La disparition tragique de General Sadyba Koulibaly annoncée par la junte militaire guinéenne cette semaine présente la Guinée sous sa face la plus sombre et hideuse.
Des inquiétudes, des interrogations demeurent.
Déjà on assiste ouvertement à la mise en place des mouvements de soutien à l’ancien légionnaire français Mamady Doumbouya, soutenu par l’État français avec pour objectif d’enterrer le processus de démocratisation en Guinée.
Aucun être lucide ne peut se vanter d’être le premier d’un tel État
Car dans les conditions actuelles, on nous impose un État miséreux, incapable d’élever la condition humaine de son peuple, d’assurer par ses moyens puissants le développement harmonieux de sa population, de créer un environnement réellement propice au développement dans lequel elle peut évoluer.
Nous avons un État miné par les maux économiques et sociaux tels que manque d’eau, d’électricité, l’irrespect de la dignité humaine après plus de six décennies d’indépendances, violences et violation grave des droits humains; des maux affligeants notre société, une société sans repère avec une dictature militaire sanglante et irrespirable.
Alors Mamady Doumbouya, à quoi ça sert vraiment d’être le premier d’un État où vous avez tout sacrifié, où rien n’aboutit, un État qui rapetisse ses citoyens pour en faire des instruments dociles?
Vous refusez depuis bientôt trois ans de gestion catastrophique du pays, le droit au développement du peuple de Guinée.
Et vous encouragez l’intolérance au savoir, pour ainsi célébrer les médiocres et faire en sorte que les richesses du pays ne profitent au peuple, favorisant la naissance d’une société qui ne se repose pas sur des valeurs communes de solidarité, de justice sociale et de respect des droits de l’homme.
Pourtant vous conviendrez avec moi que la Guinée n’est pas dans cet état de retard par suite du manque de personnel qualifié pour la développer et qu’elle ne manque pas d’électricité par manque de centrales hydroélectriques.
Les raisons les plus profondes du retard économique de ce pays tout comme les symptômes de son sous-développement se trouvent à l’intérieur et bien évidemment en vous et votre clan.
Car vous avez fait le choix en tant que putschiste d’assassiner le héros en vous et de faire de la violence d’Etat, des violations graves de droit de l’homme et des droits humains la règle et la norme régissant notre nation.
Vous avez décidé d’encourager la production de la pauvreté et le maintien des populations guinéennes dans les conditions de servitude les plus inimaginables en érigeant un système néopatrimonial basé sur: une extrême personnification du pouvoir, sur un système fort de clientélisme et de patronage, et sur une mauvaise utilisation et répartition des ressources de l’État.
L’État c’est aussi nous autres
Pourtant ces maux et ses instruments perfides sur lesquels reposent votre pouvoir ne pourront pas faire taire tout le monde.
Car l’Etat guinéen c’est aussi nous autres qui avons refusé de faire allégeance à votre pouvoir despotique, violent, divisionniste et médiocre.
Mieux, la valeur d’un État repose sur les individus qui la composent.
Fort heureusement, tous ces individus ne peuvent pas être comme vous.
Votre pouvoir composé de petits hommes comme Amara Camara, Djiba Diakité, Sidiki Camara dit Idi Amin ne peuvent accomplir rien de grand
La situation de cul sac actuel du pays le démontre aisément.
Votre gouvernance est axée sur un paradigme autoritaire/patrimonial prédominant, y compris des violations des droits de l’homme, un clientélisme systématique, la corruption et le mauvais usage des ressources de l’État, la détérioration du domaine public, comme l’illustrent la petite corruption des bureaucrates de base ainsi que la corruption à grande échelle de nombreux responsables au sein de la junte militaire et au sein du gouvernement de figuration de Bah Oury.
Et dans ce cas, M Mamadi Doumbouya, un être lucide qui ne souffre pas de la maladie du pouvoir, qui ne veut pas appartenir aux clans des fachos « préférerait de loin être le millionième d’un ensemble solide, puissant, riche, écouté dans le monde, respecté dans le monde, seule capable d’assurer par ses moyens puissants le développement harmonieux de la société guinéenne, seule capable d’élever la condition humaine des guinéens, que d’être le premièr dans un État miséreux, incapable de donner l’électricité et l’eau à son peuple même en période hivernale».
Mais tenez vous bien, ces ténèbres n’auront jamais de nom éternellement. Cette cruauté, cette haine,cette injustice, cet égoïsme de votre pouvoir guinéen, cette indifférence non plus.
Et « de la même manière que la flamme d’une bougie brille de sa lumière la plus vive avant de s’éteindre ».
Nous voulons croire que nous assistons aux derniers soubresauts d’une période historique qui se meurt, celle d’une Guinée piétinée par ses enfants.
Aïssatou Chérif Baldé