Souvenir du 28 septembre 2009: La Guinée, cet État qui tue et banalise la vie humaine.

Nous sommes le 28 septembre, une date hautement symbolique pour la Guinée et les Guinéens

Outre, le Non historique au référendum gaulliste en 1958 qui ouvre la voie de l’indépendance à la Guinée, ce 28 septembre dont nous parlons ici est celui de 2009. Le jour des massacres au Stade du 28.09 de Conakry.

On dénombre 157 victimes des massacres du 28 septembre 2009, plusieurs cas de viols, des centaines de blessés, et des cas de disparus alors qu’une junte militaire dirigeait le pays. 

Aujourd’hui encore, nous avons une autre junte militaire qui dirige le pays depuis le 05.09.21 et qui redonne de l’espoir au peuple. 

La prise du pouvoir par un opposant historique, cette plus grande imposture de l’histoire récente de la Guinée un an plus tard n’ont pas mis fin à ce cycle de violence ou engagé la responsabilité des auteurs de ces crimes odieux dans ce pays. 

Il a préféré recycler les auteurs pour perpétuer les mêmes massacres, les mêmes crimes. 

Et c’est pourquoi depuis 2010 plus de 200 vies ont été supprimées lors des manifestations politiques sous la responsabilité du régime déchu de M Alpha Condé; ceux qui ont la chance d’être retrouvées reposent dans le cimetière de la banlieue de Conakry à Bambeto.

Les victimes et leurs proches attendent toujours l’engagement de la responsabilité pénale et civile des auteurs sans succès. 

L’impunité reste donc entretenue et garantie par l’État guinéen.

L’État guinéen depuis sa création a toujours banalisé la suppression de la vie humaine. Et on peut tuer à tout moment et à tout âge. 

Le plus étonnant et cynique, c’est de voir comment dans ce pays, la barbarie, la haine de l’autre peut s’habiller des vêtements les plus corrects, des principes les plus édifiants, des idéaux les plus purs ou de la médiocrité la plus crasse.

Et pourtant cette envie du peuple d’instaurer un Etat de droit ne  doit pas conduire au mépris de la vie, à la barbarie voire à l’ignominie. 

Un Etat n’a pas besoin de force excessive pour faire valoir son autorité, car là où la force est employée, l’autorité a toujours échoué.

Le silence coupable du régime de M Alpha Condé sur les crimes du 28.09.2009 et les tueries survenues dans ce pays pendant son règne, comme celle de Womé ou Zogota au sud de la Guinée et  tant d’autres suscite interrogation et inquiétude. 

Plus marquant fut le caractère disproportionné et sélectif des crimes perpétrés notamment dans la commune de Ratoma et dans la région forestière sous le règne de M Alpha Condé. 

La plupart de ces crimes ne ciblaient que les habitants de la commune de Ratoma et  pourtant les habitants de cette zone ont payé un lourd tribut  dans le cadre de la lutte pour l’instauration d’une véritable démocratie en Guinée pendant ces deux dernières décennies.

Il faut rappeler surtout que c’est le sang de ces victimes, surtout celles du 28 septembre 2009 qui a d’une part, favorisé l’arrivée au pouvoir de l’opposant historique déchu, M Alpha Condé.

Mais celui-ci est resté pendant dix ans peu sensible à ce drame. Son gouvernement a fait le  choix de traîner les pas dans l’organisation du procès. 

Le silence du gouvernement de l’ex premier ministre Kassory Fofana faisait montre de banalité et déni de justice. 

Or, ce déni de justice est une atteinte au droit fondamental des victimes et ne saurait exister dans un État où le pouvoir exécutif est contrebalancé par une autorité judiciaire indépendante et forte. 

Mais cette situation n’est pas du moins étonnant dans un pays où la séparation des pouvoirs n’est que du simulacre et un pays où le peuple est méprisé et pris à couteau tiré entre des acteurs politiques égocentriques  qui se servent de lui pour se maintenir au pouvoir ou y arriver en passant par le mensonge, le chaos, la culture de la haine, la violence, le divisionnisme etc…. 

De nos jours en Guinée faire de la politique signifie pour les acteurs du moment chercher des problèmes, les sous-évaluer  et ensuite appliquer de manière inadéquate les mauvais remèdes. 

La classe politique doit comprendre que de par sa manipulation, sa démagogie, ses erreurs, une grande majorité du peuple de Guinée ne peut plus rien croire et un peuple qui ne peut plus rien croire ne peut se faire une opinion. 

Il est privé non seulement de sa capacité d’agir mais aussi de sa façon de penser et de juger. Et avec un tel peuple vous pouvez faire ce que vous voulez. 

Sans ces erreurs la Guinée n’allait pas encore de nos jours faire face à un autre coup d’État militaire, donc une rupture de la transition démocratique. 

Et voilà pourquoi il est impératif que les guinéens comprennent qu’il est temps de s’unir contre cette politique haineuse et de parler enfin d’une politique axée sur le développement et l’avenir. 

La junte militaire doit faire surtout preuve de réalisme et s’entourer de personnes, intègres et patriotes qui permettent l’échange, le dialogue sans extrémisme pour construire avec du sens et du bon sens.

La Guinée doit s’ouvrir et devenir un pôle tourné vers l’avenir. On ne transforme pas les choses par la violence. 

Les différences sur lesquelles on se base pour nous diviser tomberont d’elles même le jour où les gens seront heureux.

Et pour ce faire, il est temps de prévenir les abus et mettre fin à la garantie de l’impunité accordée aux bourreaux pour que triomphe la justice. 

C’est une nécessité absolue, car rien ne justifie aujourd’hui que les guinéens souffrent et se soumettent. Rien ne la justifie. 

Et la Guinée de septembre 1958, de 2007, de 2009, c’est celle qui se lève, qui conteste, qui refuse la soumission, le joug du colonialisme, de l’impérialisme, c’est cette Guinée unie et fière de sa dignité. 

Elle doit maintenant aussi être gagnante et marquer l’histoire. 

Repos éternel  à toutes les victimes des bavures de l’Etat guinéen depuis l’indépendance.

#Aissatou Chérif Baldé. 

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