Chronique: Le destin s’acharne-t-il sur la Guinée, pourtant si riche en ressources minières?(Par Aissatou Cherif Balde)

Depuis le putsch militaire françafricain de Mamady Doumbouya, le 05 septembre 2021, ce désormais Général autoproclamé, plus rien ne va dans ce pays. Les tragédies humaines font partie du quotidien des Guinéens.

Après le drame du 1er décembre 2024 à N’zérékoré, celui de l’explosion meurtrière du dépôt du carburant à Conakry-Coronthie en décembre 2023, c’est le tour des inondations à Conakry avec des graves dégâts humains et matériels. 

On compte déjà plus de 17 victimes dont une femme enceinte. 

Sans oublier les graves accidents de circulation, les incendies des habitations, des magasins avec ses dégâts matériels et humains importants devenus très récurrents.

Ainsi que les détournement des deniers publics par l’entourage de Mamadi Doumbouya, les surfacturations au sein des ministères, des ambassades classant le pays selon le rapport de Transparency International de 2024 parmis les pays les plus corrompus de la terre, battant ainsi un nouveau record.

Et même les postes ministériels s’achètent aujourd’hui en Guinée. 

Conakry sous le regard indifférent de l’ancien légionnaire français Mamady Doumbouya renoue avec ses immondices et ses tas d’ordures sources pourtant de graves maladies. 

Pendant ce temps, c’est ni actions ni réactions de la part du gouvernement françafricain et despotique de Conakry.

Les cadres de l’État s’activent plutôt à faire la promotion d’une constitution qui ne ressemble pas aux guinéens et ne les rassemble pas.

C’est plutôt une constitution sans garantie de protection, car on manque d’acteurs étatiques crédibles, attentifs et capables d’agir comme un moteur du changement en promouvant les valeurs démocratiques et la bonne gouvernance qui est le meilleur remède contre la corruption et les inégalités sociales. 

Les démons d’hier ont ressurgi de plus belle

Cette situation est intolérable, car elle est l’œuvre de pillards, de bandits à col blanc, des usiriers negriers, usurpateurs sans amour et respect pour le peuple de Guinée et incapables d’assurer la protection des populations. 

Depuis 2021, les démons ont ressurgi de plus belle. 

En quatre ans, le pays flirte avec la faillite: inflation, effondrement de la monnaie nationale, manque de liquidités, chômage endémique, services publics (eau, électricité) aléatoires, immigration mortelle, corruption endémique, pillage systématique et systémique des ressources minières du pays, musellement des médias privés, oppression, émiettement du tissu social, ethnicité et division, kidnapping des entrepreneurs locaux et les opposants politiques, assassinats des voix dissidentes.

Human Rights Watch  épingle la junte militaire 

Le rapport de Human Rights Watch publié le lundi 2 décembre 2024 abordait dans ce sens. Ce rapport a pointé du doigt les dérives du pouvoir militaire à Conakry. 

Dans ce rapport intitulé  «Guinée: Les droits humains en péril alors que la transition promise se fait attendre », 

Human Rights Watch met à nu les dérives du pouvoir militaire. 

 « Il explique dans ce rapport avoir mené des entretiens avec 30 individus en personne à Conakry, entre le 22 et le 28 septembre, dont des représentants d’organismes des Nations Unies et de la communauté internationale, des membres d’organisations nationales et internationales de défense des droits humains, des journalistes, des membres de l’opposition politique et des victimes de violations des droits humains, et a rencontré le ministre guinéen de la Justice et des Droits de l’Homme. Du 10 au 31 octobre, Human Rights Watch a également mené des entretiens par téléphone avec 27 témoins de violations des droits humains. Human Rights Watch a aussi examiné des déclarations de membres du gouvernement et analysé des dossiers médicaux et médico-légaux, des documents juridiques, des photographies et des enregistrements vidéo partagés directement avec ses équipes de recherche pour corroborer les récits des victimes et des témoins » 

C’est un un rapport qui décrit le  caractère autoritaire du régime militaire guinéen

Car le pouvoir dans les mains de Mamadi Doumbouya s’exerce par l’arbitraire, l’autoritarisme, la privatisation du pouvoir, la privation aux citoyens des droits les plus élémentaires, l’injustice. 

Durant ces trois ans, il s’est évertué à faire enraciner les structures néopatrimoniales tout en posant des actes qui obstruent le chemin de la démocratisation et du développement socio-économique du pays. 

Une gouvernance des pillards 

Sur le plan de la gouvernance, les fossoyeurs d’hier se mutent en donneur de leçons; les vizirs d’aujourd’hui tels que les ministres, les DAAFs et directeurs des régies financières sont devenus plus voraces. Leur seul souci est comment se remplir les poches.

Selon le rapport de Transparency International de 2024, la Guinée se situe à la 133 -ème place sur 180 pays évalués. Elle est donc en bas de l’échelle et toujours sur la ligne rouge. Et même s’il y a une légère progression comparativement au rapport de 2023 où elle occupait la 141-ème place.

Pendant ce temps, la misère s’accroît dans les foyers de manière exponentielle; l’insécurité et l’injustice persistent chez les populations. 

De loin, peut-on apercevoir cette souffrance exsangue dans laquelle croupit le Guinéen et cela dans l’indifférence totale d’une caste de jouisseurs se disant dirigeants.

Une Guinée malade de son élite 

La Guinée est donc malade de ses « acteurs  » étatiques. La terre de Samori Touré, de Bocar Biro, de Dinah Salifou est malade de ses enfants comme Mamady Doumbouya, Amara Camara, Djiba Diakité, Morisandan Kouyaté. 

Car malgré les ressources minières, énergétiques, c’est -à -dire les atouts pour faire émerger la société guinéenne, la vie en Guinée relève encore au-delà d’un miracle.

Et cet ‘’ancien légionnaire français’’ qui promettait de remettre de l’ordre, notamment du côté de la justice et dans la gestion des affaires, est devenu, une fois à la tête de l’État guinéen, une déception programmée de l’histoire récente de la Guinée.

En créant sa CRIEF, le chef de la junte militaire Mamady Doumbouya a voulu à un moment donné faire preuve de bonne volonté pour lutter contre la corruption. 

Mais sauf que l’on ne peut pas lutter contre la corruption, lorsqu’on n’est incapable de faire preuve d’exemplarité. 

Un État gangrené par l’injustice et corruption 

Au fait, l’injustice et la corruption ont toujours gangrené l’État guinéen. 

Et ce manque de bonne gouvernance est rendu aussi possible par la complicité passive du peuple de Guinée. Donc ce peuple qui refuse d’agir ensemble contre ces cadres véreux, faisant ainsi le choix de la stagnation.

En outre, la Guinée n’a en effet jamais connu un tel degré de corruption voulu et entretenu par un président d’un clan hégémonique avec un pouvoir qui se dissémine au sein d’une bande des rapaces. 

Ils sont parvenus en trois ans à vilipender, spolier les ressources minières et énergétiques de ce pays, détruire son environnement, sans aucune retombée positive pour le peuple et en livrant le pays à des loups venus de tous les horizons pour s’approprier de ses ressources. 

La spoliation des gisements de fer du mont Simandou où désormais tout se résume dans ce pays à ce pseudo projet minier dénommé «Simandou 2040», dont le contenu ou encore les parts de l’État restent méconnus du public et qui n’est en réalité qu’un horizon politique, attestent l’irresponsabilité des dirigeants actuels.

Pour ces gens la vie du Guinéen ne compte pas 

Le plus inquiétant est le fait que parmi ces gens, les plus dangereux sont les usurpateurs parmi eux.

C’est-à-dire ces personnes dont l’esprit et le cœur sont rongées jusqu’à la moelle épinière par la colère, l’envie, la culpabilité, l’ego, l’injustice, la corruption. 

