Depuis le putsch militaire survenu le 05 septembre 2021, ayant permis à l’ancien légionnaire français du nom de Mamadi Doumbouya de prendre les rênes du pays, le retour de la Guinée dans le pré-carré français, est désormais une réalité.
La France est de retour dans le pays de feu Ahmed Sékou Touré, qui avait pourtant prôné en septembre 1958 le non aux accords coloniaux et au système de domination dénommé françafrique.
Ce retour de la Guinée dans le pré-carré français s’articule par la presence de plus en plus inquiétante de l’armée française en Guinée, des multinationales françaises dans le domaine de la sécurité, dans le domaine de l’exploitation des ressources minières du pays.
Mamadi Doumbouya fort du soutien politique du gouvernement français pour faciliter sa confiscation du pouvoir vient de confier la gestion de la société minière Guinée-Mining à un français.
Plus loin on apprend qu’un tunnel relie la résidence du chef de la junte Mamadi Doumbouya à l’ambassade de France à Conakry.
Qui l’aurait cru ?
Mamadi Doumbouya est déterminé à recoller le cordon colonial et néocolonialiste.
Depuis le putsch militaire françafricain du 05 septembre 2021 les relations entre la Guinée et la Russie sont de plus en plus timides.
La Guinée sous le régime militaire françafricain est plus que jamais tourné vers une ancienne puissance colonisatrice qui ne veut pas plier bagages.
La France n’a jamais digéré le non historique de Guinée
Il faut noter que depuis le NON historique du 28 septembre 1958 qui a apporté tant de désillusions ensanglantées au peuple de Guinée, l’État français n’a, pendant ces soixante-six ans, jamais cessé de manœuvrer pour faire revenir la Guinée dans le giron de la françafrique.
Elle a en effet tenté la soumission totale de la Guinée au système mafieux et criminel dénommé la françafrique et ceci à l’image de toutes ses anciennes colonies.
Car une chose reste certaine : la France n’a jamais digéré la perte de la Guinée suite au fameux référendum historique du 28 septembre 1958.
La France compte désormais sur son ancien légionnaire, le monarque machiavélien sans couronne pour déstabiliser les pays voisins tels que le Mali qui ont décidé de mettre fin à la présence des bases militaires françaises et de surcroît à la mise sous tutelle de leur pays et peuple.
Et la présence de l’armée française à la frontière Guinéo-malienne de Kourémalé en Haute Guinée ou encore la présence de gendarmes et militaires français confirmée par les autorités françaises, certains médias français prouve et le journaliste français Thomas Dietrich que la Guinée est de retour dans le giron de la françafrique.
Ce retour de la Guinée dans le giron de la françafrique considérée jusqu’ici comme opposée à toute forme de mise sous tutelle néocolonialiste est un succès pour la diplomatie française mise à mal dans la sous-région ouest-africaine.
Des interrogations sur le soutien de la France à un régime violent demeurent tout de même
Face à la situation tragique que vit actuellement la Guinée, jusqu’à quand la France continuera-t-elle de soutenir des despotes machiavéliens, corrompus en empêchant ainsi l’épanouissement et la liberté des peuples africains ?
Car le silence assourdissant des autorités françaises sur les violations graves des droits de l’homme, sur le Kidnapping de journalistes, de leaders d’opinion, l’emprisonnement d’opposants politiques tels que Aliou Bah pourtant proche de la France interroge.
Les causes de rebondissement d’intérêt de la France envers la Guinée
Il n’est en réalité un secret pour personne que les raisons de l’engagement de la France dans l’actuelle crise guinéenne sont purement et simplement d’ordre économique et politique.
Personne n’ignore qu’en dehors des faux opposants, des fausses ONG, bref d’une fausse élite se trouvent des enjeux véritables (économiques, politiques) de cet intérêt brusque de la France pour la Guinée.
