Carrefour économique du Fouta entre la Guinée et le Sénégal, elle concentre le commerce, la mobilité humaine, les flux de marchandises et une économie régionale dynamique. À part l’absence d’un port maritime, elle ne manque de rien pour devenir un véritable hub économique.
Aujourd’hui, le Sénégal figure dans le Top 10 des fournisseurs de la Guinée pour une raison claire : Le manque de routes entre Conakry et Labé. Nous, entrepreneurs dans le transport, ne sommes plus disposés à mettre nos camions sur cet axe au risque de perdre des milliards dans une route non rentable.
La nature ayant horreur du vide et Labé étant dominée par de puissants acteurs commerciaux, la ville se ravitaille donc au Sénégal. L’axe Dakar–Koundara–Labé étant bitumé, tous les transporteurs empruntent cette route au détriment du corridor naturel Conakry–Labé pour maintenir l’élan économique souhaité.
Pendant ce temps, les importateurs qui débarquent leurs marchandises au Port autonome de Conakry sont contraints d’écouler vers la capitale et d’autres villes, mais rarement vers Labé.
Résultat : C’est un marché de plus de 500 milliards GNF par an qui échappe à notre économie, simplement à cause de 450 km de route laissée à l’abandon.
Nous sommes même contraints d’importer via le Port de Dakar, avec des frais plus élevés et des marges de négociation réduites, uniquement pour desservir Labé. Cela fait une distance de 880 km, ça nous coûte plus cher en carburant, en maintenance, en frais comparé à l’axe Conakry – Labé qui n’est que de 450km, Une aberration logistique et économique.
L’état de délabrement des routes freine le rôle naturel de Labé. Là où elle devrait être un couloir de transit majeur entre la Guinée et le Sénégal, elle se retrouve réduite à un simple marché local, incapable de jouer pleinement son rôle de plateforme logistique.
Si la route est bien faite, on importe massivement sur Conakry avec une certaine flexibilité au port et une marge de négociation importante, nous transportons ainsi sur labé avec plus de rapidité en toute sécurité et la part de marché reste équitable entre ceux du Sénégal et nous.
Au-delà des calculs politiques, réparer les routes de Labé est une nécessité économique nationale.
Redonner à Labé des routes dignes de son rang, c’est libérer le potentiel de toute une région, fluidifier le commerce transfrontalier avec le Sénégal et transformer les pertes colossales des transporteurs en gains productifs pour l’économie guinéenne.
Labé ne demande pas de privilèges, mais simplement la réhabilitation de ses routes. Car au-delà du bitume, c’est tout un système économique qui est bloqué.
Nous trouvons dans cette analyse très pertinente qui pointe du doigt l’une des causes principales du blocage du développement économique de la région de Labé et du Fouta tout entière.
Force est de constater qu’on a comme l’impression que cette situation est voulue et entretenue par les acteurs étatiques animés par un héritage empoisonné sur fond de calculs politiques, éthnicistes et régionalistes.
Et pourtant à force d’en faire une ressource fondamentale en Guinée depuis l’indépendance, d’en faire un moyen et une fin dans la conquête du pouvoir a acquis une force sur tous les acteurs étatiques du pays qui malheureusement freinent le développement économique du pays.