Les récentes sorties du Premier ministre Amadou Oury Bah où il accuse des anciens dignitaires poursuivis par la Crief de refuser de comparaître devant la justice guinéenne nous fait comprendre que lui aussi est contaminé par la maladie du pouvoir.
Il se livre depuis sa nomination à un marathon de communication avec des réactions polémiques, confusionnistes. M Bah Oury au lieu de fixer son cap politique qui va dans le sens de l’apaisement, de l’unité et du retour à l’ordre constitutionnel, fait des annonces qui viennent en une salve de verves, comme pour saturer l’espace politico-mediatique..
Pour lutter contre la corruption,on doit faire preuve d’exemplarité
Pour revenir sur la question des poursuites judiciaires d’anciens dignitaires (Cellou Dalein Diallo, Damaro Camara, Kassory Fofana) engagées par la junte militaire, il y a lieu de se poser la question si l’on peut en tant que régime militaire, gouvernement de transition prétendre combattre la corruption organisée sans faire preuve d’exemplarité?
La réponse est non, bien sûr.
C’est un travers, un défaut de la junte qu’on dénonce depuis des mois pour faire changer les choses ou au moins faire réagir et réfléchir, mais en vain.
Pourtant pour une question d’éthique, d’exemplarité et de probité, les membres du gouvernement de transition guinéen auraient dû aussi procéder à la déclaration de leur patrimoine.
Mais depuis la prise du pouvoir par le CNRD, ni les membres de la junte, ni les membres du CNT, ni les membres du gouvernement françafricain, ni l’actuel Premier ministre Amadou Oury Bah n’ont déclaré leur bien avant la prise de leur fonction.
Le Premier ministre Amadou Oury Bah prompt à supporter la fermeture des médias guinéens, à lancer des piques aux anciens dignitaires du pays en l’occurrence Cellou Dalein Diallo; à tordre le coup à la transition politique en cours et par conséquent pervertir la démocratie en empruntant le chemin des putschistes pour des raisons fonctionnelles, égoïstes et égotiques reste pourtant muet sur cette question d’une grande importance.
Il cherche à noyer cette question et n’arrive pas à fixer son cap politique et dire aux Guinéens pourquoi le retour rapide à l’ordre constitutionnel n’est pas vraiment possible.
Son gouvernement parallèle à celui du colonel Amara Camara et Djiba Diakité tapis au palais présidentiel donne l’impression de par sa position parfois confuse et controversée, d’être submergé par l’angoisse devant ce vide qui provoque l’ambition, ce goût du pouvoir démesuré, cet acharnement à posséder par tous les moyens.
Et il n’est pas donc étonnant que par rapport à certains agissements adroits du CNRD, que le peuple doute de sa bonne foi.
Le peuple sait désormais qu’il demeure des trous dans la raquette et pour tout dire, comme pour tout ce qui concerne de près ou de loin la justice, des défauts congénitaux.
On sait aussi désormais que vous ne pouvez pas inculquer dans la tête des guinéens ceci:
« Sache vivre de ce que tu as justement acquis : méprise les richesses que procure l’iniquité. Contente-toi de ce que tu possèdes, abstiens-toi de ce qui ne t’appartient pas».
Car M le Premier ministre Amadou Oury Bah, nous ne sommes pas informés de la situation financière de vos ministres et agents de l’État avant leur prise de fonction, en service depuis des mois.
Et vos décrets teintés de recyclage d’anciens voleurs de la République continuent pourtant de tomber.
Pour grossir le rang de la nouvelle caste des jouisseurs, la junte déniche non seulement dans le rang des partis politiques et aussi sur les réseaux sociaux, tous ceux qui brillent par une certaine vacuité de langage, par un opportunisme politique.
De qui se moque t-on ?
Mais qu’ils comprennent que du moment où ils ont refusé de déclarer leurs biens et exiger à ce que tous les membres du gouvernement le fassent, ils ne peuvent pas être un exemple de droiture et d’intégrité.
Car vous avez aussi tous succomber à la corruption. Vous vous livrez aujourd’hui au pillage systématique des ressources naturelles et minières du pays et à la folle course à l’enrichissement illimité et illicite en dilapidant les fonds publics.
Donc M Amadou Oury Bah, M Mamadi Doumbouya, pour l’heure vous ne pouvez plus éviter que l’on ne vous taxent d’être de confusionnistes, de démagogues qui se servent de la justice pour régler des comptes à des personnes impliquées dans des dossiers de corruption.
Et que cette lutte qui se veut noble et patriotique que vous avez engagé sur fond d’insincérite est devenue une sorte de pression et de chantage politique auquel vous vous livrez comme jadis vos prédécesseur.
Quel gâchis !
Aïssatou Chérif Baldé