Depuis quatre ans, la Guinée vit une tragédie sans fin. Après son putsch françafricain et sa gestion catastrophique, le seul maître de Conakry,Mamadi Doumbouya, galvanisé par ses sbires de tout acabit, a promulgué la Constitution contre la volonté de la majorité de ses compatriotes avant de se faire élire président à vie le 28 Décembre 2025.
Et c’est au prix du sang de plusieurs citoyens tués, des centaines des blessés et de nombreux dégâts matériels. Depuis le 21 septembre 2021, les Guinéens vivent dans la terreur. Des tueries, des destructions de biens privés, des arrestations arbitraires, des disparitions forcées, censures de tous les canaux de communications y compris l’Internet, le régime appuyé sur l’armée, la gendarmerie et la police ne lésine sur rien pour réprimer les populations.
Fidèle à sa politique d’oppression, d’intimidation, de verrouillage, il vient de faire enlever le père du journaliste Babila Keita. Un énième enlèvement arbitraire de trop.
Plus inquiétant encore est le degré de corruption d’une envergure internationale avec des scandales financiers inédits où désormais les intérêts des multinationales étrangères et les puissances néocolonialistes passent avant l’intérêt du peuple de Guinée. Le pays est tenu par une élite passoire politique à la solde des puissances impérialistes, de l’oligarchie française et d’ailleurs.
Et Mamadi Doumbouya est devenu Bokassa 1er sans empire ni couronne encore moins un manteau d’empereur.
Il est devenu surtout le parrain de la caste des jouisseurs, donc le parrain de la corruption en Guinée, car pour lui l’État guinéen n’existe pas. Il s’agit d’une entreprise familiale qu’il gère à sa guise.
Cela suffit pour actionner la machine à répression. La justice à ses ordres engage des poursuites judiciaires contre les opposants et fait fi sur les multiples exactions disproportionnées par l’armée et la police sur les populations.
L’objectif, faire taire l’opposition. Mamadi Doumbouya, dans son cynisme habituel, continue d’affaiblir les partis politiques de l’opposition. Il y débauche plusieurs cadres et use donc de la transhumance politique pour se maintenir au pouvoir. Car il n’a plus rien à perdre. Avec la nouvelle constitution illégitime, il peut déjà mourir au pouvoir.
Le gros de la pêche aux opposants, déjà réduit au silence à l’intérieur du pays, le pouvoir les trouve au sein de l’UFDG (Union des forces démocratiques de Guinée) dont le leader Cellou Dalein Diallo a eu l’outrecuidance de refuser de pactiser avec Mamadi Doumbouya, le Bokassa guinéen. Plusieurs hauts responsables de l’UFDG ont été écroués à la maison d’arrêt de Conakry. D’autres seront sans doute condamnés à des peines très élevées.
Pour les chefs d’accusation, le procureur de la République de l’ancien légionnaire français ne manque pas d’inspiration. « Fabrication et détention d’armes de guerre et atteintes aux intérêts fondamentaux de la nation, à la sûreté de l’État».
Nous sommes dans le pays de Bokassa alias Mamadi Doumbouya où les fossoyeurs d’hier se mutent en donneur de leçons,les vizirs d’aujourd’hui tels que ministres, Dafs et directeurs généraux plus voraces que les anciens deviennent des corrupteurs, corrompus.
Dans ce pays où les détenteurs du pouvoir ressemblent à des limousines passe-partout ayant une angoisse devant le vide qui provoque cette ambition, ce pouvoir démesuré, cet acharnement à posséder, par tous les moyens, tout est possible désormais.
Pendant ce temps, la CEDEAO et l’Union Africaine, la communauté internationale semblent avoir pris fait et cause pour l’ancien légionnaire français qui entend désormais régner sur la Guinée avec une main de fer.
Pourtant Mamadi Doumbouya pour réussir son coup d’État et sa confiscation du pouvoir, il a enjambé plus d’une centaine de tués dont des enfants.
La justice, à la tête de laquelle, coiffée par un de ses sbires les plus gelés, traîne les pas ou simplement fait fi des enquêtes de toutes les tueries, les enlèvements des opposants enregistrés en Guinée depuis quatres ans.
Aujourd’hui le pays est hautement militarisé. Aucune manifestation de contestation n’est possible. Le peuple est essoufflé, lessivé et l’opposition politique anéantie.
La Guinée est devenue le Burundi de l’Afrique de l’Ouest. Le régime versé dans le fascisme réduit ou obstrue tous les canaux de libre expression et de circulation.
Des scénarios rappelant les pratiques de régimes dictatoriaux lorsqu’ils veulent sévir contre des citoyens aspirant à la liberté et à la démocratie.
En attendant le réveil du peuple, il faut retenir que toutes ses sorties sur une prétendue volonté de lutter contre la corruption et le détournement des biens ne sont que diversion. Car les cadres les plus corrompus se trouvent dans son cercle restreint. Va-t-il scier la branche sur laquelle il est assis. Pas du tout !
Pour l’instant, les Guinéens lambda, ayant perdu tout espoir d’alternance démocratique, ne cherchent qu’à subsister pour ne pas crever sous le poids de la pauvreté en attendant l’éveil de conscience du peuple, l’origine de toutes les révolutions populaires.
Des révolutions devant lesquelles aucun tyran ne peut résister. Et cela viendra très vite en Guinée.