Souvenir du 28 septembre 2009 : La Guinée, cet état qui tue et banalise la vie humaine

Nous sommes le 28 septembre. Une date hautement symbolique pour la Guinée et les Guinéens. Outre, le Non historique au référendum gaulliste en 1958 qui ouvre la voie de l’indépendance à la Guinée, ce 28 septembre dont nous parlons ici est celui de 2009. Le jour des massacres au Stade de Conakry.

On dénombre 157 victimes de ces massacres du 28 septembre 2009, plusieurs cas de viols et des centaines de blessés alors qu’une junte militaire dirigeait le pays. Depuis 2010 plus de 200 vies supprimées lors des manifestations politiques sous la responsabilité du régime actuel;  et depuis le 14 octobre 2019,  la liste des victimes ne fait que s’allonger  et combien de victimes aura-t-on après ‘’la sélection’’ du 18 octobre 2020 ? Toujours pas de justice. Les victimes et leurs proches attendent toujours. Hélas, c’est l’impunité entretenue et garantie par l’Etat.

La suppression de la vie humaine a toujours été avec les tenants du pouvoir en Guinée un mal banalisé et on peut tuer à tout moment et à tout âge. Cela est ainsi en Guinée depuis toujours. 

Et ce qui est écœurant et cynique, c’est de voir comment la barbarie, la haine de l’autre peut s’habiller des vêtements les plus corrects, des principes les plus édifiants, les idéaux les plus purs ou de la médiocrité la plus crasse.

Oh ma Guinée pourquoi le vœu d’instaurer un Etat de droit peut conduire au mépris de la vie, à la barbarie voire à l’ignominie ?

Un Etat n’a pas besoin de force excessive pour faire valoir son autorité, car là où la force est employée, l’autorité a toujours échoué.

Le silence coupable du régime guinéen sur ces crimes et massacres dans le pays lors des  manifestations politiques ou sociales depuis 2010 marquant l’avènement de Mr. Alpha Condé au pouvoir suscite interrogation et inquiétude. Plus inquiétant encore reste le caractère disproportionné et sélectif de ces crimes perpétrés notamment dans la commune de Ratoma et dans la région forestière. Et ces crimes ne ciblant que les habitants de la commune de Ratoma est plus qu’un un acte de traîtrise à l’égard des habitants de cette zone qui ont payé un lourd tribut  dans le cadre de la lutte pour l’instauration d’une véritable démocratie en Guinée pendant ces deux dernières décennies. Car c’est le sang de ces victimes, surtout celles du 28 septembre 2009 qui a, en partie, favorisé l’arrivée au pouvoir de l’actuel président guinéen, Mr Alpha Condé.

Et Mr Alpha Condé pendant 10 ans reste peu sensible à ce drame, étant donné que son gouvernement traine les pas dans l’organisation du procès. Son silence fait montre de banalité et déni de justice. 

Et pourtant ce déni de justice est une atteinte au droit fondamental des victimes et ne saurait exister dans un État où le pouvoir exécutif est contrebalancé par une autorité judiciaire indépendante et forte. 

Mais cette situation n’est pas du moins étonnant dans un pays où la séparation des pouvoirs n’est que du simulacre et un pays où le peuple est méprisé et pris à couteau tiré entre des acteurs politiques égocentriques  qui se servent de ce peuple pour se maintenir au pouvoir ou y arriver en passant par le mensonge, le chaos, la culture de la haine etc…. 

De nos jours en Guinée faire de la politique signifie pour les acteurs du moment chercher des problèmes, les sous-évaluer  et ensuite appliquer de manière inadéquate les mauvais remèdes. Car refuser la justice pour les victimes des massacres du 28 septembre 2009 en est un, se taire l’est aussi. Vouloir organiser « la sélection » du 18 octobre 2020 sur la base d’une Constitution instaurée  à l’encontre de la volonté d’une grande majorité du peuple est une insulte à la mémoire de toutes ces victimes. 

Le pouvoir et l’opposition politique doivent comprendre que de par leurs manipulations, leur démagogie, le peuple de Guinée ne peut plus rien croire et un peuple qui ne peut plus rien croire ne peut se faire une opinion. Il est privé non seulement de sa capacité d’agir mais aussi de sa façon de penser et de juger. Et avec un tel peuple vous pouvez faire ce que vous voulez. 

Et voilà pourquoi il est impératif que les guinéens comprennent qu’il est temps de s’unir contre cette politique haineuse, pour empêcher que la Guinée ne sombre, et il y va de notre intérêt. 

Car ma Guinée de septembre 1958, de 2007, de 2009, c’est celle qui se lève, qui conteste, qui refuse la soumission, le joug du colonialisme, de l’impérialisme, c’est cette Guinée unie et fière de sa dignité. Et je souhaite aujourd’hui qu’elle retrouve son élan d’hier afin de pouvoir dire non au totalitarisme, à l’obscurantisme, et aux présidents despotes, aux présidents à vie, aux opposants opportunistes, aux cadres médiocres pour que vive la Guinée éternelle. 

REPOS éternel  à toutes les victimes des bavures de l’Etat guinéen depuis l’indépendance.

#Aissatou Chérif Baldé.

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