À l’entame nous sommes plus que jamais convaincu que la Guinée est désormais de retour dans le giron de la françafrique.
La levée de la suspension de la Guinée au sein de l’instrument néocolonialiste le 24 septembre 2024 dénommé l’OIF (l’organisation internationale de la Francophonie), quelques jours avant la tenue de son 19e sommet en ce début octobre en France démontre que la démocratie dans les anciennes colonies françaises est assujettie à l’impérialisme électoral.
L’Etat français, prend clairement position pour le putschiste dictateur françafricain Mamady Doumbouya qui ne veut plus quitter le pouvoir en Guinée.
Il fait donc l’objet d’ingérence et de complaisance vis-à-vis du pouvoir militaire à Conakry.
Plus besoin de marquer l’exercice de la souveraineté populaire, car dans ces pays assujettis à l’impérialisme mélanophobe français, le processus électoral consacre une « démocratie sans choix ».
On nous fait comprendre que lorsqu’il s’agit des africains, la France et ses alliés occidentaux sont dans la logique :«Tant pis pour les principes, pour la liberté d’expression et d’opinion, la protection des droits de l’homme quand entre en jeu la pérennité des intérêts militaires, économiques et diplomatiques français sur le continent».
Même si conformément à l’hymne de l’hypocrisie à la françafrique, la Francophonie prétend avoir pour but la promotion « de la langue coloniale française, la paix, la démocratie et les droits de l’homme,… ».
Tant que Mamadi Doumbouya servira les intérêts de la France au détriment de l’intérêt de la Guinée, il est libre de commettre tous les crimes du monde sur son peuple. Et il ne fera sans doute pas l’objet d’un jugement quelconque de la part de ses maîtres.
Le changement voulu par les populations guinéennes au lendemain du coup d’État militaire du 05 septembre 2021 est désormais confisqué par un système criminel françafrique et ses pantins corrompus.
C’est la France, toujours la France qui doit donc décider de la nature du changement et de la démocratie en Guinée et non le peuple.
Et dans ce contexte inutile d’aller aux élections, car on sera dépossédé du résultat de notre vote par de savants tours de passe-passe de la françafrique.
La France s’est déjà rangée du côté du dictateur Doumbouya du genre « Faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais ! »… C’est-à-dire « La paille dans l’œil du voisin et la poutre dans mon œil ».
Dans ce contexte, les partis politiques satellites, les adeptes du code de conduite politique pour les nuls, sans principes, sans valeurs et idéologies, tout comme les parasites du système et les transhumants politiques doivent changer de veste.
Un engagement politique qui rime avec la politique du ventre
C’est le parti politique de Cellou Dalein Diallo qui subit les conséquences de cette situation. Car L’UFDG est un parti qui n’apprend jamais de ses erreurs du passé et continue toujours d’ouvrir les portes du parti politique aux transhumants politiques sans moralité et convictions.
Et pourtant la plupart des acteurs politiques notamment les jeunes entrent en politique que parce que l’exercice du pouvoir et les considérations économiques personnelles pour le contrôle des ressources de l’État, sont en effet l’un des principaux enjeux de leur engagement.
C’est pourquoi, ils sont plus réceptifs à la transhumance politique, tout comme à la politique du ventre.
Ce sont des idiots utiles et savent par conséquent mieux tirer les rideaux. Ils lèchent, lâchent et lynchent après.
Ces gens ont leurs veste à la main. Ils peuvent ainsi la retourner quand leurs intérêts sont en jeu.
On tourne la veste du côté du pouvoir pour aller à la mangeoire, puis on la retourne dès que l’on est plus en bon terme avec le parti au pouvoir.
Le CNRD, la nouvelle mangeoire des idiots utiles
L’heure est donc de quitter L’UFDG pour aller à la mangeoire de la junte militaire guinéenne.