Il suffit de jeter un regard sur les anciennes colonies françaises comme le Togo, le Gabon, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Congo-Brazzaville, pour comprendre comment la France au nom de l’alibi démocratique continue de piller ces pays et tout en leur privant des transitions démocratiques consolidées.
La France, à l’instar de toutes les anciennes puissances coloniales, vu l’avancée menaçante de la Chine, de la Russie, de la Turquie (pour elles), la création de la confédération des pays l’AES n’a jamais eu autant besoin de renforcer sa présence en Afrique sous prétexte d’instaurer des régimes fondés sur la démocratie.
Or elle y arrive au prix de l’ingérence, de la subversion et de la guerre.
Chronologie d’un soutien aux pouvoirs despotiques françafricains
Le soutien de la France au fils de l’ancien président togolais, Eyadema, lors des élections présidentielles de 2005, au fils de l’ancien président gabonais, Oumar Bongo, lors des élections présidentielles de 2009, à Déby fils du Tchad lors des dernières élections présidentielles, et maintenant à Mamady Doumbouya, ancien légionnaire français démontrent à quel point la France se joue de la démocratie et des peuples africains.
Car ces fils de dictateurs ont pu avec l’aide de la France prendre les rênes de leur pays et ceci malgré le changement voulu par la majorité de leurs peuples anéantis et meurtris après plusieurs décennies de dictature.
L’opposition togolaise, gabonaise, tchadienne fût anéantie, les peuples togolais, et gabonaise, tchadiens massacrés. La France et la communauté internationale se sont tues. Faure Eyadema, Ali Bongo remplacé aujourd’hui par un autre françafricain et Mahamat Deby se sont installés au pouvoir, des nouvelles dynasties sont nées en Afrique.
On aurait pu penser que cette parodie d’élections démocratiques, avec ses grosses ficelles et ses manœuvres éhontées s’arrêtaient là après la mort de dictateurs que sont Omar Bongo, Gnassingbé Eyadema, Idriss Deby et maintenant Mahamat Deby.
Au contraire, la France a sans cesse fourni des nouvelles ressources pour permettre aux fils de ces dictateurs de perdurer afin d’assurer la continuité en imposant leur candidat à la succession du dictateur et garantir leurs intérêts dans ces pays, et ceci malgré les dénonciations récurrentes des peuples d’Afrique.
L’ancien président congolais, Pascal Lissouba, s’est vu évincé du pouvoir en 1997 par une rébellion menée par Denis Sassou Nguesso lorsqu’il a remis en cause les accords d’exploitations du pétrole signé entre son pays et la multinationale française ELF.
Laurent Gbago n’avait pas à prôner la décolonisation économique de son pays
Et l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo s’est vu confronté en 2002 à une rébellion dans son propre pays lorsqu’il a voulu « décoloniser » l’économie ivoirienne à son arrivée au pouvoir en 2000.
Car jusqu’en 2002, les intérêts français en Côte d’Ivoire représentaient un tiers des investissements étrangers et 30 % du PIB ivoirien.
Ainsi dans chaque ministère ivoirien se trouvait un représentant français qui veillait à ce que les intérêts de la France, notamment les grandes multinationales comme Bolloré, Bouygues, EDF et Saur, soient garantis, sans être confrontés à une concurrence des autres multinationales d’où qu’elles viennent.
Ceci étant, personne n’avait à toucher à ce privilège néocolonial dont jouissent les multinationales françaises en Côte d’Ivoire.
L’envie prononcée des Ivoiriens de vouloir en finir avec cette « indépendance confisquée » qui dure depuis plusieurs décennies leur a coûté une rébellion de 8 années avec un pays divisé qui peine à retrouver sa liberté, son indépendance et surtout sa stabilité politique.
En 2011 Laurent Gbagbo fut évincé et remplacé par Alhassane Ouattara, le pion de la françafrique par excellence.
