C’est dans une déclaration solennelle et inédite, diffusée ce mercredi 26 novembre 2025 sur les ondes des médias d’Etat que le Général Denis N’Canha, Commandant en chef de l’armée, a confirmé le putsch militaire et annoncé que les forces armées contrôlent désormais le pays.
Ce discours tenu dans un cadre militaire avec plusieurs officiers en arrière-plan, marque un tournant majeur dans l’histoire politique instable de la Guinée-Bissau.
Le général, vêtu de son uniforme de camouflage et coiffé d’un béret vert, a lu un communiqué rédigé avec soin. Son discours, traduit par des sous-titres, a été clair et direct : L’armée a agi pour « rétablir l’ordre constitutionnel » et mettre fin à une situation qu’elle juge « instable ».
Motifs du putsch militaire
Selon le général N’Canha le coup d’État militaire a eu lieu parce que les autorités civiles sortantes étaient impliquées dans un plan visant à « déstabiliser le pays ». Il a dans son discours accusé certains politiciens nationaux, ainsi que ceux de la diaspora, d’avoir mis en place un « schéma opérationnel conjoint » pour manipuler les résultats électoraux imminents.
Selon lui, ce complot, dont l’existence aurait été découverte par les services de renseignement de l’État, menaçait gravement la sécurité nationale, la paix, l’intégrité territoriale et l’indépendance de la République de Guinée-Bissau.
C’est pour contrer cette menace que le “Commandement Militaire Suprême pour la Restauration de la Sécurité Nationale et de l’Ordre Public », une entité nouvellement créée par les hauts gradés des différentes branches des forces armées, a décidé d’agir.
Mesures immédiates et calendrier électoral
Le Général N’Canha a ensuite énuméré les mesures prises par le nouveau commandement militaire :
- Suspension des institutions, désormais toutes les institutions de l’État sont suspendues jusqu’à nouvel ordre;
- Interdiction de rassemblements et un couvre-feu est instauré, interdisant tout rassemblement public,
- Les frontières terrestres, maritimes et aériennes du pays sont fermées.
Promesse d’élections dans 90 jours
La mesure la plus importante est la promesse d’organiser des élections générales dans un délai de 90 jours, afin de permettre au peuple Bissau-guinéen de choisir librement ses dirigeants.
Le général N’Canha a insisté sur le fait que cette prise de pouvoir soit temporaire et motivée par un désir de « restaurer la paix ». Il a appelé la population à rester calme et à vaquer à ses occupations normales, assurant que l’armée n’a pas l’intention de s’installer au pouvoir.
Contexte et réactions internationales
Cette intervention survient dans un contexte de tensions politiques persistantes en Guinée-Bissau, un pays qui a connu de nombreux coups d’État et tentatives de putsch depuis son indépendance.
La dernière crise majeure remonte à 2022, lorsque le président Umaro Sissoco Embaló a été visé par une tentative de coup d’État.
La communauté internationale, notamment la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union africaine, est susceptible de réagir rapidement à cette prise de pouvoir. Ces organisations condamnent habituellement les changements de régime par des coups de force. Elles pourraient imposer des sanctions ou exiger un retour rapide à l’ordre constitutionnel.
Pour l’instant, les rues de Bissau semblent calmes, bien que des patrouilles militaires soient visibles.
Enfin, l’annonce du Général Denis N’Canha marque un tournant majeur dans la situation sociopolitique de la Guinée-Bissau.
Car le pays entre dans une période de transition incertaine, les promesses de tenir des élections dans les 90 jours seront le test décisif de la sincérité de l’intervention militaire.
La communauté internationale et la population Bissau-guinéenne observeront avec attention les prochaines étapes de cette nouvelle transition politique pour voir si cette prise de pouvoir mènera effectivement vers une restauration de la démocratie ou vers une nouvelle période de trouble sans issue.
