La Guinée un pays sans Etat, une population sans espoir ? (par Aissatou Cherif Baldé-Diallo)

Depuis le coup d’État militaire du 05 septembre 2021, la Guinée vit un de terreur inédit où opposition et mouvance s’accusent mutuellement d’être à la base de la tragédie et l’instabilité politique que vit ce pays depuis l’arrivée de Mamadi Doumbouya au pouvoir.

Et pourtant la population guinéenne voulait à l’arrivée de l’ancien légionnaire à la tête de l’Etat guinéen (si Etat y’en a), un avenir prometteur. Mais cet espoir s’est estompé peu à peu, laissant place à un désespoir total de la population et surtout la couche juvénile qui se trouve aujourd’hui confrontée à toute sorte de maux (, immigration mortelle, chômage, violence, manque d’éducation ….) d’une nation sans Etat. 

La population guinéenne voit s’agiter les élites politiques alors que sur le terrain, leur vie n’a pas changé.

Certaines régions de la Guinée vivent en marge de tout progrès

En effet, les routes goudronnées, les écoles ou les hôpitaux sont toujours aussi rares dans le pays. Certaines régions de la Guinée vivent en marge de tout progrès.

Pourtant, avec un nombre record de ministres et sans compter le garage présidentiel, le CNRD et les partis politiques pour une population d’environ 14 Millions d’habitants, les dirigeants ne manquent pas.

Et la Guinée manque de tout et reste gangrenée par la corruption, l’ethnocentrisme, le népotisme, le clientélisme. On y trouve partout des loups affamés et de charognards dépeceurs de carcasses, ainsi « Chacun veut sa part du gâteau ». Dans ce contexte, il est évident que les ambitions personnelles l’emportent sur le souci d’édifier un État stable, démocratique, progressiste, juste dans la continuité et de répondre aux besoins de la population.

L’indentite éthnique prime encore sur l’identité nationale

Et dans ce pays fort de plusieurs peuples différents, où l’identité ethnique prime encore sur l’identité nationale, tout incident peut déboucher sur des violences interethniques. 

Mais le pouvoir militaire et l’opposition, acteurs de la société civile n’y prêtent point attention, puisque issus tous de ce clan qui depuis plus de 66 ans pillent le pays, pratiquent la politique du ventre pour instaurer un système de client-patron entre eux et leurs militant, qui par manque de culture politique, d’identité nationale commune forte et d’éducation, n’a d’autre choix que de suivre une classe politique inefficace et irresponsable. Une classe politique habituée à des compromissions contre nature pour avoir des postes ministériels.

C’est pourquoi la junte arrive facilement à débaucher les cadres de l’ancien parti du président Alpha Condé (le RPG) et de l’UFDG, le parti de l’ancien premier ministre Cellou Dalein Diallo.

À bien analyser, la Guinée est un pays où l’ordre des choses est fortement perturbé. Un désordre, une image de la décadence que le pays vit, voulu pour désorienter et semer plus de chaos. De la violence postélectorale en passant par le coup d’État militaire du 05 septembre 2021, jusqu’à la disparition forcée 

Foniké Menge Sylla, de Billo Bah, de Habib Marouane Camara et tant d’autres, démontrent ici à suffisance que le choix de Mamady Doumbouya a pris de l’eau.

On a besoin d’une classe politique efficace

Cependant, il est impératif et urgent pour ce faire d’avoir une nouvelle classe politique efficace et proactive en Guinée qui suppose des individualités intègres et compétentes en la matière. 

Car il faut comprendre qu’à part quelques nominations aux postes ministériels ou de premiers ministres, les femmes et hommes guinéens engagés, intègres, patriotes n’ont jamais eu l’opportunité de tenir les gouvernails de ce pays. 

Mamady Doumbouya, le putschiste françafricain est en train de porter un coup de frein à l’élan démocratique, puisqu’ayant en face de lui une opposition vidée de sa substance et un peuple désespéré. 

Un fait qui explique qu’une partie de la classe politique guinéenne ne voit actuellement aucune perspective d’avenir, puisque les pouvoirs guinéens organisent des élections qu’elles gagnent, se rallient au pouvoir de Mamady Doumbouya pour faire la politique du ventre. 

Et de fil à aiguille, la contagion gagne et s’installe dans l’esprit et est devenue une règle, puisque tous les ministres déchus ou militants déserteurs de ALPHA Condé,  Cellou Dalein Diallo, Sydia Touré deviennent adhèrent au parti du chef de la junte, le CNRD.

Des gouvernants corrompus et corrupteurs

Ainsi, s’ensuit l’impunité qui favorise la corruption.

Les gouvernants en Guinée deviennent alors des corrupteurs et des corrompus à la fois. Tel est le cas aujourd’hui en Guinée.

Au ministère de l’intérieur et de la protection civile de Bachir Diallo, la corruption est érigée en norme. Les agents de ce ministère sont les plus corrompus du pays, car pour se faire confectionner un passeport, il faut à chaque étape corrompre un agent de ce ministère pour obtenir un passeport. 

Quelle leçon et message du civisme, de moralité, d’éthique et d’intégrité venant au plus haut sommet de l’État qui n’hésite pas à soudoyer à coup de millions de francs guinéens pour parvenir à ses fins ! 

Et après on s’étonne de la propagation de l’incivisme !

On ne peut pas se passer de la classe politique

Pour éviter que l’anarchie ne s’installe en Guinée, pour sauver ce pays de ses propres démons, il faut impérativement avoir des hommes et femmes politiques forts et engagés avec conviction et principes, car on ne peut pas se passer d’une classe politique quelque soit la dégradation économique et sociale du pays et quelque soit le témoignage négatif qu’ont laissé certains responsables politiques. 

Favoriser l’alternance de nature à donner une bouffée d’oxygène à la classe politique en friche, avec une autre manière de faire de la politique autrement, reste à mon avis incontournable. Le Renouveau, reste donc une solution crédible pour redorer son blason et renouer confiance avec le peuple.

Il est vrai que je suis de ceux qui jettent toujours des pierres à la classe politique, le pouvoir en place, tout parti confondu. 

Mais ma démarche s’inscrit dans une pensée positive pour la refondation et le renouveau de la classe politique guinéenne et travailler au renouvellement des ressources humaines.

« Faire de la politique c’est faire le choix de servir son pays et non se servir de son pays pour des raisons égotiques et égoïstes. C’est un engagement dans un esprit de responsabilité. Un pays ne peut pas se passer de la classe politique. Ce n’est pas une question d’hommes, d’époque ou d’appartenance régionale, ethnique ou socio culturelle, mais un principe habité dans un état d’esprit de service et de responsabilité »

Baldé Aissatou Cherif

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *