Guinée: Comment stopper le désagrément de la santé publique, de l’éducation et de la sécurité?

La Guinée a le désavantage de se présenter sous une physionomie de plus en plus inquiétante.

Et l’arrivée du chouchou de la françafrique Mamady Doumbouya à la tête de l’État suite à un putsch militaire, n’a en réalité rien changé en cette physionomie. 

Le coup d’État militaire du 05 septembre 2021, mal ficelé, soutenu par l’Etat français a plutôt plongé le pays dans une situation cauchemardesque.

Le contexte actuel est marqué par des déséquilibres aussi bien économiques (difficile accès à l’eau et à l’électricité, hausse des prix, déficit des comptes publics et extérieurs, gabegie , détournements…) que sociaux ( chômage persistant des jeunes, pauvreté galopante dans les zones périurbaines et rurales, insécurité…). 

L’assassinat de plus de trente jeunes adolescents à cause d’une part du manque d’électricité et d’autre part à cause du caractère répressif du pouvoir militaire pour lequel toute forme d’opposition doit être matée illustrent le désordre dans lequel se trouve l’État guinéen.

Et pourtant l’homme du 05 septembre 2021 a aussi fait trop de promesses allant dans ce sens. 

Le Chef de la junte militaire n’a pas hésité tout juste après les premières heures du coup d’État militaire à nous parler de refondation de l’État guinéen.

Compte tenu du résultat décevant de la politique gouvernementale du  régime actuel, ce discours n’est juste qu’un slogan stérile, renforcé par le fait que, face à la profondeur de la crise économique et sociale que traverse le pays, aucune alternative politique et économique digne de ce nom n’est lisible, visible dans les actions du gouvernement de transition.

C’est ce qui explique pourquoi les promesses clamées par Doumbouya et ses prédécesseurs dans les domaines de la santé, de l’éducation, de la sécurité, de l’énergie et eau etc… ne se sont  jamais traduites de façon concrète dans la vie quotidienne des populations.

Conakry est depuis des mois, désespérément privée d’électricité et plongée dans une obscurité totale. Des coupures d’électricité pourtant très rares de par le passé pendant la saison pluvieuse.

Certes, certains diront que les efforts à faire et les sacrifices à consentir sont abyssaux, mais après plus de six décennies d’indépendance, si  nos dirigeants avaient fait preuve d’une détermination et d’une volonté ferme de relever les défis et préoccupations majeures dans ce pays. Ils auraient sans doute trouver des réponses satisfaisantes aux yeux de nos populations.

En effet, tous les dirigeants de ce pays ont été incapables d’ouvrir la perspective d’un avenir plus prometteur à notre gouvernance politique, économique et juridique.

Pourtant nous n’avons pas besoin d’un miracle pour le faire. 

Comment stopper le désagrégement de ces secteurs clés du développement?

Et il faut pour un premier temps avoir des objectifs précis pour le développement de ces secteurs, impulser une ingéniosité, une créativité extraordinaire pour laisser de nombreuses innovations en héritage.

Même si la liste de ce qu’il faut faire dans un pays comme la Guinée est certes longue, mais avec un gouvernement   compétent et surtout conscient de l’ampleur de la tâche, les chances de succès seraient très bonnes aujourd’hui.

Ce qu’il faut faire pour améliorer la qualité de la santé publique 

Dans le domaine de la  santé publique et de la protection sociale, il faut impérativement comprendre que la conception de la santé ne doit pas être considérée comme une charge pesant sur les ressources mais comme un facteur de progrès socio-économique.

Il faut donc commencer par 

  • Garantir de façon transparente la gratuité des soins pour les personnes les plus vulnérables (femmes, enfants, sujets âgés et handicapés) tout en veillant constamment à préserver l’équilibre financier du système et à pérenniser ses acquis ; 
  • Mettre un terme au processus de privatisation rampante des prestations de santé qui freine l’accès au grand nombre de nos concitoyens aux services de santé; 
  • Affecter à cet égard aux secteurs préventif et curatif de la santé publique une part du budget national au moins égale au taux recommandé par l’OMS, soit 15% ; 
  •  Renforcer l’offre des services et prestations de santé prénatale en vue de favoriser notamment le relèvement des indicateurs d’espérance de vie à la naissance ; 
  • Accroître la couverture sanitaire du territoire national ; 
  • Renforcer la formation ainsi que le recrutement de personnel médical et paramédical adéquat en nombre comme en qualité.

