Guinée: La junte militaire guinéenne veut nous imposer un autoritarisme accepté.

Les putschistes guinéens veulent imposer le silence à tous ceux qui ne respectent pas le conformisme d’idées qu’ils considèrent avec l’appui de la diaspora guinéenne deflatée, les profiteurs d’occasions de l’ancien parti au pouvoir le RPG-arc-en-ciel, les transhumants politiques du parti politique de l’opposition UFDG comme majoritaires et incontestables, auxquelles tous les gouvernants, les médias en Guinée ne doivent plus confronter d’idées opposées et sur lesquelles il faut nécessairement s’aligner.

Néanmoins la junte militaire guinéenne peut se le permettre puisqu’on peut incontestablement déduire après observation de l’attitude de la grande majorité des opposants politiques et certains acteurs de la société civile qu’ils jouent un rôle peu conséquent et ne servent que de « faire-valoir». 

Ils sont depuis l’arrivée de M Alpha Condé au pouvoir pour la plupart vus comme de simples véhicules pour accéder à des postes ministériels, ou des coquilles vides donnant à travers leurs participation à des élections non transparentes une légitimité démocratique à une dictature. 

Nonobstant cet état de fait avéré qui pousse d’ailleurs à une crise de confiance entre politiques et militants, les forces politiques de l’opposition sont dans leur rôle et l’on ne peut pas se passer d’elles. 

Elles doivent donc jouer ce rôle en commençant par remplir une fonction de dénonciation et de critiques. 

Les forces politiques, les médias ainsi que d’autres acteurs issus de la société civile, ont pour rôle de critiquer ce que le gouvernement fait mal, ou ne fait pas.

La junte militaire guinéenne et ses soutiens opportunistes doivent le reconnaître. 

Quant aux partis d’oppositions, pour remplir cette fonction, ils sont dans l’obligation de s’attaquer au bilan du pouvoir – en particulier dans des domaines sur lesquels les attentes de la population sont immenses, comme la gestion de la transition politique actuelle, celle d’une crise sanitaire, la gestion  de la distribution de l’eau potable, des déchets, la gestion des déguerpissements, la destruction de l’environnement due à l’exploitation sauvage des ressources naturelles etc…

ils peuvent bien évidemment dénoncer aussi les fraudes électorales, la répression qu’ils subissent, ou l’impunité des dirigeants accusés de corruption ou de crimes de sang par exemple. 

Mais malheureusement, les forces politiques peinent à jouer ce rôle pleinement dans ce pays où tout change pour que rien ne change.

Tout tourne autour du partage du gâteau qu’implique la participation au pouvoir.

Ces dénonciations ou ces critiques peuvent par exemple se faire à travers les campagnes électorales, les réseaux sociaux et les médias, les débats parlementaires et d’autres moyens. 

Cela permet de documenter les abus et de les médiatiser, aussi bien à l’attention des citoyens que des partenaires internationaux. 

Outre mesure, le rôle de l’opposition est aussi de mobiliser les mécontents pour leur donner une opportunité d’exprimer leur insatisfaction. 

Cette mobilisation peut se faire au sein du régime (par exemple en se présentant à des élections) ou en dehors, à travers des campagnes de désobéissance civile, des boycotts et des manifestations. 

Car l’objectif de cette mobilisation est de forcer le régime à réagir – soit en lâchant du lest ou soit en réprimant la contestation – en augmentant alors le prix à payer pour se maintenir au pouvoir.

Et c’est cette dernière option que préfèrent le plus souvent les régimes africains.

La junte militaire guinéenne au pouvoir depuis le 05 septembre 2021 ne fait pas exception à cette règle. 

Enfin, les opposants politiques peuvent se positionner comme de potentiels successeurs à l’élite dirigeante et proposer une alternative sérieuse. 

En effet, la crédibilité de l’opposition peut reposer sur différentes bases: un opposant peut être considéré comme un réel outsider s’il a accumulé assez d’expérience et de capital politique – par exemple à travers des fonctions parlementaires ou exécutives. 

C’est ce qui explique le fait que les cadres des anciens partis au pouvoir tels que celui de feu général Lansana Conté ou encore de M Alpha Condé arrivent régulièrement à se positionner comme des leaders de l’opposition: Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré, Kassory Fofana, Amadou Damaro Camara, Dr Ousmane Kaba. 

Mais la crédibilité d’un opposant peut aussi reposer sur un parti politique comme c’est le cas de l’actuel jeune opposant sénégalais Ousmane Sonko.

Celle-ci peut lui fournir une base de soutien importante, un programme politique et une organisation solide à travers le territoire. 

Et cette crédibilité peut aussi émaner des sacrifices qu’un opposant est prêt à faire.

Alpha Condé ancien président guinéen, peut être cité à titre d’exemple, car il fut avant sa prise du pouvoir perçue comme légitime et digne de confiance. Et il s’était battu « dans les tranchées » et a supporté les coups physiques du régime de Conté et de Sékou avant de venir au pouvoir pour faire comme eux.

Alors adeptes de la pensée unique proche de la junte militaire guinéenne, nous sommes dans notre rôle.

Certes nous ne voulons plus de marche sacrificielles avec ses morts sans justices où celles-ci sont utilisées par les acteurs politiques comme un moyen de pression pour participer aussi à la gestion du pays. 

Mais les critiques et dénonciations se feront tant que des sujets qui peuvent en faire l’objet existent.

Et ce ne sont pas tous les acteurs de la société civile guinéenne, de l’opposition politique, des médias, de la diaspora guinéenne qui veulent devenir de simples véhicules pour accéder à des postes ministériels.

 Aissatou Cherif Balde 

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