Médias français: “L’arme hégémonique” pour empêcher la souveraineté informationnelle des États africains (Aïssatou Chérif).

Les médias français se livrent ces dernières semaines sans relâche à une guerre d’informations contre le Mali. Pourtant, le journalisme, ce beau métier créé pour informer la population du monde de manière objective et sérieuse tout en respectant la déontologie et l’éthique du métier de journaliste, est en passe de devenir dans beaucoup de pays occidentaux comme un instrument géopolitique de manipulation, de diversion et de démagogie. 

Et ces insuffisances sont à travers les nouvelles technologies médiatiques, surtout les réseaux sociaux de plus en plus visibles.

Le rôle des médias est pourtant si simple, c’est celui notamment  de collecter, vérifier, sélectionner, synthétiser et commenter des faits pour les présenter au public. 

Mais beaucoup de journalistes travaillant pour des médias occidentaux notamment français tels que (France 24, RFI, LCI, Jeune Afrique) ne jouent pas ce rôle dans le traitement des informations liées à l’Afrique. 

Pour ce faire, il suffit de jeter un coup d’œil aux informations des médias occidentaux et sur la situation en Afrique et plus particulièrement sur le cas du Mali ces derniers jours pour se rendre compte, combien de fois ces informations sont biaisées et déstabilisantes. 

Le plus souvent, leurs informations fondées sur une vision néo-impériale du monde sont pleines de préjugés à caractère raciste et suprématiste. 

À travers ce genre de couverture médiatique, on comprend que ces médias ont pour mission d’empêcher l’éveil de conscience des peuples africains que leurs États répriment depuis des siècles et d’agir comme un outil de domination culturelle et géopolitique. 

Ils informent donc le monde sur fond d’une idéologie impérialiste formatée de toute pièce, dans le seul but de continuer à assujettir l’africain et surtout avoir accès aux énormes ressources minières et énergétiques du continent africain vitales pour leur survie. 

Le traitement de l’assassinat du jeune docteur guinéen Bollaro Barry en France, il y a de cela quelques années en est un exemple illustratif. Car beaucoup de médias français qualifiaient ce crime raciste d’altercation et pourtant il n’en était pas une. 

C’est timidement que quelques-uns ont commencé à mettre en exergue le caractère raciste du crime.

En Allemagne par exemple certains médias essaient de relativiser les crimes à connotation racistes et cherchent même à dämoniser les victimes du racisme. 

Ce fut notamment le cas de l’ancien joueur de l’équipe nationale du football allemand Dennis Aogo victime de propos racistes de la part de l’ancien joueur allemand de l’équipe nationale allemande Jens Lehmann. 

Ils sont tellement habitués à mentir, falsifier l’information sur l’Afrique et l’africain, présenter le continent comme ce grand malade économique, politique qui refuse de guérir qu’ils se gênent d’informer leur opinion que les forces armées maliennes ont pu cette semaine neutraliser Abou Salam Oumarou, haut commandant du groupe djihadiste JNIM, dont la tête était mise à prix à 18 millions de dollars américains.

Il ne peuvent pas en parler car il leur faut négliger les progrès et les aspects positifs du continent et plus particulièrement du gouvernement malien contre le djihadisme. 

Les médias français (France24, RFI, LCI, Jeune Afrique) pour ne citer que ceux-ci, traitent l’Afrique comme un bloc homogène, avec des généralisations excessives et des comparaisons inutiles.

C’est pourquoi, la couverture médiatique des médias occidentaux se concentre souvent sur les conflits, les crises et la pauvreté, dans le but de renforcer une perception négative de l’Afrique dans l’opinion publique occidentale et renforcer le joug du néocolonialisme français. 

Et c’est pour toutes ces raisons qu’on constate ces derniers jours une couverture médiatique des médias occidentaux plus particulièrement les médias français déséquilibrée sur le Mali. C’est bien évidemment une couverture médiatique très partisane biaisée ou voire même attentatoire aux valeurs nationales. 

Mais ils oublient que ce genre de couverture médiatique sous l’ère des réseaux sociaux et du numérique peut facilement être déconstruite et aggraver le climat de tension nourrie par des accusations d’ingérence et de manipulation de l’opinion publique africaine et malienne. 

Car les africains surtout sa jeunesse sont conscients que cette guerre d’information que se livrent les médias français contre le Mali et les pays du Sahel et soutenu par le gouvernement français est dû en grande partie au rejet croissant de la présence militaire française dans le Sahel par les juntes militaires et leur recherche de nouvelles alliances, notamment avec la Russie avec une volonté manifeste de faire de l’Afrique des libertés une réalité. 

Il faut noter aussi que derrière ce jeu perfide se cache aussi une désinformation utilisée comme “arme hégémonique”, pour empêcher toute forme de souveraineté informationnelle des États africains. 

On voit que la France n’est pas prête à quitter l’Afrique. Elle cherche vaille que vaille à maintenir son influence en Afrique en diabolisant ses concurrents et en cherchant à évincer les chefs d’États africains qui n’obéissent pas à l’ordre mondial dominant par des discours offensifs, par des soutiens aux opposants via des putschs militaires et conflits armés. 

Pour inverser cette situation, il revient aux États africains de se doter de médias capables de couvrir l’Afrique des informations  pour les africains et par les africains. 

Lecture recommandée::Mongo Beti

  • La France contre l’Afrique – Retour au Cameroun (Poche / Essais) (French)

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