c’est pourquoi dans ce mémorandum d’entente, il était question que la junte militaire guinéenne obtienne du Consortium asiatique SEESEA un prêt sans intérêt à hauteur de deux milliards de dollars pour la construction d’infrastructures ciblées qui seront réalisées conformément au plan suivant: 100 millions de dollars versés en décembre 2024, 200 millions de dollars en 2025,. 200 millions de dollars en 2025, 400 millions de dollars en 2026, 500 millions de dollars en 2027, et 800 millions de dollars en 2028, avec une période de remboursement allant de 2027 à 2040 ». 

« Le mémorandum stipule aussi dans son article 2.1. 2 d’accorder un prêt sans intérêt de deux milliards de dollars à la junte militaire guinéenne dont 50% allaient être utilisés pour réaliser des projets prioritaires de la junte militaire ». 

En contrepartie, le Consortium SEESEA comme le stipule le mémorandum dans son article 2.1  alinéa 1. allait créer une banque offshore sur l’île Kassa, allait se concentrer sur le soutien à l’exploitation minière en Guinée (en particulier le minerai de fer, de nickel, de bauxite, d’uranium..) au développement de projets agricoles et sécurité nationale… 

« La junte militaire guinéenne devrait accorder au Consortium SEESEA une priorité de négociation avec les autorités militaires sur le développement des projets miniers, de fer, de bauxite et or en Guinée, y compris ceux qui sont à exploiter, qui sont partiellement exploités, suspendus ou disputés ». 

En résumé, l’actuel ministre de l’économie et des finances Mourana Soumah, sur injonction de Mamady Doumbouya allait donc pour la somme de deux milliards de dollars confier la gestion entière des ressources minières du pays à une multinationale étrangère.

Une décision scandaleuse qui met à nu le degré d’irresponsabilité et d’insouciance des cadres guinéens. 

Et le communiqué du ministre de l’économie et des finances publié ce mercredi 21 août 2024, faisant état de la résiliation du mémorandum est motivé par le fait qu’il soit connu du public guinéen et rien d’autre. 

Et dans un pays où l’ordre des choses n’est pas forcément perturbé, l’actuel ministre de l’économie et des finances devrait démissionner. 

La transparence liée à la gestion des ressources minières et de la chose publique est un tabou 

Ce gouvernement de transition guinéen composé que de pillards, manifestement satrapiques, sous tutelle des réseaux françafricains et multinationales mafieuses ont horreur de la transparence lorsqu’il s’agit de la gestion des ressources minières et de la chose publique. 

Pour qu’ils puissent profiter du pillage et du bradage des ressources naturelles du pays, les accords d’exploitation minière ne doivent pas être connus du public guinéen. 

Après plus de 60 années d’indépendances, les richesses du pays ne profitent qu’à une minorité élitiste, au détriment de l’ensemble du peuple de Guinée.

Convaincus que la Guinée est un héritage familial, le pays tout comme le peuple ne doivent pas profiter de ses ressources minières. 

Ce sont des individus comme Mourana Soumah, Mamady Doumbouya, les réseaux mafieux et les multinationales étrangères qui ont le privilège de bénéficier des ressources minières du pays. 

C’est pour toutes ces raisons qu’il y a plusieurs scandales autour de l’exploitation des ressources minières guinéennes. 

Le scandale lié à l’exploitation du projet d’exploitation du minerai de fer du mont Simandou et d’autres dans la région de Boké, où les redevances qui devraient être payées à l’Etat sont le plus souvent sous-estimées avec la complicité des guinéens restent la règle. 

La perte financière pour l’État sans oublier l’impact négatif de ces bradages sauvages sur l’environnement sont énormes. 

Pourtant en misant sur la bonne gestion de ressources minières, on pourra aider le pays à surmonter les difficultés auxquelles il fait face actuellement notamment sur le plan économique et énergétique. 

La rente minière est une grande opportunité pour la Guinée. 

Mais il faut impérativement maîtriser le système d’exploitation de nos ressources minières. Dans ce cas on peut dégager les moyens pour rattraper le retard que nous avons par rapport au développement des autres secteurs du pays notamment le secteur pro-pauvres, le secteur de l’énergie, d’eau, de santé, d’éducation etc… Les ressources minières peuvent également nous permettre d’avoir assez des moyens pour développer toutes les infrastructures routières, aéroportuaires, ferroviaires. 

Pour y arriver, on a pas besoin de mettre le pays sous tutelle des réseaux françafricains, des multinationales étrangères ou de recruter des cadres véreux sur fond de calculs ethnicistes et de népotisme surtout. 

Mais lorsqu’un régime militaire recrute d’anciens voleurs de la République et en fabrique de nouveaux voleurs plus gourmands que les anciens dans le seul but de s’éterniser au pouvoir, le résultat des réformes ne peut être qu’un échec. 

Et un ministre de l’économie et des finances comme Mourana Soumah ne peut ébranler le pays que par de tels retentissants scandales dans le domaine des mines, source de convoitise, d’exploitation sauvage, de bradage, de l’immigration climatique et de destruction environnementale. 

Aïssatou Chérif Baldé 

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