À l’occasion de la fête de l’indépendance de la Guinée, le président guinéen Alpha Condé s’est adressé hier 2 octobre à ses compatriotes sur fond d’un mea-culpa.
Et c’est depuis la Turquie où il vit depuis le putsch militaire françafricain de Mamady Doumbouya, cet ancien légionnaire français devenu le pion de l’impérialisme français en Guinée et que les Guinéens ont découvert aussi grâce à lui, lors d’un défilé de l’armée à l’occasion de la célébration de l’indépendance de la Guinée, que l’opposant historique s’est adressé aux Guinéens.
Alpha Condé fidèle à son style a tenu dans ce discours à rendre hommage au peuple de Guinée à l’occasion du 67ᵉ anniversaire de l’indépendance, célébré ce 2 octobre à Conakry.
Il entame son discours en ces termes: « C’est avec un cœur plein de chagrin, mais aussi avec un sens aigu de responsabilité que je m’adresse à vous en ce jour mémorable où notre nation commémore le 67ᵉ anniversaire de son accession à l’indépendance. En ce jour de mémoire et de fierté, nous devons nous rappeler d’où nous venons, où nous étions et où nous allons »
« Je reconnais qu’il y a eu des erreurs et des manquements que je m’apprêtais à corriger afin d’amorcer un vaste programme de développement bénéficiant du soutien et de l’accompagnement de plusieurs partenaires stratégiques à travers le monde » a-t-il laissé entendre.
Alpha Condé a tenté dans ce discours de mettre en avant son bilan et surtout dans le secteur de l’énergie: « Avant 2011, notre pays sortait de décennies d’instabilité et de fragilité. Les institutions étaient minées par la corruption, les services sociaux délabrés, l’économie en panne, les routes impraticables. L’électricité était inexistante, l’agriculture abandonnée, la jeunesse condamnée au chômage ou à l’exil. La Guinée vivait dans une précarité et une incertitude qui empêchaient tout espoir collectif. En 2011, lorsque vous m’avez confié la direction du pays, j’ai pris la mesure de cette responsabilité historique. Ensemble, malgré les difficultés, nous avons travaillé à reconstruire notre pays et à bâtir un État ».
« Avec Kaléta, Souapiti et d’autres projets, nous avons multiplié par trois la capacité énergétique nationale, donnant l’espoir d’une autosuffisance et d’une exportation régionale. Le barrage d’Amaria était en cours de construction. L’interconnexion de la région forestière avec la Côte d’Ivoire était déjà acquise, tandis que celles du Libéria, de la Sierra Leone et du Mali étaient en cours. D’autres extensions et constructions de barrages étaient prévues pour couvrir l’ensemble du territoire national. » a-t-il fait savoir.
Il profite aussi de ce discours pour parler de ses réalisations dans le secteur agricole, minier, dans le domaine de la santé, des infrastructures, de l’éducation et de la santé, dans le domaine des mines.
« Tous ces efforts ont été faits dans un contexte politique marqué par plusieurs manifestations qui ont malheureusement entraîné des victimes dans nos familles. Je voudrais, une nouvelle fois, adresser mes condoléances à leurs familles, prier pour le repos de leurs âmes et demander pardon au nom de l’État guinéen ».
« Nous avons lancé des projets structurants, négocié pour plus de valeur ajoutée locale et posé les bases d’une meilleure transparence des projets miniers de bauxite à Boké et du fer de Simandou. Une mine précieuse pour le pays qui avait été bradée aux étrangers et que nous avons ramenée dans le giron de la Guinée au prix de nombreux sacrifices ».
« Ces réalisations n’étaient qu’un début. Elles montraient qu’avec une vision, la Guinée pouvait redevenir un acteur majeur sur la scène africaine et internationale.».
« Tous ces efforts ont été faits dans un contexte politique marqué par plusieurs manifestations qui ont malheureusement entraîné des victimes dans nos familles. Je voudrais, une nouvelle fois, adresser mes condoléances à leurs familles, prier pour le repos de leurs âmes et demander pardon au nom de l’État guinéen ». a t-il rétorqué.
Alpha Condé va aussi faire son mea-culpa en admettant ses erreurs pendant sa gouvernance : « À côté de ces acquis et d’autres, je reconnais qu’il y a eu des erreurs et des manquements que je m’apprêtais à corriger afin d’amorcer un vaste programme de développement bénéficiant du soutien et de l’accompagnement de plusieurs partenaires stratégiques à travers le monde. »
Il rappelle que ce chemin fut brisé par le putsch militaire françafricain de Mamady Doumbouya le 05 septembre 2021 « au nom de promesses de justice et de refondation ».
« Depuis maintenant quatre ans, la situation de notre pays est plus que dramatique. La démocratie a été enterrée, les institutions confisquées», dénonce-t-il, présentant un tableau critique du régime de son successeur, le général Mamadi Doumbouya.
« La Guinée a souffert, mais la Guinée n’est pas vaincue. Notre drapeau flottera toujours comme symbole de courage, de richesse et d’espérance » a-t-il martelé.
Il flingue donc la gouvernance du pouvoir militaire françafricain et poursuit que
« La corruption et l’enrichissement illicite, au détriment des citoyens, ont pris une ampleur dépassant tout entendement. La pauvreté et le chômage se sont aggravés, et les populations vivent dans le désespoir. Aucun projet majeur nouveau n’a vu le jour. Les grands chantiers que nous avions lancés ont été désorientés et désarticulés. Aucun investissement structurant n’a été entrepris. La Guinée est isolée diplomatiquement, privée d’opportunités et de crédibilité. »
Il termine en ces termes « En ce 2 octobre, jour sacré de notre indépendance, souvenons-nous : en 1958, nos aînés ont su dire « NON » à la domination. (…) La Guinée a souffert, mais la Guinée n’est pas vaincue. Notre drapeau flottera toujours comme symbole de courage, de richesse et d’espérance ».
Une chose est certaine, si l’ancien président Alpha Condé n’avait voulu faire de l’alternance politique lettre morte, on allait sans doute être aujourd’hui dirigé par pion de l’impérialisme français, dont l’objectif est de confisquer le pouvoir et de faire de la Guinée, un giron de domination et d’asservissement criminel dénommé la françafrique.