Car ils n’ont jamais été que des imposteurs et des calembours déguisés, des girouettes politiques qui se transforment en des arrivistes inféodés dans un système néo-patrimonialiste où les cadres compétents sont obligés de se mouvoir au milieu des médiocres pour ne pas se faire dévorer par ces nouveaux arrivistes appelés faussement communicants, même s’ils n’ont jamais mérité cette appellation.
Les partis politiques sans exception ont toujours soutenu ces pratiques malsaines sur fond de transhumance politique.
L’UFDG a par exemple toujours accepté d’intégrer au sein de sa famille politique tous les frustrés, rejetés, exclus, débarqués du RPG-arc-en-ciel.
Aujourd’hui, le CNRD devenu un parti politique joue le même rôle et reprend tous les débarqués et frustrés de L’UFDG, du RPG-arc-en-ciel.
Or la transhumance politique est répréhensible et pose à la fois des problèmes d’ordre moral, éthique et juridique. Elle révèle ses limites et entrave sans relâche l’enracinement démocratique en Guinée.
Mais on s’en sert quand même, puisqu’elle permet d’instrumentaliser les élus, les acteurs politiques, de la société civile, des organisations syndicales en quête de quelques avantages matériels et de promotion politique et d’affaiblir les oppositions dont les élus sont à la merci des majorités au pouvoir, de fragiliser les équilibres et les contrepoids nécessaires au bon fonctionnement de la démocratie, de cultiver et entretenir l’immoralisme en politique.
La politique du ventre ancrée dans le néo-patrimonialisme, auquel se rattachent l’instrumentalisation de l’ethnicité mais aussi l’utilisation du népotisme et du clientélisme comme critères de distribution des ressources convoitées, concourt à encourager la division, la médiocrité , et à surtout obscurcir le peuple.
C’est un revers pour l’aspiration au changement
D’où l’impérieuse nécessité de tout mettre en œuvre pour emmener les partis politiques à participer à la prise de conscience du fléau de la transhumance politique, son traitement tout comme l’enracinement des pratiques démocratiques au sein de la société guinéenne.
Ce mal se décline sur plusieurs registres, dont le plus important est cette conception du pouvoir où l’enjeu principal est le contrôle de la redistribution des ressources dans le cadre d’un État néo-patrimonial avec des partis politiques encore incapables d’assurer les fonctions traditionnelles d’éducation politique, de mobilisation, de représentation d’intérêts divers et fonctionnant sans démocratie interne, au service des ambitions de quelques individus si ce n’est d’un clan.
Le retour à l’ordre constitutionnel sans le candidat de la junte, une nécessité
Ceci dit, toute l’attention doit être focalisée actuellement sur le retour rapide à l’ordre constitutionnel.
Il faut donc recentrer le débat sur les sujets prioritaires: les élections, l’éradication de la corruption, de l’ethno-stratégie, la justice pour tous, la moralisation de la fonction publique, la mise en place des institutions fortes.
Après six décennies d’indépendances, la Guinée a plus que jamais besoin des institutions étatiques composées d’hommes et de femmes capables de faire de la démocratie une construction volontariste d’un Etat de droit et avec un montage intellectuel d’une architecture politique qui garantit l’équilibre institutionnel et la sécurité juridique des citoyens en tenant compte de toutes les classes qui composent la société guinéenne.
C’est-à-dire cette démocratie qui a pour avantage de privilégier la primauté du droit sur la pratique politique.
Dans ce contexte, aucun acteur politique ou agent de l’Etat ne sera tenté de personnaliser la teneur de la continuité de l’Etat à leur seul bénéfice.
Et de penser se maintenir éternellement à la tête de l’État, des partis politiques quel que soit le motif de leur performance dans la gouvernance politique ou économique.
En somme, qu’on le veuille ou pas, la transhumance politique est une conséquence directe de la défaillance de l’Etat guinéen, la faiblesse des partis politiques qui s’exprime de façon structurelle, par l’absence de formulation d’options programmatiques bien définies et le manque d’adhésion à celles-ci.
Aissatou Cherif Balde