Le développement d’un pays ne se limite pas à la croissance économique (Par Aissatou Cherif) 

Le développement d’un pays, c’est avant tout la satisfaction des besoins essentiels des générations actuelles et futures, en rapport avec les contraintes démographiques (eau, nourriture, éducation, santé, emploi), amélioration de la qualité de vie (services sociaux, logement, culture…), le respect des droits et des libertés de la personne, le renforcement de nouvelles formes d’énergies renouvelables (éolienne, solaire, géothermique)etc. 

Les promesses fallacieuses et irrationnelles ne peuvent donc remplacer cela sur fond de changement cosmétiques, tels que la construction d’infrastructures routières, dans un pays où l’on fait face à un manque criard de réseau de transport public fiable. 

En outre, de tels projets de développement nécessitent des évolutions positives dans les changements structurels d’une zone géographique ou d’une population : démographiques, techniques, industriels, sanitaires, culturels, sociaux… 

Il n’y a que ces changements, qui peuvent engendrer l’enrichissement et l’amélioration des conditions de vie des peuples, ainsi que le progrès.

Le projet de développement économique d’un pays associé à la notion du progrès ne peut pas seulement se limiter à l’exploitation des ressources naturelles. Il doit aussi signifier l’encouragement de l’innovation via les recherches, l’éducation, l’accroissement de la sécurité juridique. 

Car le développement d’un pays doit être axé sur la satisfaction des besoins essentiels des générations actuelles et futures, en rapport avec les contraintes démographiques (eau, nourriture, éducation, santé, emploi), amélioration de la qualité de vie (services sociaux, logement, culture…), le respect des droits et des libertés de la personne, le renforcement de nouvelles formes d’énergies renouvelables (éolienne, solaire, géothermique)etc. Les promesses fallacieuses et irrationnelles ne peuvent donc remplacer cela. 

Une croissance économique, c’est avant tout la réduction des inégalités 

À priori, la croissance économique tant vantée par nos gouvernements à la solde de l’oligarchie néolibérale n’a été capable ni de réduire la pauvreté, ni de renforcer la cohésion sociale. Elle a plutôt renforcé les inégalités de façon exponentielle dans le pays.  

Mieux, d’une manière plus générale,  « la croissance correspond, pour une nation, à une augmentation soutenue et durable – pendant une période suffisamment longue – de la production de biens et de services appréhendée par des indicateurs comme le PIB ou le PNB».

«Étant donc une notion quantitative et plus abstraite, il peut y avoir de croissance sans développement et inversement du développement sans croissance». 

Et vouloir donc vanter une croissance économique non soutenue, non durable, sans développement et réduction des inégalités sur le terrain n’est que chimère et démagogie. 

La croissance guinéenne est sans développement 

Dans le cas guinéen, il s’agit bien évidemment d’une croissance sans développement. Elle demeure tout comme les promesses de rendre le pouvoir aux civils, une illusion, une illustration parfaite du degré d’incapacité du gouvernement de transition. 

Car pour avoir une croissance soutenue et durable, pour lutter efficacement contre la pauvreté dans un pays comme la Guinée, l’objectif sera d’augmenter le taux de croissance de façon soutenue et durable, afin de créer les conditions idéales pour une large redistribution des richesses. 

Il faut essayer dans ce cas de miser sur la croissance extensive avec une augmentation des quantités de facteurs de production (culture de nouvelles terres, ouverture de nouvelles usines) puisqu’elle génère des créations d’emplois.

Mettre surtout tout en œuvre pour que la croissance soit à la portée de l’économie nationale en donnant la priorité à la réhabilitation et au renforcement des capacités dans le secteur privé national, l’Agriculture, l’Énergie et l’Industrie. 

Ce qui signifie qu’il va falloir commencer par accorder une place de choix à la promotion des PME et TPE à travers le développement d’un partenariat gagnant  et inclusif avec le secteur privé national.

Les PME/PMI des leviers importants dans le développement 

En effet, les PME/PMI  représentent un levier important dans le développement économique de notre pays. 

Malgré ses potentialités, ce segment d’entreprises reste confronté à des difficultés d’accès au financement, aux marchés, à l’investissement et aux débouchés commerciaux. 

Pour y palier, il faut faire des  PME  de véritables moteurs de la croissance, en apportant un appui affirmé aux opérateurs économiques nationaux à travers : 

  • une concertation permanente et un dialogue proactif avec le Patronat ; 
  • une assistance aux PME/PMI dans les efforts de renforcement de leurs capacités managériales et technologiques ; 
  • la mise sur pied d’un réseau organisé de PME/PMI pour promouvoir les clusters et des « champions nationaux » à l’instar des économies émergentes ; 
  • la participation des PME/PMI dans les secteurs stratégiques et les grands projets structurants ; 
  • l’application effective du principe de la préférence aux PME nationales par un pourcentage à déterminer  pour les  marchés publics à l’instar des pratiques internationales en la matière. 

