Guinée/Cette grande malade économique qui refuse le développement (Par Aissatou Cherif Baldé-Diallo).

Le niveau de développement socio-économique des États africains a beaucoup changé et évolué positivement. On observe des avancées remarquables dans beaucoup de domaines sur le continent africain.

Et c’est pourquoi les théories selon lesquelles l’Afrique refuserait le développement, c’est-à-dire les mythes négatifs traitant l’africain d’anachronique, de désordonné, ne se justifient plus sur le terrain. 

Il suffit de jeter un regard sur le progrès socio-économique dans des pays comme le Rwanda, le Ghana, le Nigeria, l’Éthiopie, la Zambie, le Kenya, la Namibie pour le comprendre. 

Mais il existe aussi beaucoup de grands malades économiques sur le continent africain. 

Une élite kakistocrate qui compromet le développement du pays 

La Guinée sans se fier à des réflexions pré-forgées et prêt-à-penser figure sur la liste de ces pays économiquement, politiquement malade. 

L’image de précarité et de la misère voulue et entretenue par un pouvoir oligarchique tenu par des acteurs étatiques dépourvus d’ambition et d’intérêt pour le développement du pays illustre en effet que sur le continent africain, il reste beaucoup à faire. 

L’accord de Simandou signé dans le cadre de l’exploitation du plus grand gisement de fer en Afrique où l’État guinéen selon Djiba Diakité, l’homme de tous les projets miniers, donc le chef des braqueurs minier du pays, ne détient que 15% démontre à quel point le pays estime géré par des kakistocrates qui ne pensent pas au développement économique du pays. 

Car rien n’explique que l’on brade à vil prix la plus grande réserve inexploitée de minerai de fer de haute qualité au monde, avec plus de 1,8 milliard de tonnes , d’une teneur en fer supérieure à 65,5% avec seulement 15% pour l’État guinéen. 

L’élite guinéenne à l’image de sieur Djiba Diakité a depuis six décennies décidé d’engager le pays dans un obscur processus de développement. 

Et l’attitude de cette élite ambivalente, anachronique tolérée par le peuple de Guinée est une preuve palpable qu’elle est opposée manifestement au développement du pays. 

Ainsi l’élite dirigeante guinéenne soutenue par le peuple refuse le progrès au profit d’un système néopatrimonial, ne profitant qu’à un petit groupe de privilégiés politiques, kleptocrates,qui, après six décennies d’indépendances est incapable d’élaborer un projet de société clairement compris par la population guinéenne au sens large. 

Son seul objectif est de pérenniser la pauvreté des peuples. Et seuls les tenants du pouvoir doivent profiter d’un tel système. 

Complaisance du peuple comme facteur de blocage du changement

Le peuple de Guinée de son par manque de rigueur, d’exigence face à une classe politique ethniciste, corrompue habituée des combines, d’arrangements éphémères, de ruses, de compromissions sans aucune possibilité de progrès pour le pays contribue au blocage du changement réel. 

Les mouvements de soutien au Général Doumbouya sur fond de fermeture des écoles, des commerces, de paralysie de l’administration où des milliards de nos Francs sont décaissés démontre à quel point le peuple transformé en flatteurs est opposé au développement du pays. 

L’analphabétisme, le manque de culture politique sont certes des facteurs qui favorisent la complaisance du peuple face à une élite allergique au progrès.

Et on sait aussi qu’ils entravent à l’avènement du progrès d’une société. 

Mais il n’est pas aussi déterminant, car c’est pas , parce qu’on ne peut pas voir la vérité à travers l’écriture, que l’on ne serait pas en mesure de la contempler à travers les contours d’une certaine image. 

L’union sacrée des peuples, une impérieuse nécessité 

Et seul de l’union sacrée du peuple pourra naître la liberté dans la fraternité et germera de son immense avenir pour lui, une Guinée forte, épanouie, démocratique et digne. 

Et une telle élite à l’image de la junte militaire guinéenne, avec son pouvoir hégémonique, ethniciste dominant ne veut pas voir une telle union des peuples.

Pour se pérenniser au pouvoir, elle doit continuer de faire de nos différences un problème pour empêcher l’éveil des consciences. 

C’est pour cela que son pouvoir tourne autour de l’ethnicité, la sauvegarde des intérêts claniques, égoïstes et égotiques. 

Cette politique suicidaire lui permet de gaspiller, voler les ressources du pays, de saboter tout ce qui doit fonctionner durablement dans le pays tels que l’accès à l’eau, à l’électricité, un système de santé fiable, une éducation de qualité accessible à tous au profit du plus grand nombre. 

C’est un pouvoir militaire qui aime l’improvisation et le bricolage 

Ce pouvoir ne supporte que des personnes qui détestent la cohérence, la transparence, la rigueur préférant systématiquement le bricolage, l’amateurisme, l’improvisation, le hasard et comme à l’image de la gestion de la chose publique. 

Or il sert à travers de telles méthodes sans doute de paravent au refus du progrès  et c’est surtout permettre à la Guinée de sombrer définitivement à force de médiocrité. 

Car ce pays si potentiellement riche, manque pourtant aujourd’hui de tout. Et il n’y a presque plus d’enthousiasme créateur. 

C’est comme si tout lui échappait de plus en plus, que la junte militaire guinéenne, déboussolée, l’opposition politique essoufflée sont plus préoccupés par les problèmes du quotidien que par une action et une vision qui permettraient au peuple d’assurer la plénitude de son destin et de sa dignité. 

Pour cette élite kakistocrate, le sort du pays doit pas dépendre des autres 

Et pour l’heure, le sort de ce pays dépend des autres, c’est-à-dire les interventions économiques, financières qu’elle dilapidé sans cesse. 

C’est pour toutes ces raisons que l’actuel ministre des affaires étrangères et des guinéens de l’étranger Morisandan Kouyaté soutient le rapatriement involontaire des guinéens déboutés dans leur procédure de demande d’asile en Allemagne, afin d’espérer être sous perfusion économique allemande. 

Or personne ne viendra développer ce pays à la place du  peuple de Guinée et aucun pays ne peut assurer son avenir dans de telles conditions. 

À ce titre, il est temps que cette génération objectivement privée d’avenir qui meurt en méditerranée, dans le Sahel, ou subit les contraintes de l’immigration mortelle dans les pays occidentaux, commence à travailler à l’effondrement de ce système néopatrimonial et à l’avènement d’une Guinée large, forte et digne. 

À défaut, la Guinée restera une sorte de cul-de-sac, de terminus de voie de garage où aucun espoir de mobilité ascendante n’est permis. 

Et pour le moment les putschistes avec leur transition politique trompe l’œil et sur fond de braquage électoral prévu le 28 décembre 2025, contribue d’ores et déjà à la dégradation, à la détérioration, à l’inertie et à la stagnation du progrès économique et social et à l’unité des peuples. 

Source: Kabou (Axelle). – Et si l’Afrique refusait le développement ? – Paris, L’Harmattan, 1991. In: Politique africaine, n°45, 1992.

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