Mamady Doumbouya, le nouveau pion de la françafrique
Nous avons désormais en Guinée, le sieur Mamady Doumbouya, un pantin par excellence de la françafrique opposé à l’indépendance de la Guinée qui entretient aujourd’hui l’un des régimes les plus répressifs du continent.
On ne peut donc plus balayer d’un revers de la main que l’ancien légionnaire français Mamady Doumbouya n’est pas le chouchou de la Françafrique.
Il est désormais plus que clair que le dictateur guinéen veut être à l’image de Faure Eyadema ou encore de Mahamat Deby, de Blaise Compaoré ou du sieur Alhassane Ouattara, un pion de l’administration française et du patronat français en Guinée.
Le putschiste guinéen veut tellement être le chouchou de la Françafrique qu’il avait en août 2022 distingué par décret quatre officiers français.
Pour marquer son allégeance à la vision néo-impériale du président français, tous les moyens sont bons. Car il sait que pour pouvoir réussir son glissement vers l’autoritarisme, il a besoin de la main tendue de l’Etat français.
Que fait la France contre les conflits, les tensions sociales, les violences de tout genre et les pertes de revenus en Guinée ?
Rien sinon qu’une indignation sélective ou une justice à géométrie variable. Car la déclaration universelle des droits de l’homme existant depuis 70 ans n’est valable que pour eux les « civilisés » qui évitent la guerre chez eux et se serrent les coudes dans la mise au pas des « barbares ».
Pillée et humiliée, l’Afrique et plus particulièrement la Guinée se doit de tirer le maximum d’enseignements de cette réalité en apprenant à distinguer les conséquences des actes de sabotage économique et de déstabilisation des dirigeants qui osent dire « non » de la mauvaise gestion que les démocraties occidentales savent, du reste, pardonner tant que leurs intérêts ne sont pas menacés.
Il serait donc naïf de la part de la diaspora guinéenne, de l’opposition politique, des mouvements politiques de penser que la France, de même que cette communauté internationale qui tiennent les ficelles du système-monde et des structures internationales néocolonialistes, vont contribuer à l’instauration d’un système démocratique fiable et consolidé en Afrique plus précisément en Guinée.
On doit savoir que les transitions démocratiques en Afrique et plus particulièrement en Guinée ainsi que le vote ne servent qu’au renouvellement du personnel local du système-monde.
Les électeurs locaux en deviennent, à leur propre insu, des clients de la politique spectacle et les victimes des rapports marchands qui lui sont sous-jacents.
Les sujets qui peuvent écorcher les oreilles du G8, de l’UE tels que le pillage des matières premières de l’Afrique, le diktat des grandes puissances, la dette extérieure, les réformes néolibérales sont soigneusement écartés du débat électoral quand débat il y a.
Mamady Doumbouya ne doit pas confisquer notre indépendance
L’arrivée de Mamady Doumbouya au pouvoir permet au joug du néocolonialisme de se resserrer autour de la Guinée.
Donc, réveillons-nous afin de pouvoir nous débarrasser de ce régime militaire complaisant et françafricain.
Nous devons arrêter de soutenir des faux opposants, les faux médias aux ordres, et surtout ce gouvernement de transition françafricain et les associations et ONG qui savent manier la langue de bois et qui attendent d’être récompensés et utilisés pour soigner l’image de leurs pays.
Mamady Doumbouya ne peut pas faire de nous un peuple amnésique, apathique qui ne peut pas avoir la puissance de son destin.
On ne doit pas le laisser confisquer notre indépendance acquise au prix de la douleur et du sang et grâce aux énormes sacrifices consentis par nos devanciers que sont entre autres Diallo Tely, Sékou Touré, Barry III, M’Mah Fory Bangoura, de Almamy Bocar Biro.
Pour nous autres, les anciens colonisateurs, notamment la France ne sont pas des puissances tutélaires éternelles dont l’opinion sur ce que nous sommes, ce que nous faisons et où nous allons est vitale.