Lever les contraintes qui entravent le développement du secteur agricole 

Il faut aussi surtout parvenir à lever les contraintes  qui entravent  le développement du secteur agricole : difficultés d’accès à l’eau, à la terre et au financement pour instaurer une véritable agriculture moderne et inclusive, reposant sur : 

  • une véritable réforme foncière en mettant les intérêts et besoins des populations rurales au cœur de celle-ci ; 
  • le développement de la mécanisation et de l’irrigation agricoles ; 
  • la fourniture d’intrants agricoles en quantité et en qualité à des prix accessibles ; 
  • l’organisation efficace des circuits de transformation, de commercialisation et de conservation 8la création d’une structure adaptée de financement de l’économie agricole. 

La situation actuelle de la production de l’énergie pose problème 

La situation actuelle de la production de l’énergie en Guinée est plus que désastreuse. 

Et cela, en dépit des potentialités avérées et reconnues, des investissements colossaux et des promesses fallacieuses de rattrapage dans ce secteur, tenues par les différents acteurs étatiques qui se sont succédés à la tête de l’État. 

Or, il est impératif de faire  le rattrapage du déficit énergétique une priorité en vue d’augmenter les capacités de production de notre économie à travers  : 

  • l’accroissement de la production d’électricité en s’appuyant en priorité sur la valorisation du potentiel hydroélectrique ; 
  • la valorisation des énergies alternatives telles que les biomasse, l’énergie solaire; 
  • l’extension et la modernisation des installations et équipements de transport et de distribution. 

Un secteur industriel quasi inexistant 

Quant au secteur industriel guinéen, il est caractérisé par une conjonction de difficultés conduisant souvent à une cascade de fermetures d’entreprises. 

Et il s’y ajoute une production insuffisamment compétitive, une faiblesse dans le système de promotion et de l’innovation technologique et le coût élevé des facteurs de production notamment l’énergie.

Là aussi, il y’a lieu de proposer une politique industrielle de développement qui repose entre autres sur : 

  • une politique de relance des activités industrielles dans des conditions assurant une plus grande compétitivité et la possibilité de reconquérir des marchés extérieurs ; 
  • le renouvellement des outils et parcs industriels ; 
  • le développement des services financiers de qualité capables de mobiliser les ressources financières nécessaires pour accroître la demande de capitaux d’investissements dans ce secteur en particulier. 

Nous sommes loin de ces objectifs 

Après plus de trois ans de transition politique trompe l’œil, le bilan malgré la mise en place d’une machine de propagande et d’une démagogie toute boueuse, sur fond d’une campagne de confiscation du pouvoir par Mamadi Doumbouya, nous sommes loin d’un tel bilan. 

Le bilan du pouvoir militaire reste plutôt marqué par des bras-de-fer diplomatiques, surdité politique, dialogue social non inclusif, des déclarations tonitruantes, sanctions peu importantes, des arrestations d’anciens dignitaires, récupération des biens de l’État timodes, lutte contre la corruption organisée selective, mise à la retraite des fonctionnaires, la question de la durée de la transition, décret de nomination sans fin, scandales financiers inédits, panoplies de mouvements de soutien au Général Doumbouya, récompense des petits monstres des réseaux sociaux, démystification de l’État, restrictions des libertés individuelles, des médias, une transition politique trompe l’œil. 

En tout en trois ans, l’actualité aura été particulièrement dense en Guinée. 

Suffisamment pour permettre de dresser un bilan d’un pouvoir militaire sur fond d’un processus de démocratisation bloqué.

Certes, nous savons que les efforts à faire et les sacrifices à consentir  pour une période de transition peuvent paraître abyssaux, mais comme vous avez dès le début voulu imposer aux Guinéens une transition aux allures de mandat. 

Et c’est avec une ferme détermination à la mesure de ce périmètre que l’on peut déjà circonscrire par la déclinaison des divers supports  qui en constituent l’ossature. 

Une chose est certaine, on aurait pourtant voulu à la fin de cette énième transition politique, un bilan solide qui allait permettre à ce pays de mettre fin à ce cycle d’instabilité politique et de déséquilibre économique, de violence,  d’impunité, d’inégalité et d’injustice. 

Mais hélas! 

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