L’aide publique extérieure au développement encourage la dépendance des États africains. 

Le tout nouveau président américain Donald Trump vient de suspendre les soutiens financiers à certains pays africains. 

Pourtant sous le régime de Joe Biden, après l’Europe, c’est l’Afrique subsaharienne qui bénéficiait en 2023 du plus fort soutien américain. Une aide qui passait en majorité par l’agence USAID (plus de 40 milliards de dollars), que Donald Trump, président des États-Unis, a suspendu le 27 janvier pour au moins trois mois, le temps de réaliser un audit. Selon le site officiel du gouvernement américain,  il s’agit de plus de 15 milliards de dollars au total. 

L’aide publique au développement est fatale pour les pays africains 

Qui parle de sous-développement parle souvent d’aide internationale au développement, de soutien financiers venant d’ailleurs. 

Et ceux qui sont aujourd’hui qualifiés de sous-développés sont ceux qui ont les matières premières, donc moteurs du développement des pays industrialisés. 

Ce sont donc eux qui en temps réel devraient dicter les règles du fonctionnement des institutions financières mondiales et de son marché économique. 

Mais nous vivons depuis des siècles tout à fait le contraire. 

Il faut rappeler que l’aide internationale fait d’abord vivre des dizaines de milliers de fonctionnaires étrangers et nationaux et une myriade de consultants. 

Donc c’est une institution mafieuse qui ne profite en grande partie qu’aux donateurs. 

L’efficacité de l’aide publique au développement a fait l’objet de nombreux ouvrages et études sans que jamais la question de la fin de l’aide ne soit posée. 

Ma position sur la question d’aide au développement 

Étudiante à la faculté des sciences politiques de l’université de Hambourg, j’avais du plaisir à discuter avec mes professeurs Cord Jacobeit ou encore Rainer Tetzlaff sur l’inutilité de l’aide internationale que je dénonçais et qualifiait d’aide à la dépendance et à l’infantilisation de l’africain. 

L’ouvrage qui m’avait de plus marqué et renforcé ma position sur les questions d’aide au développement est celui intitulé « la grande désillusion » de Joseph E. Stiglitz qui est l’un des économistes les plus influents et les plus écoutés au monde. 

Il est l’un des rares à nous mettre en garde, depuis plusieurs années, contre le fanatisme du marché et la financiarisation de l’économie. 

Prix Nobel en 2001, il est notamment l’auteur de La Grande Désillusion (Fayard, 2002). 

Il acquiert sa notoriété populaire à la suite de ses violentes critiques envers les institutions de Breton Woods (FMI et la Banque mondiale). Des critiques émises peu après son départ de la Banque mondiale en 2000, alors qu’il y était économiste en chef de la Banque mondiale. 

Son ouvrage « la grande désillusion » étant inscrit au programme dans ma faculté des sciences politiques à l’université de Hambourg, je devrais le lire.

Et heureusement d’ailleurs. 

Car il a en bon économiste pointé du doigt l’inefficacité de l’aide internationale vis-à-vis des pays dits sous-développés et les mécanismes de dépendances mis en place pour empêcher l’émancipation financière et économique des pays africains par exemple. 

Son message était clair: «l’Afrique peut soutenir son propre développement sans être assistée. Pour cela, il faudra changer les mentalités et ce ne sera pas une mince affaire » 

Une position que j’ai d’ailleurs toujours soutenu et cela très tôt. 

Avec le temps j’ai compris que l’aide publique au développement est d’abord un business qui fait vivre des dizaines de milliers de fonctionnaires internationaux et nationaux mais aussi une myriade de consultants. Ils ont tous en commun un objectif : ne pas scier la branche sur laquelle ils sont assis et sur laquelle ils vivent grassement. 

Et c’est pourquoi j’ai refusé de travailler pour toutes ces institutions internationales qui poussent les jeunes africains à rester dans la culture de l’assistanat, de l’élitisme, du dirigisme avec une irresponsabilité généralisée. 

Parmi ces institutions qui encouragent cette irresponsabilité généralisée en  Afrique on peut citer, L’Union Européenne, l’USAID, FMI et la Banque Mondiale qui financent tout et n’importe quoi en Afrique avec pour seul objectif le maintien de leurs pantins au  pouvoir ou plutôt la fabrication de nouveaux pantins assujettis au système monde. 

Ils sont dans la logique selon laquelle, plus les autorités faillissent, plus l’argent coule à flot.  Et c’est qui explique que la France soutienne aujourd’hui une junte militaire guinéenne qui a fait de la corruption organisée une normalité en Guinée. 

L’efficacité ? Peu importe. Le seul critère qui compte c’est le taux de décaissement.

Pour le reste, ces institutions ne s’occupent pas, car il faut entretenir, nourrir les gros enfants africains pour empêcher leur indépendance économique, politique et financière. 

Car le continent africain doit continuer de jouer son rôle de fournisseur de matières premières pour assurer le développement des puissances néocolonialistes. 

L’esprit d’assistanat doit à travers ce système ancré dans la cervelle des responsables  africains perdurer.

Nous avons même des ministres qui réclament leur per diem pour inaugurer tel ou tel équipement financé par l’aide internationale. 

Que l’Amérique suspende son aide publique aux États africains doit plutôt les pousser à se poser les bonnes questions telles que: 

L’Afrique ne mérite-t-elle pas un objectif plus ambitieux, à savoir la fin de l’aide ? 

Pourquoi l’effet le plus pervers de l’aide publique au développement concerne la classe politique des pays bénéficiaires ? 

Pourquoi les institutions financières d’aides au développement promptes à intervenir en  Afrique sur fond de l’alibi démocratique, les droits de l’homme volent toujours au secours des faux présidents anti-peuples, ces despotes cyniques qui ne  s’efforcent pas d’établir des politiques publiques fiables et assainir les finances publiques ? 

Voilà tant de questions qui méritent d’être posées. 

Si la Chine est capable aujourd’hui de réagir aux sanctions du nouveau gouvernement de Trump, c’est parce qu’elle a compris il ya de cela cinquante ans que la souveraineté économique et politique ne sont pas des vains mots. 

Et comme le disait l’ancien président malien Amadou Toumani Touré « la main qui reçoit est toujours en dessous de celle qui donne. La principale ressource en Afrique n’est pas dans le sous-sol, elle est sur son sol, ce sont ses hommes et ses femmes qui méritent bien mieux que le discours ambiant sur le « toujours plus d’aide » et qui méritent surtout bien plus de considération et d’attention de la part de leurs propres dirigeants». 

Mieux, on ne peut pas développer nos pays avec des élites ambivalentes qui n’ont de foi qu’en l’argent et attendent, dans la jouissance, l’avis de l’extérieur. 

Ceci dit, après plus de six décennies d’indépendances, nous devons commencer par apprendre «à commencer par faire avec ce que nous avons plutôt que de continuer à tendre la main.»

Aïssatou Chérif Baldé 

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