Mais peut-elle exister sans limitation et délai de fin de transition?
(Cet article de grande importance a été écrit le 29 septembre 2021 juste après la connaissance de la forme de la transition pilotée par le putschiste Mamadi Doumbouya.
Près de trois ans après sa publication, et surtout avec l’envie de confiscation du pouvoir affichée par les putschistes, mon analyse est devenue réalité.
D’où l’impérieuse nécessité de réchauffer l’article pour le publier à nouveau.)
Bonne lecture
Certes dans son discours de la prise du pouvoir, Colonel Mamady Doumbouya a manifesté la volonté de briser le système qui tenaille ce pays depuis 63 ans.
Et briser le système consiste à créer une nouvelle Guinée tant rêvée par les patriotes épris de paix, de justice, de démocratie et du développement socio-économique.
Tout un chantier dont l’exécution exclut complaisance et bricolage.
C’est pour dire que la présente occasion interpelle chaque citoyen guinéen afin de nous éviter le naufrage collectif et doter le pays des institutions solides, gage de démocratie et de prospérité partagée.
Pour y arriver, il faudra commencer par limiter la durée de la transition en cours.
Or la charte de transition actuelle n’en fait pas cas et pour quel motif?
Certes, la junte est en train de poser des actes très encourageant qui redonnent espoir au peuple de Guinée.
Et bien sûr que la Guinée fait face à plusieurs chantiers à la fois difficiles et complexes.
Nonobstant cette situation complexe, le fait de vouloir préserver l’aspiration au changement ne donne pas la légitimité, la l’égalité à la Junte militaire guinéenne de présenter une charte sans une durée connue.
Et pour prévenir une nouvelle sortie de route de la transition, la junte militaire doit s’efforcer à limiter la durée de la transition à une période de deux ans si nécessaire.
Mieux, on ne peut pas publier une telle charte de transition sans expliquer aux guinéens pourquoi sa durée n’est pas limitée.
Quoi qu’il en soit, ne pas déterminer la durée de la transition ou ne pas donner des explications de façon transparente aux peuples sur les raisons d’une telle décision, c’est donner la chance aux ennemis de la Guinée de mettre un terme à la transition, avant qu’elle ne commence.
Et en le faisant, vous aurez beaucoup plus de légitimité et l’adhésion du peuple à votre appel patriotique sera acquise.
Et ça permettra d’inscrire vos actions dans le plus long terme et vous pourrez dès maintenant mieux identifier et mettre en avant les forces porteuses du changement pour faire place aux initiatives locales visant, à l’intérieur de l’administration, à produire des services plus efficaces et adaptés.
Mais si vous continuez à entretenir le flou sur la durée de la transition, vous donnerez la possibilité aux criminels financiers du pouvoir déchu, aux vassaux des puissances impérialistes et organisations à la solde qui veulent imposer à la Guinée leur modèle, d’atteindre leurs objectifs.
Et au cas où, vous n’êtes aussi qu’une assemblée de vassaux des pays occidentaux et multinationales qui spolient nos ressources minières immenses ou de celles qui sont en attente d’obtenir aussi des concessions minière, la durée de la transition restera inconnue.
Et nous y sommes déjà !
Tout n’était que mensonge et Mamadi Doumbouya et le CNRD sont pris en flagrant délit de mensonge. Les hommes politiques membres de son gouvernement de transition aussi.
Les polémiques autour des déclarations de ses ministres portes-paroles et tout comme de son premier ministre soutenant son envie de confiscation du pouvoir démontrent à quel point ces gens n’ont jamais appris à dire la vérité. Ils n’ont appris qu’à mentir, trahir le peuple et tuer le peuple.
Ils ne peuvent pas incarner la nouvelle Guinée. Car cette nouvelle Guinée, c’est celle de la politique de la raison et de la vérité, l’héritier des Lumières.
La Guinée qu’ils nous imposent est celle engendrée par les mensonges, la perfidie, la violence, l’oppression, et la pauvreté.
Cela dit, le mensonge en Guinée n’est pas un crime et l’État n’a jamais pris la peine de faire du mensonge en soi un crime.
Alors leur parjure actuelle qui porte sur le non respect de la charte de la transition qui stipule dans son article 45 qu’aucun membre du CNRD et de son gouvernement ne devraient être candidats aux élections présidentielles prochaines ne fera l’objet d’aucune poursuite judiciaire.
Et les préjudices qu’ils créent, voire les fraudes qu’ils couvrent ne seront pas non plus poursuivis, malgré qu’ils mentent comme un arracheur de dents.
Or notre pays a besoin de la vérité pour exister.
Aissatou Cherif Balde.