De telles avancées vont permettre dans un premier temps d’avoir des résultats extraordinaires, notamment en ce qui concerne la mortalité due au VIH/sida, à la tuberculose, au paludisme et aux maladies de l’enfant mais aussi et surtout en matière de vaccins, médicaments et produits de diagnostic nouveaux, nouveaux moyens d’encourager la recherche-développement concernant les maladies qui touchent les personnes démunies. 

Ce qu’il faut faire pour avoir une  éducation de qualité 

Dans le domaine de l’éducation qui demeure l’arme la plus redoutable pour changer le monde et par conséquent la clé fondamentale de tout processus de développement, on peut s’y comme suit:

  • Adapter les cursus d’éducation et de formation ainsi le contenu des programmes aux besoins réels du pays et garantir aux langues le statut officiel de langues de travail dans la constitution ; 
  • Promouvoir la scolarisation des enfants et jeunes des milieux défavorisés par des mécanismes d’entraide et de solidarité (allocations, bourses, etc.) ;
  • Éradiquer l’exploitation et la maltraitance des enfants (travaux pénibles, mendicité) préjudiciables à leur santé, leur éducation ; 
  • Promouvoir la scolarisation des filles et la formation des femmes pour combattre toute forme de discrimination ou de stigmatisation en leur égard ;
  • Instaurer un dialogue social et politique permanent incluant les acteurs concernés sans exclusion (parents, enseignants, élèves, étudiants, partenaires techniques et financiers, Etat, etc.) pour la recherche d’un consensus fort, ce qui permettrait de définir à la fois un modèle d’école guinéenne et les responsabilités des acteurs et le type de partenariat éventuel souhaité.

Par ailleurs, il s’agira d’améliorer l’employabilité des jeunes par le relèvement, dans les niveaux secondaire et supérieur, de la proportion des élèves dans les filières scientifiques et technologiques, de promouvoir l’émergence de l’économie du savoir et de développer des écoles de formations spécialisées ainsi que des centres de formation professionnelle modernes. 

Ce qu’il faut pour garantir la sécurité du peuple et mettre fin à la violence d’État 

l’État guinéen est par essence violent, réfractaire. L’armée guinéenne et d’ailleurs l’ensemble des corps militaires, paramilitaires, la police, la gendarmerie n’ont jamais été républicaine.

Ils ont toujours tué, oppressé le peuple. Et leur devise est de tuer pour tuer.

Pourtant l’État guinéen peut mettre fin à son caractère violent et répressif en adoptant les mesures suivantes:

  • Anticiper sur les questions géopolitiques et géostratégiques. 
  • Renforcer la coopération sous régionale et l’unité africaine en favorisant l’avènement de la paix dans la justice ; 
  • Garantir la recherche constante de la paix et la sécurité dans la perspective de l’unité des guinéens et africaine;
  • Mettre  des actions fortes afin de conforter la paix et la sécurité publique en Guinée;
  • Le développement du concept : « Police de Proximité »;
  • Le recours accru aux moyens de surveillance satellitaire; 
  • La promotion de l’initiative privée encadrée dans la gestion de la sécurité;
  • La création d’une police des polices qui veille au respect par les fonctionnaires de police des lois et du règlement et du code de déontologie de la police nationale et de la gendarmerie pour dissuader les tueries insensées, les bavures policières… . 

Fort malheureusement, la fin tragique de Général Sadiba Koulibaly et l’envie démesurée de Mamadi Doumbouya et son clan de confisquer le pouvoir, de faire de la transition politique lettre morte, démontre que nous sommes très loin d’un tel chemin.

Car avec Mamadi Doumbouya, le peuple de Guinée a pour une énième fois de son histoire eu la malchance de porter confiance à un putschiste, qui n’a jamais eu le soucis de laisser aux guinéens un bilan axé sur un modèle de développement orienté vers la construction d’une société démocratique, d’une économie à la fois productive et inclusive où chaque guinéen disposera d’un accès à la richesse et au bien-être.

Et ses trois ans passés au pouvoir sont juste des années perdues pour le développement de ce pays. 

En somme qui pour redonner aux guinéens un grand motif d’optimisme, dans une époque que je considère comme particulièrement sombre ? 

Aissatou Chérif Baldé.

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