Guinée: Suspension bis repetita des partis politiques par la junte, signe de manque de sérénité.

C’est à travers un communiqué du Ministère de l’Administration du territoire et de la Décentralisation de Ibrahima Kalil Condé que l’on a appris ce vendredi 22 août 2025, la suspension de trois partis politiques pour trois mois. 

Il s’agit des deux principaux partis politiques du pays que sont notamment le parti de l’ancien Président Alpha Condé (RPG-arc-en-ciel) et le parti de l’ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo (UFDG) et du (PRP). 

Une décision qui intervient alors que le dossier de suspension du congrès de L’UFDG par le même ministre Kalil Condé, sur lequel la Cour suprême doit trancher, n’est pas encore tombée. 

Mieux s’agissant du RPG-arc-en-ciel de l’ancien président Alpha Condé, ce parti politique avait aussi été récemment suspendu pour 90 jours. 

Des motifs infondés

Il accuse donc ces organisations politiques de n’avoir pas réussi à satisfaire aux exigences inscrites dans un rapport d’évaluation. Plus loin, il leur reproche de ne pas s’être conformés aux dispositions de la Charte des partis politiques.

Ceci dit, durant les 90 jours de suspension, les trois partis sont tenus de cesser immédiatement toutes leurs activités politiques sur l’ensemble du territoire national. 

Une décision aux motivations politiques d’un ministre dont l’objectif affiché est le retour au rien 

Une décision très ambiguë et infondée d’un ministre, dont l’objectif affiché est le retour, au rien, au degré zéro de tension, et en même temps à la destructivité la plus bruyante, à la violence la plus désintriquée.

Or Mamadi Doumbouya et son cartel, ces pions de la françafrique font pire, car ils ont trahi leur serment et leur discours du 05 septembre 2021. 

Ils ont donc été incapable de respecter la charte de la transition politique. 

On fait face à un pouvoir oligarchique qui  impose au  peuple une transition politique biaisée qui signifie nivellement par le bas, perte des valeurs, perte de revenus, démission des élites, dictature, tyrannie des communautés et des individualismes, pouvoir clanique, ethniciste hégémonique, déculturation progressive, le rejet de l’autre, le déni des différences dans une société pourtant multiforme. 

En effet, la transition politique enclenchée le 05 septembre 2021 par une junte militaire sous tutelle de l’impérialisme occidental n’est plus qu’un concept creux, vide de sens. 

Ce n’est qu’une transition démocratique qui revêt des formes perverses et dévoyées de l’action «politique». 

Et depuis, une forme de chienlit s’est installée, parasitant ainsi les aspirations à la démocratie, au progrès et à la consolidation des droits de l’Homme et de l’Etat de droit, la liberté d’expression et d’opinion. 

Donc ce jeu perfide de Ibrahim Kalil Condé avec les partis politiques du pays ne doit pas surprendre. 

Tout comme le traitement peu bouillant des informations sur la junte militaire guinéenne par les médias français, prompt à commenter en boucle de telles décisions de la junte militaire malienne. 

Ils restent le plus souvent muets comme une tombe sur les dérapages de leur vassal Mamady Doumbouya et son clan devenus de plus en plus obstinés, de façon systématique et surtout organisée. 

Mamady Doumbouya touche surtout, dans un spectre infini, tout ce qui existe ou tout ce qui peut advenir

La censure, la restriction et la fermeture des médias privés, les arrestations arbitraires des journalistes et opposants, les tueries des jeunes adolescents constituent la norme pour ce régime militaire. 

Désormais les personnes qui manifestent pour demander un retour à l’électricité peuvent être tuées sans que cela ne dérange le régime militaire guinéen. 

Et le nouveau pion de la françafrique Mamadi Doumbouya fait usage du nihilisme qui consiste à commettre une action volontairement négative dont la légitimité suprême est la négation, elle-même. 

Cette action touche surtout, dans un spectre infini, tout ce qui existe ou tout ce qui peut advenir. 

Dans ce cas, lui aussi et son clan doivent faire recours  à la logique du chaos et de l’autodestruction. 

Le chef de la junte ne peut pas employer son énergie plus utilement et intelligemment pour la mettre au service de la lutte contre la pauvreté de leur pays et de la misère de leurs compatriotes. 

