Ils sont entrés à l’aube. Encagoulés et armés. Prêts à tout. Ils ont fracassé une porte, piétiné un foyer, arraché des enfants à leur sommeil comme on arrache des preuves d’un crime qu’on veut effacer.
Le 16 novembre 2025, à Matoto Victor Hugo, ce n’est pas une intervention : c’est un rapt d’État, méthodique, assumé, organisé. Des enfants de la star internationale Élie Kamano du nom de Antoine Sandouno, Faoulan Kamano, Robert Kamano emportés dans la nuit. Un autre agé de 6ans relâché plus tard, comme un colis mal livré. Une famille détruite. Un pays abasourdi.
Et moi, je regarde la réaction de la justice guinéenne. Et je le dis sans trembler : Ce n’est pas les enlèvements qui me mettent à genoux, c’est la justice qui me révolte. Car la violence brute choque certes, mais la complicité institutionnelle écœure.
Quand j’entends un procureur déclarer qu’il a “vu l’affaire sur Facebook”, j’ai compris que la justice guinéenne n’est plus un pouvoir : c’est une farce, une couverture, un parapluie troué sous une pluie de crimes.
J’accuse le CNRD d’avoir transformé la Guinée en terrain de chasse politique où l’on enlève à volonté. J’accuse la justice d’être devenue une chambre froide où l’on congèle les vérités qui dérangent. J’accuse ce parquet de jouer à l’idiot pour mieux servir les bourreaux.
J’ai vu Abdoul Sacko kidnappé, torturé, jeté comme un objet usé. J’ai vu Maître Mohamed Traoré, avocat respecté, réduit au silence sous les coups. J’ai vu Habib Marouane Camara disparaître dans un trou noir d’État. J’ai appris le sort de Foniké Menguè, Billo Bah, Mabory Diallo, le vieux Kéita, Sadou Nimaga — et la justice n’a pas levé un doigt.
Mais dans l’affaire Kamano, elle atteint un niveau plus bas que terre. Parce qu’ici, ce sont des ENFANTS.
Des enfants réveillés par la terreur !
Des enfants traînés hors de chez eu!
Des enfants que la justice regarde… comme une “information à vérifier”.
Un procureur qui attend une plainte d’un père dont les enfants ont été kidnappés ?
Dans un pays où déposer plainte contre la junte, c’est signer son propre enlèvement ?
C’est de l’insulte. De l’obscénité. De la barbarie maquillée en procédure. En Guinée, la justice du CNRD n’est plus un rempart. C’est une arme supplémentaire. Elle frappe après les bourreaux. Elle ajoute l’humiliation à la peur. La froideur administrative au traumatisme. La lâcheté institutionnelle à la violence militaire.
Je le dis sans filtre : Le Kidnapping fait mal. La Justice fait pire. Elle fait honte.
Parce que les cagoules cassent les portes. Mais la justice casse les âmes. Parce que les hommes armés terrorisent. Mais la justice banalise la terreur. Parce que la junte enlève. Mais la justice blanchit l’enlèvement.
J’accuse. Je dénonce. Je refuse. Je signe.
Alpha Issagha Diallo
