Guinée: Peut-on célébrer une indépendance mal gérée ? 

La République de Guinée souffle aujourd’hui 2 octobre ses 66 ans d’indépendance. Une indépendance qui marqua la fin du colonialisme, et de l’impérialisme. Le début d’une ère nouvelle, celle de la  liberté et la dignité restaurée de tout un peuple.

Sauf que cette indépendance tant souhaitée reste depuis 66 basée sur du mensonge, sur l’autoritarisme, la mauvaise gouvernance d’une élite oligarchique, kleptocrate adepte de la kakistocratie. 

Et l’arrivée du putschiste Mamadi Doumbouya au pouvoir, ce mercenaire françafricain, pion des puissances impérialistes qui a déjà bouclé le retour de la Guinée dans le giron de la françafrique avec l’installation d’une base militaire française à la frontière Guinéo-malienne confisque donc lentement mais sûrement notre indépendance obtenue au prix de la douleur criante et du sang de nos devanciers. 

Face à une telle  situation, il y’a lieu de se poser quelques questions fondamentales, notamment : 

À quoi sert une indépendance, lorsqu’elle est mal gérée, lorsque le peuple a faim, lorsque la dignité du peuple est bafouée par les enfants de ce pays ? 

Peut-on réellement célébrer une indépendance confisquée  par une élite adepte de la kakistocratie, du néocolonialisme et de l’impérialisme mélanophobe français qui n’a à son actif que l’oppression, la division, le sous-développement, l’autoritarisme, l’immobilisme, l’ethnisme politique, le clientélisme, les coups d’états militaires, le refus de l’alternance politique sur fond d’un État défaillant? 

L’indépendance politique d’un pays éternellement assisté peut servir à quoi, lorsque nous avons en face des acteurs étatiques qui continuent de faire appel au concours d’autres nations pour résoudre des problèmes qu’ils ont créés par eux-mêmes ?

Nous savons que, la première des libertés à conquérir, c’est celle de l’autosuffisance alimentaire. 

Ce qui est loin d’être le cas de la Guinée, car le récent coup d’État militaire suivi de crises politiques, sociales illustrent de la situation comateuse dans laquelle se trouve ce pays très riche avec un peuple pourtant très pauvre contraint aujourd’hui de prendre le chemin de l’immigration mortelle. 

En effet, cette situation est rendue possible grâce à la gestion catastrophique du pays par les différents gouvernements qu’ont connu ce pays et cela sans exception et depuis 66 ans. 

Les tenants du pouvoir guinéen font depuis toujours de la politique spectacle, où bassesse politique rime avec opportunisme politique, imposture et démagogie. 

Le pays se trouve après 66 ans d’indépendances à la croisée des chemins et on parle encore de refondation de l’État.

Et malgré que le peuple de Guinée ait refusé le calme honteux d’un joug doré, préférant la garde soucieuse d’une fière indépendance, ce peuple fier et digne ne jouit toujours pas pleinement de son indépendance. 

Elle manque de tout et n’a surtout pas droit au développement. 

De l’indépendance à nos jours, les acteurs étatiques se sont souvent comportés comme des prédateurs, peu soucieux de redistribuer les profits de l’économie de rente à l’ensemble des peuples.

Cette attitude de l’élite s’accompagne par la mise en place de régimes autoritaires, corrompus, s’accaparant le pouvoir au profit d’une minorité, ou d’un clan hégémonique, népotiste, ethniciste.

L’indépendance n’est pas un vain mot 

Pour les tenants du pouvoir actuel en Guinée, l’indépendance de nos peuples africains, l’Afrique des libertés doit être plus que jamais confisquée. 

Ils sont convaincus que l’avenir de l’Afrique et de la Guinée se dessine à Paris. 

Mamady Doumbouya, Amadou Oury Bah, Dansa Kourouma sont devenus « la voix de leur maître».  Ils croient au messianisme de la France sur le destin de l’Afrique !

Fidèles à l’esclavage mental, Mamady Doumbouya a décidé que le peuple de Guinée ne peut pas avoir puissance de son propre destin. 

Pourtant leur maître, n’a rien fait quand il le pouvait. Comment penser qu’il s’est converti à d’autres sentiments? 

On voit bien qu’avec ce régime militaire plein d’aliénés mentaux, si “Autrefois on aimait l’or qui donnait le pouvoir avec lequel on faisait de grandes choses”,  aujourd’hui , on aime le pouvoir qui donne l’or avec lequel on fait de petites choses” Selon le temps la manière n’est ce pas. 

Cela démontre combien de fois cette élite méconnaît l’utilité de son indépendance. 

Un peuple transformé majoritairement en flatteurs

Quant au peuple de Guinée transformé majoritairement en flatteur, il semble être depuis l’indépendance, endormi, puisque n’ayant vécu que sous l’oppression, avec une gouvernance corrompue et inhumaine. 

Et malgré qu’il ait refusé le calme honteux d’un joug doré, préférant la garde soucieuse d’une fière indépendance, le peuple de Guinée ne jouit toujours pas pleinement de son indépendance. 

