La descente musclée de sa milice sur l’axe ces deux derniers jours suite à un appel à manifester des forces vives soldées de six morts.
La mise en avant d’un avant projet de Constitution sans substance et esprit même d’une loi fondamentale digne de ce nom.
Et enfin les différents verdicts rendus hier 31 juillet 2024 à Conakry dans le procès du 28 septembre 2009 où l’ancien président Dadis Camara et certains de ses proches ont été condamnés pour crimes contre l’humanité nous montre le caractère imprévisible, versatile d’un monarque machiavélien.
Lorsqu’on déchiffre ses actions on y voit aucune rationalité.
C’est plutôt bien des calculs et stratégies de type machiavélienne que l’on découvre.
Et « le machiavélisme désigne une conception de la politique prônant la conquête et la conservation du pouvoir par tous les moyens ».
On voit à travers ses agissements que c’est en quelque sorte une façon pour le chef de la junte militaire de se présenter comme un prince machiavélien, c’est-à-dire quelqu’un qui utilise la vertu contre la « fortune » – les circonstances hostiles.
Il s’attendait à ce que le peuple accueille sur fond de stupéfaction la condamnation de l’ancien président Dadis Camara par exemple en fanfare puisque la condamnation d’un ancien président pour crime contre l’humanité, dans cet État violent est un fait inédit.
Mais il oublie qu’il a torpillé l’aspiration au changement et imposé un pouvoir despotique aux peuples de Guinée.
Il n’est pas donc différent de ceux qui sont condamnés aujourd’hui par une justice injuste.
Et pourtant ce que Machiavel considère dans Le Prince comme un coup d’autorité qui laisse le peuple étonné et stupéfait, ne produit pas du tout les effets attendus.
Car en réalité, il existe des structures plus profondes dans la vie politique et également des effets imprévisibles des actions humaines qui font que les grands coups d’autorité sont souvent voués à l’échec.
Donc ce qu’il considère comme un grand coup d’autorité est plutôt voué à l’échec.
Et la volonté de surprendre tout le peuple de Guinée sur fond de calculs ethnicistes et de division en ne faisant condamner que les militaires issus de la forêt et de couper l’herbe sous le pied des opposants politiques sur fond de tactique suprême machiavélienne, de déjouer ses adversaires et de prendre audacieusement la fortune met à nu son échec et son attitude imprévisible.
Nous ne pouvons pas accepter la politique et la démocratie-fiction, avec une constitution sans valeur et esprit de la lettre, sans sacralité et rigidité dont la finalité est de nous imposer une monarchie absolue.
Nous sommes assoiffés d’un État réformé selon les grands principes de la liberté et de l’égalité.
Il veut s’éterniser au pouvoir
C’est un chef militaire qui compte désormais se maintenir au pouvoir par le vide serial. Il aura contribué plus que tout chef d’Etat avant lui à la normalisation du discours populiste, démagogique et divisioniste.
Juste après la réaction irresponsable de son puissant homme à tout faire, le colonel Amara Camara à l’encontre des parents des victimes du camp Boiro dans l’affaire de la rebaptisation de l’aéroport de Conakry, ces calculs apparaissaient.
Il a été convaincu dès lors convaincu que pour que sa transition politique arrive à prendre une allure de mandat, il lui faut jouer sur la carte du divisionnisme, de l’ethnicité.
Et il a reçu son pari, puisque les sékoutoureistes étaient montés au créneau pour défendre la rebaptisation de l’aéroport de Conakry.
Pendant le procès du 28 septembre 2009, ils ont fait joué Toumba Diakité du Théâtre afin que celui obtienne la sympathie des autres régions et pousser à l’isolement des populations de la forêt, dans le but de l’opposer aux autres.
Très tôt, il a commencé à dérouler son plan de divisionnisme pour cracher sur le cadavre fumant de la nation guinéenne.
Mamady Doumbouya est donc dans l’esprit du fantasme, complotisme d’un groupe occulte restreint qui se veut “alternatif” agissant dans l’ombre pour accomplir un but machiavélique.
Ces théories du complot familières à ce clan ont toujours remis au goût des discours d’inspiration ethnicistes, divisionnistes leurs donnant ainsi une coloration moderne dangereuse.
Sur fond de haine d’une grande majorité des guinéens, surtout la communauté Foutanke de la Guinée, elles sont sous entendue par une idéologie réactionnaire qui se nourrit des problèmes sociopolitiques guinéens.
Et cette situation ne doit pas changer, car en bon conspirationnistes ils en tirent gratification sociale et financière.
Une partie du peuple, toute ethnie et toute classe sociale confondue observe, soutient, goguenardes, faussement affectées la Guinée qu’on abat ; et écrivent d’un air las et dédaigneux, des pages d’une histoire de la nation guinéenne, très sombre.
Une situation devenue la règle, pour un peuple qui a décidé de se rassembler sur son élite, sur sa communauté, son ethnie, donc refusant defacto l’édifice d’une nation prospère, résiliente et solidaire.
Pire encore au sein de ce clan existent ceux qui veulent être la carte juridique des pouvoirs impérialistes occidentaux.
Désormais tout porte à croire que le monarque machiavélien est un laquais de l’impérialisme mélanophobe français.
Donc pas besoin de s’indigner face aux exactions inhumaines de ce clan.
Car il est juste en train de suivre le chemin tracé par son prédécesseur.
Pourquoi d’ailleurs s’indigner, du moment où en dépit de tout, son clan continue de prospérer, malgré qu’il soit affligeant, incompréhensible et injuste.
Et que le peuple a fait le choix de l’apathie, de tolérer l’inacceptable et de se mouvoir dans un oubli amnésique.
Ce peuple ou du moins une grande partie du peuple est ainsi prêt au nom de l’ethnocentrisme politique, à cause des avantages sociaux, des décrets qui pleuvent depuis trois ans à recycler tous les bourreaux d’hier et toute cette élite qui est corrompue et corruptible.
En Guinée, le peuple donne du sang vierge à tout ce qui a trait au mensonge, perfidie, manipulation, division.
Donc des Mamadys Doumbouyas, on en aura toujours en Guinée.
Le chef de la junte Mamadi Doumbouya a réussi son premier pari, celui d’une dédiabolisation aussi rassurante de la répression en Guinée.
Aïssatou Chérif Baldé