Nous venons d’apprendre de sources sûres que des militaires proches du général Sadiba Koulibaly mis aux arrêts par la junte militaire guinéenne ont été aussi arrêtés.
Il s’agit du jeune officier Colonel Amara Sylla, Commandant de la 4è région militaire de N’zérékoré, un cadre militaire très apprécié pour son niveau d’instruction, a été arrêté hier.
Le Colonel Philippe Magassouba, ancien commandant du BQG, a aussi a été arrêté avant-hier tout comme Billy Nankouman Condé, Commandant du Centre d’entraînement aux opérations de maintien de la paix de Samoryah à Kindia.
Ces officiers sont accusés par la junte militaire guinéenne d’être des proches du Général Sadiba Koulibaly.
Radiation de Sadiba Koulibaly de l’armée
Pendant ce temps à Conakry, Mamady Doumbouya a décidé de le radier des effectifs des forces armées juste après sa condamnation à cinq ans de prison ferme.
Le décret portant sur sa radiation a été lu ce soir du vendredi 14 juin 2024 sur les ondes de la radiotélévision publique .
Il faut noter que l’ex Chef d’état -major Général des armées a été reconnu aujourd’hui 14 juin 2024 par le tribunal militaire coupable de désertion et détention illégales d’armes de guerre.
Il occupait avant son arrestation le poste de chargé des affaires à l’ambassade de Guinée à Cuba.
Des accusations rejetées en bloc lors du procès
Le procès du général Sadiba Koulibaly s’est ouvert ce jeudi 13 juin 2024 devant le tribunal correctionnel militaire de Conakry pour se terminer avec une condamnation de 5 ans de prison aujourd’hui 14 juin 2024.
Accusé de désertion à l’étranger et de détention illégale d’armes, il a aussitôt après sa comparaison, réfuté toutes les accusations en bloc.
Le récit du procès
Par rapport au premier chef d’accusation, il a commencé par rappeler qu’il est général de brigade. Il dit n’avoir que l’arme individuelle qu’il a obtenue lorsqu’il était en service à l’école militaire de Manéah en 2008. Selon le désormais ex Général , il n’a jamais détenu illégalement une arme.
Il précise que même les gardes qui assuraient sa sécurité, lorsqu’ il était chef d’Etat-major général des armées, étaient dotés chacun, d’une arme.
S’agissant du second Chef d’accusation: Désertion à l’étranger, il dira ceci « Je n’ai jamais déserté ». Selon lui: «Il a expliqué avoir pris service le 18 octobre 2023 en tant que chargé d’affaires à l’ambassade de Guinée à Cuba. Il dit être resté à son poste jusqu’au 22 mai 2024 malgré les difficultés. Selon lui, avec les embargos économiques imposés sur Cuba par le gouvernement américain, il était difficile pour le personnel de l’ambassade de rentrer en possession de son salaire à travers les banques cubaines directement. C’est à cause de toutes ces difficultés qu’il dit avoir écrit officiellement à l’actuel ministre des affaires étrangères Dr. Morisanda Koulibaly».
«Compte tenu de toutes ces difficultés, les autorités ont décidé de rapatrier les fonds à Madrid, en Espagne pour faciliter leur réception à la Havane. Il poursuit que son adjoint a même fait deux voyages sur Madrid dans des conditions difficiles sans trouver une solution viable. Les banques espagnoles avaient déjà dit qu’elles ne vont plus accepter des transactions sous prétexte que leur pays fait partie de ceux qui ont imposé des embargos économiques sur Cuba, a révélé le prévenu».
«C’est pourquoi, a-t-il poursuivi, le personnel de l’ambassade qui avait déjà fait trois mois sans être payé, lui a suggéré de venir à Conakry pour trouver une solution définitive aux problèmes».
«L’ex-chef d’Etat-major Général des armées a affirmé que c’est dans ces circonstances qu’il a écrit une lettre au ministre des affaires étrangères et des guinéens de l’étranger pour l’informer de son arrivée à Conakry. Sans avoir une autorisation expresse, a-t-il avoué».
