LE PARJURE DU PARJURE : QUAND CHARLES WRIGHT ENTERRE LA LOI POUR SAUVER SON Général ( Par Alpha Issagha Diallo).

Je ne suis pas juriste, et franchement, Dieu merci. Parce que si être juriste, c’est atteindre ce niveau de contorsion intellectuelle, il faudrait alors classer la profession parmi les sports olympiques. Monsieur Charles Wright, ancien Garde des Sceaux recyclé en acrobate moral, vient de nous offrir une démonstration magistrale : comment tordre la loi, l’éthique, la logique et jusqu’à la simple dignité… juste pour couvrir un homme en treillis qui brûle les textes et se sert des serments comme de vulgaires papiers d’emballage.

Selon lui, Mamadi Doumbouya ne peut pas être accusé de parjure, car il aurait juré sur « quelque chose qui n’existe plus ». Formidable. Révolutionnaire. On croyait que l’État de droit, c’était appliquer la parole donnée. Mais non : chez Charles Wright, si on change le décor, le crime s’évapore. Si on remplace une feuille par une autre, le serment devient un caprice décoratif. Il nous explique benoîtement que le serment n’engage que si le support matériel existe encore. Donc, une fois la Charte de la Transition enterrée, l’honneur qui allait avec est enterré aussi ?

Avec cette logique, demain, les criminels n’auront qu’à brûler la loi pénale pour être libres. Il suffira de changer d’intitulé pour que la faute s’évacue. Les serments deviennent jetables, les engagements biodégradables, et l’État change de Constitution comme on change de nappe de table.

Et le juriste ose une comparaison macabre : « On ne tue pas un cadavre ».

Non seulement l’analogie est glauque, mais elle s’effondre sur elle-même : ce n’est pas le serment qui est mort, Monsieur Charles, c’est la morale que vous avez exécutée de vos propres mains. Le cadavre, c’est la justice. Et vous l’avez enterrée depuis longtemps, même avant de fuir le ministère dans un nuage de scandales, d’enregistrements illégaux et de vociférations captées en douce.

Vous nous expliquez que la Charte n’existant plus, le parjure n’a plus de base. Mais qui a enterré la Charte ? Qui a décidé seul, en violation totale des principes les plus élémentaires de la transition, de promulguer une Constitution bricolée dans un bureau ? Qui a aboli les textes précédents pour imposer sa propre « norme supérieure » ?

Votre raisonnement revient à dire que Mamadi peut violer son serment parce que Mamadi a détruit le texte sur lequel il avait juré. C’est brillant : l’auteur du crime efface la scène et vous concluez qu’il n’y a plus crime. C’est la première fois qu’un ancien Garde des Sceaux revendique publiquement la doctrine du « nettoyons les traces et le crime disparaît ».

Vous parlez comme si la parole présidentielle n’était qu’un bruit de fond. Comme si l’engagement public, répété partout, dans les discours, les communiqués, les décrets, n’était rien. Comme si les Guinéens souffraient d’amnésie collective. Comme si l’histoire allait effacer l’image du légionnaire jurant, la main sur le texte fondateur, qu’il ne serait jamais candidat.

Vous croyez qu’on a mal entendu ? Qu’on a mal lu ? Qu’on a tout inventé ?

Non, Monsieur Wright. Le peuple, lui, n’a pas perdu sa mémoire.

Ce sont vos principes qui ont fondu.

Mais ce qui choque le plus, ce n’est même plus la pirouette juridique. C’est le ton. Cette suffisance doctrinale pour justifier l’injustifiable. Cette arrogance professorale qui tente de convaincre des citoyens traumatisés par quatre ans de dérives qu’ils n’ont rien compris.

Selon vous, il n’y a pas parjure.

Selon vous, il n’y a pas violation.

Selon vous, la parole donnée peut être dissoute comme du sucre dans le café du pouvoir.

Mais selon nous, ceux qui ne portent ni treillis ni lunettes d’avocats du diable, il y a une évidence :

Quand un homme jure sur un texte et qu’il détruit ce texte pour se libérer de son propre serment, il ne devient pas innocent. Il devient dangereux.

Ce n’est pas la Charte qui est morte.

C’est l’intégrité républicaine.

Et vous, Monsieur Wright, vous venez d’assister à l’enterrement… en applaudissant.

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