Pourtant après, ce choix noble fait par le peuple de Guinée en 1958, cette liberté, si chère à tous les Hommes,  à l’âme noble et fière; ce peuple n’a point mérité d’être torturé, tué, humilié, appauvri, divisé, affamé, avec un cœur amolli par ses propres fils. 

Il n’a en aucun cas mérité un tel sort, un tel traitement par une élite dont le comportement est pire que le colon. 

Car soixante-six ans d’indépendance sont suffisants pour permettre à ce pays immensément riche d’avoir un développement autonome, autocentré où chaque citoyen aura droit au progrès social et économique. 

Une indépendance pervertie par son élite 

À l’évidence, l’indépendance de la nation guinéenne est plus que jamais pervertie par son élite complotiste, médiocre et ethniciste. 

Et les tenants du pouvoir actuel ne sont pas prêts à relever ces défis. Ils ont depuis torpillé l’aspiration au  changement voulu par les populations le 05 septembre 2021. 

Beaucoup de secteurs d’activité de l’administration publique ont été émaillés de scandales financiers ces trois dernières années aussi. 

Les puissances et multinationales étrangères ont plus que jamais le contrôle de la vie économique, sociale et culturelle du pays. 

Le contrôle monétaire et financier par les puissances et multinationales étrangères, la prédominance absolue des entreprises étrangères dans la vie économique du pays, la réduction des « élites » guinéennes au statut de bureaucraties administratives, l’aliénation culturelle persistante dans l’usage des langues étrangères constituent aujourd’hui le handicap le plus flagrant à un développement autonome, autocentré du pays. 

Le contexte actuel de forte instabilité politique à Conakry rend la plupart des observateurs pessimistes sur l’évolution de la situation dans les semaines et mois à venir.

Car la junte militaire guinéenne refuse d’inscrire ses actions sur le long terme pour remettre la démocratie guinéenne sur de bons rails et assainir la gouvernance.

Oubliant surtout que le choix des réformes à opérer nécessite un large consensus des acteurs politiques guinéens afin d’éviter les blocages préjudiciables à la bonne marche de la transition ;

Comment peut-on. dans ce cas prévenir une nouvelle sortie de route de la transition

Une chose difficile à dire, car le gouvernement de transition dépourvu de programme politique tarde à rassembler davantage les acteurs politiques et de la société civile autour des priorités de la transition. 

Pourtant le choix des réformes à opérer nécessite un large consensus des acteurs politiques guinéens pour éviter les blocages préjudiciables à la bonne marche de la transition. 

Mais la junte militaire guinéenne semble donc très peu préoccupée du bilan d’une indépendance politique mal gérée. 

La pauvreté endémique dans le pays, source des remous sociaux, et la réaction répressive de la junte militaire, où sortent pourtant tous les jours des millions de tonnes de bauxite, sans que sa population ne bénéficie des retombées illustre l’indifférence des nouvelles autorités guinéennes. 

Le bradage des gisements de Simandou et tant d’autres sont devenus la règle. 

C’est plus qu’une évidence, qu’un peuple qui ne mange pas à sa faim, qui vit au jour le jour, qui ne peut pas se projeter sur l’avenir, qui n’a pas droit au développement, qui n’a pas droit à la vie, qui n’a pas droit à la justice, à la liberté, n’est pas indépendant. 

C’est un peuple drapé que dans une chimérique indépendance. 

Et un peuple qui soutient un gouvernement, une élite qui continue de faire appel au concours d’autres nations pour résoudre ses problèmes, qu’il crée, qui lui sont donc propres, n’est pas prêt à assumer son indépendance. 

Ainsi l’indépendance de la nation guinéenne est de nos jours que chimérique, puisque le pays est rongé par une élite ethniciste, divisionniste, égoïste, corrompue. 

Nous sommes gouvernés aujourd’hui par des bandits de grands chemins qui se sont partagés le pays, ils se sont partagés les richesses, le territoire, et même les hommes. 

Bref ils se sont partagés tout et tout le monde les laisse faire. Et c’est pourquoi d’ailleurs ils préparent d’autres jeunes à l’image des actuels acteurs étatiques, les jeunes ministres encore fretins à devenir aussi de grands bandits, afin de pouvoir prendre la relève. 

À qui la faute, lorsqu’on continue d’aimer des personnes qui nous rejettent ! 

Malgré ce sentiment d’impuissance  face à ces bandits de grands chemins, le peuple de Guinée doit refuser de s’abstenir, dans un renoncement plein d’aigreur, ou encore dans le rejet de toute règle commune, dans une révolte sans objet précis, pour le bien être de la population guinéenne. 

Bonne fête !

Aïssatou Chérif Baldé 

Un commentaire

  1. Les guinéens fêtes un passé et cependant que l’avenir de sa jeunesse est pris en otage par un clan.
    Quelle gâchis générationnelle !
    Et je me demande pourquoi faire un sommet de la Cedeao dans un pays de dynastie ?

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