Sadiba Koulibaly «dit avoir débarqué à Conakry dans la nuit du mercredi 22 au jeudi 23 mai 2024 en passant par Miami et Paris. À cause de la visite du chef de l’Etat sénégalais, c’est seulement deux jours après, soit le samedi, qu’il a appelé le ministre des affaires étrangères pour lui dire qu’il souhaiterait le rencontrer. Le lundi 27 mai 2024, à 8h 30, il dit être reçu dans les locaux du ministère des étrangères. Selon Sadiba, il a alors expliqué au ministre Morissanda Kouyaté l’objectif de son arrivée à Conakry. Celui-ci aurait même confirmé avoir reçu toutes les lettres qui lui avaient été adressées».
«Le prévenu a reconnu que le même jour, son ministre lui a demandé s’il s’est vu avec le patron. Il a répondu par la négative, en ajoutant qu’il devait le rencontrer pour des raisons personnelles. C’est à la suite de ces échanges, que Morissanda Kouyaté a dépêché le DAF du département au trésor public et à la banque centrale au centre-ville de Kaloum en vue de trouver une solution au problème qu’il a posé. Le DAF est arrivé à la conclusion qu’il faut créer un compte pour l’ambassade à la banque centrale en présence de Sadiba Koulibaly lui-même et pour le financier de l’ambassade. Le prévenu a révélé que ce financier de l’ambassade est arrivé à Conakry en provenance de Cuba le 3 juin 2024 à la demande du ministre des affaires étrangères. Dès le 4 juin déjà, ce financier était à l’œuvre avec le DAF du ministère des affaires étrangères».
Pour Sadiba Koulibaly, Morissanda Kouyaté devrait normalement mettre ce temps à profit pour rendre compte à qui de droit. Ce qui n’a pas été fait, a-t-il regretté.
Dans la même journée du 27 mai 2024, Sadiba Koulibaly dit s’être rendu au camp Almamy Samory Touré pour rencontrer le chef d’Etat-major général des armées qu’il considère comme sa hiérarchie. Mais tout cela n’a pas suffit pour lui éviter des ennuis avec les autorités.
« Dans la soirée du mardi 4 juin, le ministre m’appelle. Il me demande où je suis ? Je lui réponds que je suis à la maison. Il a ensuite cherché à savoir qui m’a donné l’autorisation de rentrer au pays et pourquoi je suis là. Le temps pour moi de répondre à sa question, il a passé le téléphone au président. Le président m’a demandé en disant : mon général qui vous a dit de venir ? Aviez-vous écrit avant de venir ? Je lui ai répondu que je souhaiterais le rencontrer pour lui en parler et puis je lui ai dit que je ne crois pas avoir commis un crime qui m’empêcherait de venir en Guinée. C’est ainsi que le président a arrêté de parler », a rapporté Sadiba Koulibaly.
«Le prévenu a fait savoir au tribunal que pendant qu’il communiquait avec le président, le ministre des affaires était en train de tenir des propos pour enflammer la situation en sourdine en le traitant de traître et de déloyale. Il était 16 heures, a-t-il précisé. Aux environs de 19h, un détachement militaire des éléments des forces spéciales et de la gendarmerie est arrivé chez lui à Kountia sur fond de tirs et occasionnant des dégâts matériels importants, a rappelé le général Sadiba Koulibaly».
«Lui qui était de l’autre côté de la maison, révèle-t-il, a pu se mettre à l’abri pour se rendre lui-même à la présidence. Selon lui, il a été reçu par un commandant dans son bureau. Il a été remis ensuite au commandant de la gendarmerie qui l’a envoyé à la direction centrale des investigations. Aux côtés du général Sadiba Coulibaly, six autres jeunes militaires qui étaient en poste chez lui, sont poursuivis pour détention illégale d’armes».
Au total, sept PMAK ont été saisies chez l’ex-chef d’Etat-major général des armées. Dans la phase des questions-réponses, il a été reproché à l’officier d’avoir disposé de 12 gardes alors qu’il n’a droit qu’à trois en application de l’article 9 du statut des généraux.
Sa condamnation à 5 ans de prison ferme suivie de sa radiation de l’effectif des armées ne doivent donc surprendre personne.
Car la junte militaire guinéenne est dans la logique complotiste.
Trop de pouvoir à ce légionnaire qui brave et piétine tout sur son passage sinon pourquoi rétrograder et radier 1 général par parce-qu’il est rentré au pays ensuite poursuivre ces proches