Les élections qui sont en temps réel la pierre angulaire de la démocratie, puisque c’est à travers elles que le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple se manifeste aisément, sont malheureusement depuis l’avènement du multipartisme en Afrique source de conflit.
C’est ce que l’on vient de constater au Cameroun, en Côte d’Ivoire et en Tanzanie ces derniers jours.
Les élections dans ces pays ont entraîné des affrontements meurtriers avec un spectacle très triste mettant à mal l’évolution démocratique.
Les affrontements les plus meurtriers se déroulent actuellement en Tanzanie où des élections sans opposition ont conduit à l’assassinat de 700 manifestants dans ce pays jadis connu pour sa stabilité politique et son exemple de démocratie réussie.
La cheffe de l’État Samia Suluhu Hassan, âgée de 65 ans, s’est présentée à la présidentielle sans un opposant politique. Elle a décidé tout simplement de mettre l’opposition hors jeu, provoquant ainsi la révolte des citoyens.
Les manifestations ont donc éclaté ce mercredi après la tenue des élections générales et se poursuivent encore ce vendredi sur fond de coupure d’accès à internet, rendant ainsi la vérification des tueries et des informations à travers les médias très difficiles.
Actuellement tous les canaux de communication tels qu’ internet, les e-mails, les réseaux sociaux, tout comme les magasins, les stations-service sont hors service.
Les manifestants ont ignoré l’avertissement du chef de l’armée et continuent donc de manifester dans la capitale Dar es Salaam.
Les résultats du scrutin sont attendus ce samedi. Et l’actuelle présidente Samia qui est devenue à l’image de plusieurs chefs africains une figure tristement despotique devrait remporter les élections sous la bannière du parti au pouvoir Le Chama Cha Mapinduzi (CCM), qui est à la tête du pays depuis son indépendance en 1961.
Et pourtant les élections étant cet instrument à travers lequel le peuple doit librement exprimer son choix ne doit pas être perçues comme source de conflit ou utilisées comme telles, puisqu’elles doivent forcément être très fréquentes dans un processus démocratique.
On voit bien que même dans un pays comme la Tanzanie, avec un héritage étatique moins violent et empoisonné, une simple élection, par la faute des acteurs étatiques dépourvus du sens de la responsabilité et surtout à cause de l’appétit du pouvoir et à cause de la lutte du contrôle des structures en charge d’organisation des élections peut facilement se faire avec terreur des autorités.