Tout tourne autour du contrôle des ressources de l’État et des richesses du pays qu’ils dilapident sans cesse. Et surtout du retour de la Guinée dans le pré-carré françafrique 

Et pour cela, ils sont prêts à tout pour offrir au monde entier le spectacle dont ils ont besoin pour faire de la Guinée la risée du monde.

C’est pourquoi ils préfèrent s’afficher avec les représentants de la multinationale Rio Tinto dans son palais que de visiter le lieu du drame de l’éboulement de ce mercredi à Maneah où plus d’une dizaine de personnes ont péri. 

Alors, dans un pays au passif si lourd et au retard si abyssal que la Guinée, il n’y aurait aucune raison que des putschistes s’écharpent comme c’est le cas aujourd’hui et que les partis politiques les laissent faire.  

Pourquoi se plier face à une décision d’un pouvoir illégitime

La junte guinéenne devrait selon la charte de la transition et l’accord signé entre elle et la Cédéao fixant la fin de la transition en décembre 2024,  quitter donc le pouvoir le 31 décembre 2024. 

Ce délai n’ayant pas été respecté par la junte, son pouvoir est par conséquent depuis le 01 janvier 2025 illégal et illégitime. 

Il n’existe donc aucune loi qui lui confère le pouvoir de suspension et de dissolution des partis politiques.

Elle ne peut pas donc disposer du pouvoir et les moyens légaux pour suspendre, dissoudre un parti politique en Guinée. 

C’est une décision adoptée par un clan facho-ethniciste, dont le but recherché est l’étranglement des partis politiques établis et surtout celui de Cellou Dalein Diallo. 

La non suspension de L’UFDG auparavant était juste une manière de couper la poire en deux pour émietter davantage l’opposition et affaiblir leur union sacrée actuelle 

Une annonce faite dans un climat tendu 

Il faut noter que cette annonce intervient dans un climat tendu, puisque les forces politiques ont annoncé des séries de manifestations conjointes dans toutes les capitales des grandes démocraties de ce monde le 06 septembre 2025 et d’autres pour le 05 septembre en Guinée. 

Cette décision est certes un autre coup de massue administré  à la démocratie guinéenne, mais elle démontre aussi l’état de panique dans lequel se trouve le pouvoir militaire. 

Et c’est surtout un recul démocratique grave pour le pays qui depuis l’avènement du multipartisme en 1990 n’a jamais connu une telle situation. 

Car si nous sommes unanimes qu’il faut encourager l’alternance au sein des partis politiques dans le respect des règles de jeux démocratiques, en organisant des congrès pour le renouvellement des élus au sein des partis politiques par exemple et rendre les méthodes de financement transparentes. 

Ces méthodes de gestion de la problématique des partis politiques par la junte militaire guinéenne entravent la consolidation de la démocratie en Guinée.

Dans ce contexte, la démocratie n’est plus qu’une formelle

Dans ce contexte, la  démocratie, qui est à l’origine associée à de grands espoirs d’autodétermination politique et de sauvegarde de la paix intérieure, n’est plus qu’une coquille formelle dans la structure réelle de la société guinéenne. 

Elle continuera d’être réduite à un spectacle, une mise en scène d’élections périodiques, où la population peut choisir parmi les candidats choisis par le régime un « spectre d’élite » donné. 

La junte cherche tout simplement à remplacer la démocratie réelle par l’illusion de la démocratie comme dans la plupart des pays africains; où le débat public libre est remplacé par la gestion des opinions et de l’indignation. Le principe directeur du citoyen responsable est aussi remplacé par l’idéal néopatrimonial. 

Et si nous voulons avoir un système démocratique consolidé, l’instauration d’un système de parti politique institutionnalisé demeure alors impérative. 

Car institutionnaliser les partis politiques est le seul moyen de faire d’eux des organisations durables, ancrées dans la société, légitimes, stables et efficaces sur le terrain, susceptibles de contribuer de façon positive à la consolidation démocratique. 

Mais ces décisions du ministre Ibrahima Kalil Condé révèlent juste l’hostilité du pouvoir militaire à la démocratie. 

Il reste à savoir si les partis politiques vont ensemble monter au créneau pour dénoncer de façon harmonieuse cette décision qui freine les acquis démocratiques et le multipartisme obtenu des mains de feu président Lansana Conté. 

Aïssatou Chérif Baldé 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *