Guinée: L’opposition politique et mouvance, un duo aux pieds d’argiles.

La pratique de la politique en Guinée a des côtés bien pervers qui interrogent et inquiètent. Et vouloir dénoncer cette pratique actuelle afin d’orienter les nouvelles générations vers des modèles et méthodes plus humanistes, réalistes et proactives qui positionneront la Guinée dans une perspective meilleure que celle pathétique dans laquelle elle croupit jusqu’ici, semble être un combat très difficile à gagner. 

Les opposants politiques à l’image de l’actuel président de la République de Guinée sont aussi des éternels présidents de partis politiques. Ils sont tout comme le président Alpha Condé hostiles aussi à l’alternance au sein de leur famille politique et donc hostiles aux règles de jeu démocratiques. 

Chacun dans ce milieu préfère donc être président d’un parti limité au bureau politique, à son fief traditionnel, à sa région plutôt que d’être par exemple vice-président d’un parti assez représentatif sur le plan national. Ils se comportent en des petits despotes, irremplaçables qui malgré leur vacuité programmatique ou erreurs politiques de trop refusent de céder leur place à un autre ou de se remettre en cause. 

Cette élite oligarchique même étant couchée à même le sol, gisant inerte dans les ruines encore chaudes du verrouillage de la démocratie qu’elle a voulu instaurer en Guinée, ne veut pas lâcher prise. Ils veulent aussi être des chefs de partis éternellement élus. 

En se référant donc à la phrase célèbre de Lampedusa, la Guinée est vraiment ce pays où tout change pour que rien ne change. 

Et les oppositions guinéennes, pour leur majorité, ne sont pas crédibles, par leur vacuité programmatique, leur similitude avec le pouvoir qu’elles prétendent combattre et surtout, à cause de leur impossibilité à drainer l’espoir. 

Elles sont depuis 62 ans même quand elles arrivent au pouvoir, à l’image de l’actuel président guinéen juste désespérantes. 

La Guinée ne regorge que de partis politiques avec des mêmes pratiques et donc les mêmes prototypes de politiciens…

De ce climat propice au découragement ne peut pas donc émerger une nouvelle forme de contestation avec de nouveaux porte-voix qui émanent du peuple, parlent sa langue et adoptent ses codes sociaux. 

Difficile dans ce contexte de voir surgir des abysses de la société guinéenne, une nouvelle forme de contestation pour perturber le sommeil de la caste kleptocrate dans son confort et son mépris.

Ils continueront alors à faire de la Guinée un pays de médiocres, corrompus et corrupteurs par excellence où les politiciens manquent de conviction et d’idéal;

Avec eux, la Guinée continuera d’être la terre des injustices, de l’ethnocentrisme politique, de l’oppression et des opprimés, de l’ignominie et de la barbarie, de la haine et de la division;

Ce pays, château d’eau de l’Afrique occidentale, scandale géologique continuera d’être sans doute un scandale de la pauvreté, champion de l’obscurité et de l’obscurantisme. 

Étant un État sans âme, il va encourager pour longtemps ses cadres psychotiques et névrosés, pour lesquels la vie humaine n’a aucune valeur et  l’humain ne sera jamais au centre de la société. 

Pour cet État, le pauvre doit être humilié et rejeté, les voleurs de la république encensés, transformés en des chefs de Gang sans foi ou encore en des politiciens opportunistes sans vertu. 

Ces cadres kleptocrates aux allures despotiques, dépourvus d’idées et qui veulent jouer pleinement le rôle de “nègres de maisons” aux côtés de leurs maîtres applaudiront tous ceux qui brillent par de l’indécence, l’injure et la bassesse politique. 

Ils ne vont jamais accepter d’être cet homme politique soumis à une exigence de sérieux et d’érudition, conférés par un travail acharné sur soi et sur les thématiques qui interpellent le quotidien des populations.

Et d’ailleurs toutes leurs revendications ne se sont jusque-là focalisées que sur le partage du pouvoir et des richesses du pays. 

L’espace public guinéen qui doit être un terrain de compétition, des réponses aux préoccupations des citoyens est devenu plutôt cet endroit où des personnes sorties de nulle part, sans aucune valeur morale et attitudes démocratique, sans aucune carrière professionnelle peuvent sans effort occuper le sommet de l’Etat et transformés en héros et les vrais héros relégués aux oubliettes. 

Et dans ce pays la plupart des gens considèrent la lecture comme une sorte de torture, puisque habitués à lire que tout ce qui est sensation, mensonge, propagande, diffamation,  donc habitués à passer des journées sans écriture, sans lecture, sans journée matérielle. 

Alors ma Guinée quel avenir veux-tu donner à tes enfants dans un monde  devenu cruel, immonde, dominé par des structures internationales mafieuses, impérialistes ?

Il faut juste savoir que le temps presse et il est surtout précieux et chaque année perdue ne peut être rattrapée et que “L’avenir n’est pas ce qui va arriver, mais ce que nous allons faire”.

D’ici là espérons que certains mouvements sociaux et partis politiques vont accepter de jouer le rôle de veille pour continuer à dénoncer à chaque changement de régime les mêmes méfaits.  Car dans cette lutte tout ne doit pas se résumer à la conquête du pouvoir. 

En somme, il faudra apprendre à comprendre que l’espace public guinéen doit impérativement être aussi le lieu d’expression d’un discours soigné – même si ce dernier peut, bien sûr, garder sa verve, voire sa hargne, même s’il y a bien des raisons d’être en colère en Guinée. 

Aissatou Chérif Balde

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