Pour elles, la Guinée et les Guinéens, tout comme leur vie ne comptent pas. 

Et c’est pourquoi les richesses de ce pays ne peuvent pas être partagées de manière équitable. 

C’est pour toutes ces raisons que la mort de 300 guinéens à Nzérékoré à cause de leur tournoi maléfique doit être étouffée, cachée au peuple de Guinée. 

Et c’est pour toutes ces raisons, les inondations dont les dégâts humains peuvent être limités continueront de faire des victimes. 

Car le peuple de Guinée n’a mérité que pauvreté, mépris. Or ce mépris, cette pauvreté, cette défaillance de l’Etat guinéen demeurent leurs œuvres.

Un triomphe d’imposteurs rendu possible grâce au peuple

Force est de constater que le triomphe de ces individus médiocres, imposteurs, injustes, est rendu possible grâce à la complaisance du peuple et de la classe politique guinéenne. 

Car cette cruauté, cette haine,cette injustice, cette indifférence, cet égoïsme du pouvoir militaire guinéen ne se sont pas introduits dans notre vie à notre insu, on  les a cherché  délibérément. 

Non seulement, la plupart des hommes politiques de l’opposition guinéenne détournent les yeux sur cette évolution tragique, puisque préoccupés sur fond de la politique du ventre à intégrer le camp des pillards pour aussi avoir l’argent du beurre. 

C’est pourquoi d’ailleurs Cellou Baldé, Makanera Kaké ces mendiants politiques sont devenus aujourd’hui le pilier du pouvoir militaire. 

Et les politiques en Guinée  n’ont ni le courage, ni la vision de reconnaître que le peuple de Guinée a besoin d’actes que de paroles. 

Une jeunesse guinéenne qui manque de grandeur

Quant à la jeunesse guinéenne, elle refuse de faire preuve de grandeur, pour être cette grande génération de Guinéens porteurs d’espoir, puisqu’elle a décidé de soutenir l’enracinement d’une république bananière, néopatrimoniale, dirigée par des intérêts égoïstes d’une petite oligarchie autoritaire, clanique, ethniciste dont la corruption dénature l’essence de ce pays.

La jeunesse guinéenne a fait le choix de fermer les yeux sur le fait que le népotisme a fini par infester toutes les institutions étatiques guinéennes. 

Car il y a de nombreux gens qualifiés qui ne sont pas là où ils devraient être, parce qu’ils refusent de lécher les bottes de qui que ce soit, ou encore parce qu’ils ne savent pas lécher les bottes. 

Alors quelle solution trouver lorsque l’esprit et le cœur de la plupart des acteurs politiques sont rongés par la corruption et l’injustice jusqu’à la moelle épinière ? 

Seule la révolte de l’esprit et du cœur du peuple pourra ouvrir la voie de la guérison et au prix d’un effort soutenu par le même peuple pour mettre hors d’état de nuire toute cette élite subalterne d’une nouvelle tyrannie en Guinée. 

Une élite subalterne d’une structure économique internationale mafieuse à connotation néocoloniale qui ressemble à des limousines passe-partout ayant une angoisse devant le vide qui provoque cette ambition, ce pouvoir démesuré, cet acharnement à posséder, par tous les moyens. 

Sans quoi, on va continuer d’être «encerclé » par les gangs « prédateurs », englué dans une cascade de crises et à des conditions de vie insoutenables. 

Si nous n’agissons pas maintenant, l’instabilité et la violence auront un impact durable sur des générations de Guinéens. 

Le peuple continuera d’être pris au piège dans ce genre de «cycle tragique» de violences, de misère et de catastrophes comme la tragédie de N’Zérékoré, de Coronthie et les inondations meurtrières en cours. 

Aissatou Chérif Baldé

https://www.hrw.org/news/2024/12/02/guinea-rights-risk-promised-transition-derails

https://fr.tradingeconomics.com/guinea/corruption-index

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