Chronique/La Guinée, ce terroir du code de conduite politique pour les nuls et les transhumants politiques. (Par Aissatou Cherif Baldé).

Dans ce pays, qui est la Guinée où tout change pour que rien ne change, où les chefs d’États se prennent pour des vrais monarques à vie, la démocratie y a toujours été que de façade ou se présente toujours sous forme d’alibi pour rendre la pérennisation des autocrates sadiques au pouvoir possible.

C’est un pays où les gouvernants n’ont pas compris  qu’en politique y a les moyens et la fin.. La fin c’est lorsqu’on respecte le peuple, le protège, lui permet de vivre dignement avec un partage plus ou moins équitable des ressources, en protégeant les plus faibles et les plus pauvres. 

Mais dans ce pays, faire de la politique signifie mettre fin à sa précarité matérielle, participer au partage du gâteau qui est la Guinée et priver le peuple du droit au développement. Car les élites politiques n’ont d’autres ambitions que d’avoir la maîtrise du code de conduite politique pour les nuls et être de la mouvance. 

Une normalité qui met à nu le mode de fonctionnement de cet État injuste et précaire aux fondements néopatrimoniaux. 

La politique juste un jeu de théâtre 

Dans un tel État, la compréhension de la politique ressemble à un jeu de théâtre qui se joue dans des bas-fonds marécageux de Guinée où ne se bousculent que des crocodiles affamés prêts à tout pour défigurer le vrai sens de la gouvernance et de la gestion d’un État. 

Et tout apprenti politicien, notamment tout futur crocodile qui souhaite évoluer dans ces eaux troubles, ces marécages politiques guinéens doit avoir la maîtrise des données topographiques de ces bas-fonds pas comme les autres.

Une fois la maîtrise en poche, ils commencent à faire les louanges du Chef de l’État, à transformer ses mensonges, ses promesses fallacieuses en vérité, à légitimer ses dérives dictatoriales.

C’est ce que nous vivons actuellement avec l’actuel régime militaire

La nomination des anciens cadres de l’opposition (UFDG, RPG) dans le gouvernement de transition piloté par le premier ministre Bah Oury est révélatrice du caractère versatile des acteurs politiques sur fond de transhumance politique. 

Et pour être nommé, il suffit d’être un bon adepte du code de conduite politique pour les nuls. 

En réalité, ces transhumants politiques sont prêts à jouer le rôle d’un petit subordonné zélé pour faire plaisir à leurs mentor Mamadi Doumbouya, le chef d’un clan hégémonique et permettre à ce dernier de confisquer le pouvoir. 

Donc fidèles à ce genre de règles de conduites et de comportements, ils font non seulement fi aux lois de la République, mais aussi et surtout à la constitution, aux valeurs et principes.

Sous le regard complaisant du „Général” autoproclamé “ qu’ils adulent parfois sans modération à travers leurs écrits, leurs sorties démagogiques, ils osent instrumentaliser la constitution pour une mauvaise cause, celle de vouloir faire prévaloir des intérêts partisans et individuels et pour leur seul bénéfice. 

La junte militaire guinéenne avait promis par exemple qu’elle n’allait pas être au pouvoir après le 31 décembre 2024. 

Mais en bon adeptes du code de conduite politique pour les nuls, la parole donnée n’a pas de valeur. Car les serials-menteurs n’ont pas honte de commettre des parjures.

Alors on passe par un putsch militaire, une transition politique trompe l’œil, une constitution sans valeur, pour ainsi faire du processus de démocratisation  lettre morte. 

Dans une dictature, la constitution n’a pas de valeur 

Et pourquoi perdre votre temps à nous soumettre une constitution?

Selon l’article 16 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen : « Toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de constitution ».

La junte ne respecte pas ces principes et on a pas donc besoin de Constitution obscure subordonnée à Mamady Doumbouya et son clan françafricain et facho. 

En bon partisans de la politique du ventre, du pouvoir des pires, pour vous, les règles sont faites pour être violées et en toute connaissance de cause. 

Vous prenez les guinéens pour des moutons aux cerveaux lobotomisés, donc incapables de réfléchir par eux-mêmes.

Mamadi Doumbouya, est selon eux, un envoyé de Dieu

En effet, selon eux, un Chef suprême est aussi un envoyé de Dieu, que l’on ne doit pas critiquer. 

Il faut éviter de s’opposer à son pouvoir, si l’on ne veut pas finir comme Dr Dioubaté, Sadiba Coulibaly, Habib Marouane Camara. 

Et c’est ce qui explique le fait qu’en Guinée, tout Ministre, , tout Directeur de Société d’État, tout Cadre de l’Administration Publique ne tient jamais de discours public sans prononcer au moins une fois le nom de Mamadi Doumbouya. 

Aucun de ces ministres ne s’affirme, il ne dit pas “j’ai décidé”. Il vient rapporter juste ce que le le chef de la junte a décidé, même si c’est sa propre initiative. 

Le plus habile démagogue de tous ces ministres est l’intouchable ministre des affaires étrangères et des guinéens de l’étranger Morisandan Kouyaté. 

A l’occasion de chaque cérémonie de mise en service ou d’inauguration de chantier de route, pont, piste rurale, école, centres de santé bref des infrastructures d’utilité publique, etc, on est juste estomaqué face aux discours dignes d’une république communiste où chacun fait concurrence à l’autre. 

Pire encore, les populations bénéficiaires des infrastructures sont souvent invitées à remercier le monarque pour le cadeau qu’il a bien voulu leur faire. 

On dirait que les fonds ayant servi à réaliser ces infrastructures venaient des poches du monarque Mamadi Doumbouya et que ce n’étaient pas des dettes qu’ils ont empruntées auprès des banques internationales et ou encore des revenus issus de l’exploitation sauvage des ressources minières.

On est pas nommé pour travailler 

Dans ce pays on n’est pas nommé pour travailler pour le bien de la population ou pour servir le peuple. 

Pendant tout le règne de chaque chef, putschiste ou pas, on s’active à mettre le peuple dans une position de servitude où celui-ci est appelé à remercier et flatter  “le Père de la Nation” d’avoir fait son travail. 

Ils vont jusqu’à demander à la population d’organiser des séances de prières, des cérémonies religieuses de remerciements du fait que le tout puissant président les a nommés à un poste ministériel ou le fait qu’il les a laissés à la mangeoire. 

Et apparemment ça fonctionne, puisqu’il existe au sein du gouvernement de Mamadi Doumbouya des ministres guinéens intouchables, inamovibles et cela malgré leurs médiocrités et multitudes de détournement de fonds publics. 

Pour bien gagner sa vie, il faut être de la mouvance 

L’autre secret de ces transhumants politiques est le fait d’avoir compris que lorsque l’on veut réussir en politique et bien gagner sa vie, on doit toujours être de la mouvance présidentielle. 

Dépourvus de courant idéologique, seul l’intérêt personnel immédiat compte (au nom des électeurs bien sûr). 

Les seuls courants politiques connus en “Guinée” sont :

La mouvance présidentielle d’une part et l’opposition d’autre part. 

Mais en réalité, l’opposition politique n’existe presque pas, il n’y a que des frustrés, des mécontents, ou encore d’anciens privilégiés de l’État exclus par le nouveau détenteur du pouvoir qui cherchent à revenir aux commandes. 

Beaucoup parmi ces gens ont leurs veste à la main. Ils peuvent ainsi la retourner quand leurs intérêts sont en jeu. 

M Makanera Kaké, Cellou Baldé pour ne citer que ceux là, sont des exemples illustratifs de ce genre de politiciens. 

On tourne la veste du côté du pouvoir pour aller à la mangeoire, puis on la retourne dès que l’on est plus en bon terme avec le parti au pouvoir. 

C’est cela être opposant ou politicien à “en Guinée”.

Un fait devenu tradition puisque être dans l’opposition en Afrique rime avec pauvreté. 

Les mandats présidentiels sont interminables, les transitions politiques interminables, et par conséquent la carrière d’opposant aussi. 

Alpha Condé qui était pendant 40 ans opposant et qui une fois au pouvoir a fait recours à un coup d’état constitutionnel pour rester président à vie en sait quelque chose. 

Être opposant, signifie pauvreté en Guinée, Il n’y a pas de honte à aller à la mangeoire

Et les politiques ayant compris qu’être opposant signifie pauvreté, ils se sont fait le secret pour être de tous les marigots. 

Ils ont beau avoir été très critiques et violents envers un président, si ce dernier les approche, alors ils trouvent immédiatement les mots pour chanter les louanges de l’homme fort du pays. 

Donc Il n’y a pas de honte à aller à la mangeoire. 

En Guinée, celui qu’on a dépeint comme le Diable le matin est présenté comme un ange immaculé du bon Dieu le soir du même jour.

Les intérêts pécuniaires et politiques déterminent l’angle sous lequel l’adversaire est présenté.

Pire, ils savent compter sur le peuple  très corrupteur et toujours en hibernation continue. 

Dans cette partie de l’Afrique devenue, le peuple préfère se réfugier derrière les idées courtes et populistes afin d’occulter la vraie origine des problèmes du pays. 

Or, sous d’autres cieux, les politiciens, les cadres, les diplomates créent le cadre et les conditions nécessaires pour que le peuple s’épanouisse, travaille dans les meilleures conditions pour gagner sa vie et subvenir à ses besoins.

Les secrets pour être nommé par la junte 

En Guinée, c’est un tout autre procédé. Pour conquérir un nouvel électorat ou pour maintenir celui existant, ou être nommé à un poste stratégique l’élite guinéenne a plusieurs secrets dans son sac :

1- Distribuer des vivres et faire des dons aux populations dans les périodes de campagnes électorales…

2- Faire des distributions d’argent en espèces pour acheter des voix, la conscience lors des campagnes électorales

3- Organiser des tournois sportifs dotés d’un prix au nom du candidat. 

4- Donner de l’argent en espèces aux populations en cas de sinistres tels que l’inondation et précisez aux populations que ce don vient de votre propre poche.

5- Être le petit d’un ministre ou d’un cadre, faire ses louanges sans arrêt, être l’enfant d’un ancien tortionnaire, d’un ancien ministre sans diplôme et compétences, être un diaspo au chômage avec des diplômes falsifiés adeptes de la mouvance et le point de chute tu l’auras. 

6- injurier les communautés et les opposants, être un vidéoman sur les réseaux sociaux, sans parcours professionnel et diplôme. 

7- Enfin pour se faire nommer Ministre : Envoyer une délégation de son village auprès du président de la République pour lui rappeler que tout le village et commune le soutiennent et que la meilleure manière de les remercier est de nommer un des leurs dans le Gouvernement.

Révoltant pour celui qui est normal n’est ce pas?

La politique en Afrique notamment en Guinée semble être devenue la voie la plus facile pour s’enrichir rapidement.

Plusieurs jeunes diplômés des universités se battent pour être bien vus des ténors politiques, les réseaux sociaux et les sites en ligne, sont pleins des flatteries de tels jeunes. 

Car il suffit d’une nomination dans un cabinet et la vie prend une autre tournure. Belles voitures, sorties en restaurants chics, belles maisons, costumes italiens, belles femmes, billets d’avion, comptes bancaires garnis, etc. 

La progression est tellement fulgurante que tous les jeunes tortues se ruent vers la politique.

Que voulez-vous aux jeunes guinéens ? 

Celui qui est moins diplômé que vous, qui trainait dans les rues matin et soir à la recherche de sa pitance commence à vous narguer au bout de quelques mois car il est devenu très proche d’un certain homme politique bien placé. 

Ça donne envie n’est-ce pas ? 

Alors peuple de Guinée, avec ces quelques astuces, ton point de chute est assuré. 

Doit-on en rire ou pleurer ? 

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